Autre effet Trump : l’UE investit à Ma’ale Adumim

En novembre 2020, le journal économique Calcalist a annoncé que 3 sociétés européennes étaient sur le point de soumissionner à l’appel d’offre pour la construction d’une usine israélienne (qui transformera des déchets en énergie) à proximité de Ma’alé Adumim. Autrement dit, 3 sociétés européennes vont investir dans une zone sur laquelle Israël dispose de la plénitude des prérogatives juridiques et administratives (en vertu des accords israélo-palestiniens de paix d’Oslo), mais que l’UE considère à tort, depuis 2004, comme faisant partie des « territoires palestiniens occupés». Il semblerait donc que le paradigme absurde sur ce point soit en cours de modification et que l’UE soit sour le point de se ranger à la doctrine nouvelle annoncée par Mike Pompeo (en novembre 2019), selon laquelle « l’administration de Donald Trump ne considère plus l’établissement d’implantations de civils israéliens en Cisjordanie comme contraire au droit international ».

La construction de cette usine de transformation de déchets est destinée à limiter le transfert des déchets vers les décharges, à augmenter le recyclage des déchets et à les transformer (à hauteur de 25%) en énergie. Implantée sur une surface de 5 hectares, l’usine traitera pas moins de 1500 tonnes de déchets par jour (comprenant, notamment, des déchets ménagers, électroniques et des sols pollués) générés par 1 millions de personnes (israéliennes et palestiniennes) dans un rayon de 40 km.

L’appel d’offre a été lancé en octobre 2019 par le comité interministériel des installations de traitement de déchets (dont le Ministère des Finances et de la protection de l’Environnement sont partenaires). L’usine sera installée à l’est du parc industriel de Mishor Adumim, près du site « du Bon Samaritain » (qui dépend de l’implantation de Ma’ale Adumim). Il s’agira de la principale installation de traitement des déchets de la région de Jérusalem qui comprendra, également, une installation de récupération des énergies contenues dans les déchets. Dès 2026, de l’énergie électrique sera ainsi produite dans des conditions de respect de l’environnement.

Ce qui est tout à fait surprenant, c’est la participation de l’UE à ce projet, eu égard à la situation géographique de l’usine, précisément située en zone C de Cisjordanie. En effet, l’UE a signé un accord de jumelage avec les pays voisins de l’UE qui garanti à Israël 1,5 million d’euros au cours des deux prochaines années pour soutenir la mise en œuvre, par le ministère de la Protection de l’environnement, de sa stratégie 2030. Au terme de cet accord, Israël doit créer un cadre juridique qui adopte les pratiques européennes pour un traitement durable des déchets. Or, et pour la première fois, l’UE a défini la création de l’usine de Ma’ale Adumim comme un objectif, et a présenté l’exploitation par Israël des terres de Cisjordanie, comme permettant de résoudre les problèmes environnementaux, contrairement à sa doctrine en vigueur depuis 2004. Mazal tov.

Désormais, et dans le cadre de la construction de cette usine, l’UE et Israël vont échanger connaissances et expériences en vue de l’exploitation de terres situées au-delà des « frontière dites de 1967 », qui n’étaient autre que les frontières séparant Israël et la Jordanie et qui ont cessé de l’être en 1988.

(Pour mémoire, la Jordanie a, le 31 juillet 1988, officiellement renoncé à la Cisjordanie qu’elle avait annexée en 1950. La Cisjordanie a, lors des accords de paix d’Oslo de 1993, fait l’objet d’un partage entre palestiniens et israéliens. Or, et pour des raisons inexpliquées, l’Onu a décidé, en 2004, de qualifier la Cisjordanie de « territoires palestiniens occupés ».)

La participation européenne à ce projet n’en reste pas moins étrange. En effet, le projet de jumelage précise que « toutes les actions financées par l’UE sont sujettes à la politique de l’UE dans le cadre de frontières israéliennes bien définies aux termes du droit international ». Autrement dit, l’UE ne considère plus l’exploitation d’une usine israélienne en Cisjordanie comme contraire au Droit international.

