Effet de mode ou pas, à peine lancée, l’application mobile de streaming vidéo Meerkat suscite l’engouement de la classe politique américaine, qui semble à la fois craindre et miser sur son potentiel électoral.

Le microcosme de Washington était prêt vendredi à 9h45 (13H45 GMT) quand la journaliste Kasie Hunt, de la chaîne MSNBC, a commencé à interroger en direct, via Meerkat, Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama – pour « l’histoire », a-t-il plaisanté. Pas de lourde caméra, pas de preneur de son: la journaliste appuyait elle-même sur le bouton de son iPhone, installé sur un mini-trépied sur un bureau.

Meerkat, téléchargeable dans l’App store d’Apple depuis février, n’est pas la première application mobile de streaming. Ustream est populaire depuis des années, notamment pour filmer des manifestations. Mais les créateurs de Meerkat ont réussi un spectaculaire lancement au récent festival South by Southwest à Austin (Texas), séduisant par le bouche-à-oreille des hordes de journalistes et politiques.

Il faut installer l’application, puis la lier à son compte Twitter. Ensuite, l’utilisateur peut filmer et diffuser en direct sur internet avec un seul bouton, sans manoeuvre complexe, sans « cloud », sans rien avoir à télécharger. L’intérêt semble être dans la simplicité d’utilisation.

Josh Earnest n’a pas dit si la Maison Blanche avait déterminé quel serait le moyen le plus efficace d’utiliser Meerkat, dont l’impact réel reste à prouver – la liste des applications miracles ayant périclité est longue, Twitter pourrait lancer son propre service concurrent, et les bugs techniques de Meerkat sont fréquents.

Mais les communicants du président sont très intéressés, tout comme ils sont devenus d’habiles utilisateurs de Twitter, Instagram et Snapchat.
« Il y a encore quelques élections, les candidats essayaient d’attirer l’attention des médias comme NBC et le New York Times pour obtenir un bon article. Désormais, la façon d’attirer leur attention, de diffuser notre message et de communiquer avec les Américains est très différente », a-t-il dit vendredi. Son interview a été suivie par 346 utilisateurs. Il y a des risques: « n’importe qui peut se transformer en caméraman en direct », note Josh Earnest, avec ce qu’on imagine être un peu d’angoisse. Les invités aux réceptions privées de levée de fonds sont déjà priés de déposer leurs portables à l’entrée, rappelle-t-il.
« Ça ne réussira pas à chaque fois, mais cela présente suffisamment d’avantages pour que ça vaille le risque », conclut-il.

Des candidats à la présidentielle de 2016 se sont précipités sur l’app. Jeb Bush, candidat officieux à l’investiture républicaine, a diffusé jeudi un discours à Atlanta via Meerkat. Par défaut, l’application envoie un tweet avec la mention [Live Now], « en direct en ce moment ».

Autre prétendant quasi déclaré à la présidentielle, le sénateur Rand Paul, l’un des républicains les plus actifs sur les réseaux sociaux, a testé Meerkat à South by Southwest pour filmer des démonstrations d’impression 3D et de drone. Son porte-parole Sergio Gor promet que cela continuera.

Mais pour diffuser quoi?
« La diffusion en direct de contenus comme des discours ou des moments en coulisses serait l’une des façons d’avoir le plus d’impact », dit par email à l’AFP Vincent Harris, le stratège numérique de Rand Paul.
« Tout ce qui fait que les gens se sentent privilégiés ou plus proches du candidat. »
Pour le consultant, les réseaux sociaux sont un moyen de multiplier les liens entre une campagne et les sympathisants – dans le but d’une plus forte mobilisation. « Mais il faut qu’elle atteigne un certain seuil, et je ne suis pas sûr qu’on y soit », dit-il.

Les enthousiastes de Meerkat ne manquent pas. L’ancien proche conseiller de Barack Obama Dan Pfeiffer a prédit dans une tribune dithyrambique que Meerkat ou une app similaire allait « changer l’élection de 2016 pour chaque campagne, journaliste et électeur ».

Chaque moment d’un candidat pourra être visible par n’importe qui sur son smartphone, écrit-il sur le site medium.com. Et surtout, prédit-il, « le moment 47% de cette année aura lieu dans une vidéo en direct », une référence à une vidéo volée en 2012 du candidat républicain Mitt Romney, qui avait qualifié d’assistés 47% des Américains. La vidéo avait eu un impact considérable sur son image.

l’OLJ

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