A la yéshiva de Bussières, sept mises en examen pour « violences aggravées ».

Parmi les mis en examen, un rabbin âgé de 75 ans, le directeur de 48 ans de l’établissement de Seine-et-Marne, un référent de 32 ans et d’autres membres de l’encadrement et de l’équipe enseignante.

Le directeur, un rabbin, un “super-surveillant”… Sept membres d’une communauté juive ultra-orthodoxe gérant une école talmudique à 60 km de Paris ont été mis en examen pour “violences aggravées”, soupçonnés de maltraitance envers des élèves mineurs, a-t-on appris ce samedi 5 février auprès du parquet du Meaux.

Ils ont été mis en examen vendredi soir -et placés sous contrôle judiciaire- notamment pour “violences volontaires sur personnes vulnérables”, “abus de la vulnérabilité d’une personne placée en situation de sujétion psychologique” ou encore “conditions d’hébergement contraires à la dignité”.

Située depuis 1948 à Bussières, un village de 500 habitants en Seine-et-Marne, la yeshiva Beth Yossef, réputée pour ses méthodes strictes, accueillait une soixantaine d’élèves “décrits comme étant des enfants difficiles”, avait précisé vendredi la procureure de Meaux Laureline Peyreffite.

Âgés de 13 à 18 ans, les élèves étaient en majorité israéliens mais aussi de nationalités américaine, belge, roumaine ou irlandaise, “non déclarés scolarisés”, selon la magistrate.

Actes de violences physiques et psychologiques.

Parmi les mis en examen, on compte un rabbin âgé de 75 ans – figure spirituelle de la yeshiva – ainsi que le directeur de l’établissement âgé de 48 ans, un référent de 32 ans et d’autres membres de l’encadrement et de l’équipe enseignante.

Ils “ont globalement nié les faits même si certains ont pu décrire des actes comme des claques et des coups”, avait expliqué vendredi à la presse la procureure. Certains élèves “ont pu confirmer, sans toujours les critiquer, des actes de violences physiques et psychologiques”, a-t-elle ajouté.

Dans leurs auditions, des élèves ont dit avoir reçu des coups et gifles de la part d’un “super-surveillant” et d’“un référent”. Ce référent, lui-même ancien élève de la yeshiva, arrivé d’Israël à 16 ans, réside depuis dans le domaine où il s’est marié et a fondé sa famille. Il est accusé d’avoir porté des coups aux enfants, notamment en cas de tentative de fugue. “Il conteste les faits qui lui sont reprochés”, a réagi auprès de l’AFP son avocate, Me Andrea Assor.

La procureure avait expliqué vendredi que les élèves étaient, “d’après leurs déclarations, totalement isolés du monde extérieur à l’exception d’un contact téléphonique avec leurs parents sous autorisation” et que “leur passeport était confisqué”. Ils vivaient “dans des conditions de logement insalubres”, hébergés dans l’ancien sanatorium délabré du domaine de Séricourt.

Fugues

Alors que le parquet avait requis la mise en examen pour “séquestration en bande organisée”, les sept ont été placés sous le statut de “témoin assisté” pour ce chef, a précisé samedi la procureure de Meaux Laureline Peyreffite.

Les avocats de l’établissement, Philippe Ohayon et Dan Mimran, se sont félicités que la qualification criminelle de séquestration n’ait “pas été retenue”. Cela “invalide la thèse des dérives sectaires et enlève toute crédibilité à l’opération quasi militaire menée contre cette yeshiva”, a déclaré à l’AFP Me Ohayon.

Lundi, 17 membres de la communauté avaient été placés en garde à vue lors d’une opération qui a mobilisé 130 gendarmes. L’enquête sur la yeshiva fait suite à la fugue d’un élève américain en juillet 2020, qui avait trouvé refuge à l’ambassade des États-Unis à Paris. À sa suite, deux autres élèves s’étaient échappés.