Autrement dit, il résulte de l’investissement européen dans cette zone, une conséquence immédiate : la construction de cette usine par Israël, (en partenariat avec des sociétés chinoises, japonaises, ou européennes) n’a rien d’illégal. Mieux, l’UE soutient le Ministère israélien de la Protection de l’environnement pour améliorer la gestion des déchets en Israël (appelé stratégie 2030) dans le cadre d’un projet de jumelage pour un budget s’élevant à 1,8 million de dollars US.

Sur le plan concurrentiel, le gagnant des 8 groupes en compétition (dans la phase finale) exploitera l’installation pendant 25 ans. Par ailleurs, les sociétés étrangères ne peuvent soumissioner que si que si elles disposent d’un partenaire local, en l’occurrence israélien, ce qui a conduit les grandes sociétés israéliennes d’infrastructure à former des partenariats entre elles ou avec d’autres sociétés notamment chinoises ou japonaises.

Parmi les sociétés européennes, figurent le géant allemand de l’ingénierie allemande Standardkessel Baumgarte, située à Duisburg, associé avec la société des Frères boursiers Yaakobi dans le fonds de capital « Israeli Generation ». De même, Hitachi Zosen Inova, installée en Suisse, a mis en place un partenariat avec la société israélienne « TMM Integrated Recycling Industries » (précédemment intégrée au groupe Véolia, qui gère actuellement la décharge Tovlan située en Cisjordanie). Enfin, la société italienne TM.E.S.P.A. Termomeccanica Ecologia, installée à Milan, est partenaire de la société israélienne « Shikun & Bini », qui est présente dans de nombreux projets concernant les implantations de Ma’ale Adumim et Har Homa.

L’UE semble donc changer de discours : elle ne pourra plus, dans le même temps, financer des installations israéliennes à Ma’alé Adumim et reprocher à Israël, de profiter « de sa puissance d’occupant pour transférer le traitement des déchets (y compris les déchets dangereux) et des eaux usées de son territoire souverain vers la Cisjordanie. De même, elle ne pourra plus claironner que « les palestiniens vivent en territoire occupé et qu’ils paieront le prix de ces dommages environnementaux… ».

Il s’agit bien évidemment, d’un nouvel effet de la politique du Président Donald Trump qui a déjà eu l’occasion de se positionner sur le principe de dévolution de la souveraineté à Israël des terres qu’il possède et contrôle, en vertu des accords de paix signés par les palestiniens avec Israël : le 6 décembre 2017, le président américain (en toute logique) reconnu Jérusalem comme étant la capitale de l’Etat d’Israël. Le 25 mars 2019, il a signé le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan. Dans ces deux cas, il n’a fait que consacrer une réalité géopolitique : comme Israël s’est vu confié 60 % du territoire de Cisjordanie, l’Etat juif ne saurait être regardé comme une puissance occupante du territoire palestinien.

Lorsque l’usine israélienne sera construite, il s’en suivra un bouleversement dans la conception internationale de la nature des terres situées en zone C de Cisjordanie : seront certainement abandonnées, la résolution 2334 de décembre 2016 qui exige d’Israël « qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem » mais aussi la décision de la CJUE du 12 novembre 2019 qui exige d’Israël qu’il appose la mention « colonies » sur les produits fabriqué en Cisjordanie.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Gebe

Beaucoup de bêtises sont dites dans cet article ; d’abord la Suisse ne fait pas partie de l’UE, ce qui élimine l’une de ces 3 sociétés ; puis, ces 3 sociétés sont des sociétés de droit privé, qui ont parfaitement le droit de soumissionner à un AO international, SANS L’AVAL DE L’UE.
Donc, tout ce développement n’a aucun sens et aucune valeur ; que des fantasmes !!

ixiane

C’est quand même bizarre … il n’y a pas anguille sous roche ???
Il faudra bien lire les contrats , qu’il n’y ait pas de phrase illisible pour les dits  » palestiniens » !!
L’ UE et surtout la France auraient – elles retrouvé une partie de sa raison ? il était temps , car cela fait des années que la Cour d’Appel de VERSAILLES a rendu son verdict suite à la plainte de l’AP concernant ALSTHOM et VEOLIA au sujet du TRAMWAY de JERUSALEM ! je rappelle ce VERDICT : la  » CISJORDANIE » appartient à l’ ETAT d’ ISRAEL , les palestiniens n’y ont aucun DROIT !!!