Guerre en Ukraine : seul sur scène, Biden prêt à réveiller l’ONU.

Ni Vladimir Poutine ni Xi Jinping ne participent à l’Assemblée générale de l’ONU cette année. Le président américain veut en profiter pour rassembler derrière l’étendard pro-Ukraine.

En retard de trois jours pour cause de funérailles royales en Angleterre, Joe Biden est attendu en majesté à l’assemblée générale des Nations unies, ce mercredi 21 septembre. D’ordinaire, c’est le président américain qui ouvre les festivités de ce rassemblement annuel des chefs d’Etat du monde entier, à New York. Cette année, il a fallu patienter pour connaître ce discours, potentiellement décisif pour l’avenir de l’Ukraine.

Il y a un an, Biden avait clamé son slogan « America is back » à la tribune de l’ONU – « l’Amérique est de retour » – sans convaincre grand monde, un mois à peine après le retrait chaotique d’Afghanistan. Cette année, la guerre en Ukraine a permis à Washington de prouver son soutien aux valeurs démocratiques et de signer son grand retour sur la scène internationale. « Chaque année, les discours de l’assemblée générale sont cruciaux, tant ils révèlent la stratégie globale des pays et l’influence qu’ils peuvent exercer sur les autres, souligne Richard Caplan, professeur de relations internationales à Oxford et spécialiste de l’ONU. Tous les regards, et pas uniquement celui de Biden, seront tournés vers l’Ukraine cette semaine : l’agression russe constitue une attaque contre les principes fondamentaux des Nations unies et menace un ordre international basé sur des règles. »

Pour la Russie, le vent tourne aussi sur la scène internationale

Attendu, le président américain va devoir convaincre les nombreux pays indécis sur le dossier ukrainien, d’autant qu’il se trouve presque seul sur scène. Vladimir Poutine et Xi Jinping snobent l’assemblée générale, tout comme l’Indien Narendra Modi. Ces trois hommes se sont en revanche concertés la semaine passée, lors d’un sommet alternatif en Ouzbékistan. Mais ces rencontres ne signifient pas pour autant que la Russie a le vent dans le dos sur la scène internationale.

Lors d’un vote surprise, une très large majorité des pays de l’ONU ont accordé une dérogation à Volodymyr Zelensky pour que le président ukrainien puisse prendre la parole en vidéo devant l’assemblée. Seuls six Etats, en plus de la Russie, ont refusé : la Biélorussie, la Syrie, la Corée du Nord, l’Erythrée, Cuba et le Nicaragua. « Biden a l’occasion de rallier un soutien international encore plus large pour l’Ukraine, estime Richard Caplan. Une dynamique particulièrement intéressante s’est développée ces derniers jours : certes, Xi et Modi ont rencontré Poutine, mais ils se montrent bien plus prudents, voire prudemment critiques, vis-à-vis de la Russie. »

Cette retenue des « partenaires » de Poutine et le recul des forces russes sur le terrain semblent prouver la pertinence de l’approche américaine dans le dossier ukrainien : dénoncer l’invasion en amont, puis aider économiquement et militairement l’Ukraine, notamment en fournissant des armes de pointe et en formant les soldats ukrainiens. Sur le terrain diplomatique aussi, les Etats-Unis ont montré leur constance, en communiquant massivement sur les plans russes avant l’invasion puis en montrant un soutien sans faille aux valeurs démocratiques de Kiev.

En coulisses, Washington a aussi utilisé les instruments moins visibles de l’ONU pour gagner les esprits et mettre Moscou sur la défensive, notamment avec des votes au Conseil des droits de l’homme ou au Conseil de sécurité. « Aux yeux de beaucoup, l’ONU apparaît de plus en plus insignifiante, pointe Richard Caplan. Biden a l’opportunité de muscler le soutien aux Nations unies et de prouver que cette institution a été utile pour éviter davantage de souffrances aux Ukrainiens. Même le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’a montré aucune ambiguïté au moment de dénoncer l’agression russe, ce qui n’avait pas été le cas de Kofi Annan en 2003 au moment de la guerre en Irak, lancée par un autre membre permanent du Conseil de sécurité. »

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Merci

Jamais entendu ou lu que la Russie a voulu livrer du nucléaire à l’Égypte en 73 , d’où vient cette source ? Le nucléaire ne se donne pas , sinon les iraniens l’auraient déjà eu, Poutine est enclin à reculer il perd sa guerre perso , croyant que l’armée russe était plus forte , Poutine est foutu il sera remplacé plus vite qu’il le croit

Asher Cohen

@Merci
Vous gagneriez à vous instruire un peu avant d’affirmer, de manière péremptoire, que le nucléaire ne se donnerait pas.

Si on comptabilisait toutes les bombes atomiques ‘perdues’, disparues, volées, des arsenaux américains ou russes, on commencerait à s’ inquiéter un peu. Le nucléaire ne se donne pas mais en 1954 les français pensaient l’inverse quand, incapables à Diem Bien Phu de battre Giap par les moyens conventionnels, ils mendiaient la bombe atomique au grand frère américain. Le nucléaire ne se donne pas, mais après 1956, le transfert de technologie du Projet Manhattan en France, par l’intermédiaire des Juifs, n’ aurait pas été possible sans l’ accord américain. Le nucléaire ne se donne pas, mais les bombes que les français ‘testaient’ dans le Sahara, en 1960-61, en présence de l’ Armée US, étaient de conception et fabrication américaine. Le nucléaire ne se donne pas, mais Kadhafi a proposé à l’ Inde, 100 millions de dollars pour la bombe atomique.