L’établissement a entre autres fait l’objet de “divers signalements préoccupants, dont un émanant de la Miviludes” (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), d’après la procureure.

“Le délai entre le signalement et l’interpellation nous amène à nous interroger sur l’extrême urgence décrite par le procureur dans son communiqué. Si c’est si urgent, on n’attend pas sept mois, c’est impensable”, a tancé Me Benouaiche, avocat du rabbin.

Dans un témoignage recueilli cette semaine par l’AFP, Avi Ran a relaté être arrivé d’Israël à 12 ans pour entrer dans cette école, en 2002. Il y a passé 12 années, victime d’un “lavage de cerveau” de la part d’une institution qui, pour lui, était “une secte à tous points de vue”, avec des “coups physiques” administrés comme “châtiments”. Des élèves ont été remis ce weekend à leurs parents. Les autres restent pris en charge par l’aide sociale à l’enfance du  département, en lien avec la Croix-Rouge.

Témoignages

Un petit appareil photo numérique comme seule arme pour témoigner et raconter à leurs proches l’enfer d’un pensionnat. Les images prises par ces jeunes étudiants israéliens et visionnées par les gendarmes de la section de recherches de Paris dans le cadre de leur enquête sur une école juive de Bussières (Seine-et-Marne) montrent des murs rongés par l’humidité, des toilettes dans un état déplorable…

C’est dans ces conditions insalubres qu’étaient hébergés une soixantaine d’adolescents et de jeunes adultes – principalement originaires des États-Unis et d’Israël – venus étudier au sein de la yeshiva Beth Yossef, installée dans un ancien sanatorium. Un bâtiment qui avait été officiellement fermé au public depuis 2015 et « qui n’aurait jamais dû accueillir ces enfants », selon Laureline Peyrefitte, la procureure de la République de Meaux. Un expert indépendant envoyé sur place ces derniers jours a d’ailleurs jugé que les lieux faisaient courir « un danger grave et imminent pour la santé de ses occupants ».

Des gifles aux élèves récalcitrants.

Initiée début juillet 2021 après la fugue vers l’ambassade américaine d’un élève scolarisé à Bussières, l’enquête avait été jugée prioritaire après le signalement de la Miviludes le 12 juillet. Une dizaine d’anciens élèves avait dénoncé à l’organisme « des manipulations de type sectaire ainsi que des mauvais traitements ». L’enseignement rigoriste prôné par la yeshiva visait, selon les investigations, à couper les enfants du monde extérieur – et même de leurs parents – en les privant de leur téléphone ou de leur passeport. Une éducation extrême qui s’accompagnait parfois de violences…

Mais l’enquête ne va pas s’arrêter là. Les investigations vont désormais se pencher sur les comptes de cette yeshiva. Lors des perquisitions, les gendarmes ont découvert plus de 430 000 euros en liquide et 1,3 million d’euros ont aussi été saisis sur des comptes en banque liés à l’établissement. De l’argent qui ne servait visiblement pas à entretenir les bâtiments.

Bussièeres : « la partie émergée de l’iceberg ».

Beaucoup d’écoles juives, au seul prétexte du respect des règles de la Thora, ont un comportement similaire. Ainsi des enfants étudient dans des locaux inappropriés pour un enseignement de qualité, avec des enseignants qui n’ont pas les qualifications requises et qui pensent enseigner avec rigueur la Thora, alors que les élèves ne maitrisent ni les textes, ni la grammaire , ni le vocabulaire hébraïque. Leur seul et unique objectif étant une application de la halakha, avec un rejet obsessionnel de la société notamment de la télévision.

