JOHN WAXXX / 2017 EUROPACORP – CHEZ FÉLIX – FRANCE 2 CINÉMA

CINÉMA – Un prêtre, un rabbin et un imam qui chantent à l’unisson sur les plus grandes scènes parisiennes. On dirait le début d’une blague.

Mais c’est le scénario du film « Coexister » diffusé le vendredi 17 août à 21 heures sur la chaîne Canal +. La comédie de Fabrice Eboué raconte l’aventure sulfureuse de trois religieux destinés à devenir des stars de l’industrie musicale.

Fabrice Eboué incarne le patron d’une petite boite de production, Nicolas Lejeune, qui doit trouver un moyen de remplir l’Olympia en six mois, sous peine d’être remplacé. Aidé de son assistante (Audrey Lamy), il décide de miser sur ce groupe inter-religieux pour le mener à la gloire. Mais rien n’est moins facile que de rassembler les représentants de trois religions dont les histoires s’opposent, parfois jusqu’au conflit.

La comédie met surtout en scène les frasques de ces religieux, joués par Guillaume De TonquédecRamzy Bedia et Jonathan Cohen. Trois hommes de foi plongés dans le bain de la célébrité, des groupies et du show-business, ce qui met à l’épreuve leur vocation.

Ce quotidien, Jean-Michel Bardet l’a bien connu. Contacté par Le HuffPost, cet ancien membre du célèbre groupe « Les Prêtres » est revenu sur son expérience de la célébrité, confiant qu’il a lui aussi pensé à rassembler les trois religions au sein d’un même groupe.

« J’ai souvent relevé cette idée de lancer un projet comme celui-ci, avec une approche interreligieuse. C’est un projet qui aurait volontiers sa place dans la période qui est la nôtre. C’est pour ça que j’irai voir le film, même si je sais que c’est une comédie et que ça va être caricaturé… Je pense toujours que le projet est pertinent. On pourrait jouer sur une complémentarité et s’enrichir des styles musicaux de chacun. »

En tout cas, contrairement aux religieux du film, le prêtre a plutôt très bien vécu son succès soudain:

« C’était un réel plaisir de monter sur scène, de partager ce moment avec les gens venus nous voir. On ressentait une forme d’exaltation à chanter devant eux, la musique nous portait. »

Ce religieux de 52 ans et ses trois acolytes, le père Charles TroeschJoseph Dinh Nguyen Nguyen et l’ancien évêque, Jean-Michel Di Falco Léandri ont parcouru les quatre coins du monde en tournée (la Corée du Sud, le Canada ou encore Madagascar). Ils ont vendu 2 millions d’albums et chanté devant près de 500.000 personnes.

Mais cela ne les a pas détourné de leur mission. Pour Jean-Michel Bardet, « musique et religion ne sont pas antinomiques ». Après un premier album« Spiritus Dei » en 2010, ce qui devait être une petite expérience s’est transformé en quatre années de shows. Même quand le groupe était au sommet, Les Prêtres ne consacraient qu’une semaine par mois à l’enregistrement de leurs chansons, à la promo et aux concerts. Le reste du temps, ils le passaient près de leurs paroissiens dans leur diocèse.

C’est cet équilibre qui leur a permis de garder les pieds sur terre comme l’explique Monseigneur Jean-Michel di Falco Léandri. C’est lui qui est à l’origine du groupe après que l’idée lui a été soufflée par Didier Barbelivien.

« On ne s’est jamais pris au sérieux. On savait que cette aventure ne serait que transitoire et qu’elle finirait un jour. On n’a jamais eu l’impression que ça pouvait nous éloigner de notre foi ni de notre vocation. Au contraire, ça nous a renforcé dans notre mission car on s’est rendu compte qu’on allait à la rencontre des gens et que ça leur apportait beaucoup. »

Le groupe a ainsi enchaîné les albums, « Gloria », « Amen », une compilation, reversant tous leurs bénéfices à l’association humanitaire « Spirale » qui monte des projets éducatifs à Madagascar.

 

Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à mixer musique et religion. En 2014, la version italienne de « The Voice » a été remportée par Sœur Cristina et la religieuse a connu un succès retentissant.

Surnommée la « singing nun » (la nonne qui chante), elle a sorti un premier single, une reprise de « Like a Virgin » le célèbre tube de Madonna. En avril dernier, en Ukraine, c’est un archiprêtre orthodoxe, Alexander Klimenko, qui a remporté la finale du célèbre télé-crochet.

Tous ont leurs fans qui les acclament. Une réalité dont le film « Coexister » se moque, notamment dans une scène où on voit Audrey Lamy insulter copieusement une fan qui s’est approchée trop près du prêtre de la troupe…

Et si le film se plait à tourner en dérision certains aspects de la religion, on ne peut s’empêcher, en lisant le titre, de penser au slogan « CoexisT » apparu sur les murs de France à la suite des attentats de Charlie Hebdo.

Ce tag, qu’on doit à l’artiste polonais Piotr Mlodozeniec rassemble, en dessin, les symboles du christianisme, de l’islam et du judaïsme. Il a été repris par le street artist Combo.

 

 Le HuffPost

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