La guerre du Kippur d’octobre 1973 a été, du début à la fin, sous tendue par la menace nucléaire en filigrane. Dès le début, Golda Meir a clairement affiché la mise d’ Israël en alerte nucléaire, afin que les satellites d’ observation le constatent. Abba Eban a menacé Kissinger de frappes nucléaires sur les capitales arabes s’il ne déclenchait pas le pont aérien de l’ Opération Nickel Grass. Et à la fin, c’est l’alerte nucléaire de Nixon, déclenchée parce que les russes livraient des bombes nucléaires à l’ Égypte, qui a finalement décidé Golda Meir à accepter le cesser-le-feu. Des agents du renseignement américain avaient détecté de la radioactivité en Mer Noire, sur les navires russes livrant de l’armement à l’ Égypte. L’information a atterri sur le bureau de Nixon qui a déclenché l’alerte nucléaire mondiale. Lors d’une émission TV de l’époque, les russes ont prétendu que les ogives nucléaires étaient restées dans les cales des navires, et n’avaient jamais été débarquées dans le port d’ Alexandrie. En Réalité, ils se sont écrasés après l’alerte parce qu’ils étaient coupables de prolifération nucléaire manifeste.

Le nucléaire ne se donne pas, mais curieusement on a attrapé des marines américains qui avaient ajouté, par ‘erreur’ 3 bombes nucléaires dans une livraison d’armes pour l’ Ukraine. Combien d’ erreurs non détectées actuellement?

Il y a des chances que l’ Iran ait déjà reçu des ogives nucléaires d’un pays non signataire du traité de non prolifération.

On notera qu’actuellement, malgré les menaces répétées de Poutine, Biden ne déclenche pas d’alerte nucléaire.

Enfin, l’ élimination de Poutine ne changera pas grand chose, pas plus d’ailleurs que la libération totale de l’ Ukraine. Il y a actuellement une guerre entre la Russie et les États-Unis dont l’objectif est d’ obtenir l’ effondrement de la Fédération de Russie, et ce ne sera qu’une fois cet objectif atteint que la guerre prendra fin.

Asher Cohen

C’est l’art du politicien d’avoir une stratégie difficile, voire impossible, à comprendre.

On peut penser que Biden a pour objectif l’ effondrement de la Fédération de Russie, sa fragmentation en 3-4 états et sa démilitarisation, afin de se retrouver seul face à la Chine.
Mais d’un autre côté, tout en répétant constamment son soutien à l’ Ukraine, il ne lui livre de l’armement que graduellement, et n’a toujours pas établi l’ équilibre des forces en présence. Il a d’ abord livré des missiles manpad, ( Stinger, Javeline ), des drones, puis des canons Himars et peut-être des chars Abrams. Mais, il n’a toujours pas décidé de livrer de la défense antimissile suffisante pour protéger les civils ukrainiens, ni des missiles à longue portée pour frapper le territoire russe en contre-attaque, ni des avions F16. On peut donc demander pourquoi il agit ainsi, alors que les missiles russes continuent à massacrer des civils ukrainiens? Aurait-il peur des russes? Ou bien a-t-il intérêt à ce que la guerre dure pour affaiblir ainsi la Russie au maximum?

Les russes jouent de la menace nucléaire, semblent intimider l’ Europe et les EU, et dictent manifestement leur loi à l’ Occident.

Prenons un cas similaire de confrontation Russie-États-Unis. En octobre 1973, Israël est en guerre contre la Syrie et l’ Égypte. Les russes livrent massivement de l’armement à leurs alliés arabes, même nucléaire, comme les Américains à Israël dans le cadre de l’ Opération Nickel Grass. Quand l’Égypte et la Syrie se sont retrouvées submergées, les russes ont menacé d’intervenir directement sur les champs de batailles. N’était-ce pas là clairement de la cobelligérance?

Actuellement, Biden se borne à livrer un peu d’ armement à l’ Ukraine, seulement une vingtaine d’ Himars par exemple. Il fournit des renseignements satellitaires, de la formation des troupes, et il est probable que certaines stratégies ukrainiennes soient élaborées dans des universités américaines ou au Pentagone. Mais il ne rétablît pas l’équilibre des forces en présence, puisque les russes réussissent à tuer des civils avec des missiles de croisière, sans craindre d’ être frappés en retour sur leur propre territoire. C’est du tout bénéfice pour eux, et bien la preuve qu’ils ont réussi à intimider le Monde.

Biden n’a jamais menacé d’intervenir directement en Ukraine, comme l’ avaient fait les russes en 1973 pour Israël. Il n’y a donc pas cobelligérance américaine ici. Par contre, la Corée du Nord envoyant 100.000 soldats est clairement cobelligérante de la Russie. Quelle est d’ailleurs le statut de l’ Iran qui livre des drones à la Russie? Serait-elle aussi cobelligérante dans cette guerre? En d’autres termes, Poutine ne veut pas que les pays occidentaux livrent des armes à l’ Ukraine, mais par contre il accepte parfaitement que d’autres soient clairement cobelligérants de la Russie dans cette guerre. Il définit le concept de cobelligérance subjectivement, comme cela l’arrange. Il aime bien avoir des adversaires faibles, et non une Ukraine capable de répliquer à ses frappes. N’est-ce pas de la lâcheté?

L’ attitude de Biden semble remplie de contradictions, mais l’art du stratège est de savoir manager l’ambiguïté et le paradoxe. Cherche-t-il à obtenir une coalition mondiale pour en finir avec la Russie? Il a des décennies d’expérience politique et donc sait parfaitement ce qu’il fait. En tous cas, son attitude est bien différente de celle de Nixon en 1973 qui voyant que les russes livraient du matériel nucléaire à l’ Égypte, n’a pas hésité à déclencher l’alerte nucléaire mondiale des B52. Attendons la suite des événements et nous verrons.