Les histoires de rabbis, – qui n’ont souvent ni queue ni tête – font une grande place aux bons sentiments – tout en colportant des erreurs graves, par rapport à la rigueur de la pensée rabbinique – sont le moteur de l’endoctrinement. Les mêmes critiques que l’on peut faire, des fois aux islamistes seraient faisables à ce courant de pensée. Un grand nombre de parents, qui veulent vivre leur judaïsme par procuration, pensent donner une éducation juive à leurs enfants qu’eux-mêmes n’ont pas reçu. Ils  acceptent du même coup des conditions d’étude rétrogrades. Il existe ainsi des écoles « sauvages orthodoxes », que l’on ne citera ici , qui ne regarde pas toujours l’intérêt des enfants. Certains sont poussés vers la yeshiva et sont écartés des études longues alors qu’ils en auraient la capacité.

Il serait nécessaire que les institutions communautaires – qui se prétendent représentatives – fassent en ce domaine,- qui est le creuset de la communauté- le travail qui est le leur, et que l’on mette fin à une forme certaine de charlatanisme.

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Avigail

Un scandale !!!!! Une honte!!!!

Georges Kabi

Cette histoire de Bussieres ne fait qu’illustrer la methode pedagogique utilisee par toutes les yeshivot dans le monde entier. L’actuel Premier Ministre israelie, religieux, s’est vu poser la question si il avait l’intention d’envoyer ses 2 fils a la Yeshiva. Sa reponse: Grand Dieu non. (enhbreu ‘has ve’Halila).
Je n’ai pas freuente ce monde ultra-orhodoxe bien que la majorite de ma famille maternelle en fait partie. Mais j’ai suivi pendant qurlques mois, 2 fois par semaine, les cours de Judaisme fournis par un Talmud Thora situe a l’epoque rue Doudeauville – Paris 18. Les coups pleuvaient aussi. Enerve, j’ai saisi un jour, le baton du « maitre » et je le brisais en 2. Je fus naturellement renvoye. J’ai etudie deux ans a Lucien de Hirsch, rien de comparable. Bref, j’ai l’impression que l’enseignement juif en France est une grande pagaille. Il faudra revoir tout cela, les parents devant payer des sommes faramineuses pour l’education de leurs enfants (j’ai frequente les ecoles d’Etat jusqu’au bacc compris, mais c’etait l’ancien temps).

Merci

Racjfucker @ quel rapport Auchan et carrefour avec le sujet ? Lisez bien merci

djindji

Pas beau et pas de quoi être fier….

Charles DALGER

Contrairement à des décisions impliquant la vie publique, il s’agit ici d’une triste histoire de droit commun. Ceci dit, les commentaires ne sont pas neutres. Mais quand une chose est pourrie, elle est pourrie.

Ma remarque : – plusieurs grands maîtres de la Torah, vivant notamment en Israël, se moquent ouvertement des rats de yeshiva, dont au premier regard, on voit bien qu’ils ont « le yirat Hachem » sur le visage…

Ratfucker

@Merci: si on a le droit de voler chez Auchan, on a le droit de voler chez Carrefour?

Match ly

J’entend pas le grand Rabbin,ni le CRIF d’ailleurs , sur ce sujet ,par contre juger Zemmour ,ça ils savent le faire !

Myriam

Et qu’en est-il des parents ? Ils ne s’informaient pas du bien-être de leurs enfants??

Merci

Amos les inspections françaises du réseau scolaire ne sont pas compétents pour les écoles du judaïsme, quand on a vu comment ils gèrent les écoles publiques et ne protègent pas les élèves ni les profs et comment et arrivé le drame de Mr Paty, donc ils n’ont aucune leçon à donner en tout cas aux institutions juives , ce qui est arrivé est faux , ils en font un drame car un élève ne voulait pas étudier et a préféré fuguer tout en calomniant ….

Shlomo Khalifa

l’Histoire de la yeshiva de Bussière est scandaleuse !!
Les sanctions à l’égard des responsables de maltraitance envers les « étudiants » devraient être exemplaires.

Amos Zot

Il faut au moins une inspection scolaire d’un organisme de la communauté pour toutes les écoles juives .