Ils se doutaient qu’elle ne viendrait pas. Mais au premier jour du procès du « groupe de Tarnac », notamment Julien Coupat et Yildune Levy, l’absence de Michèle Alliot-marie a été officialisée. Au grand dam des avocats de la défense.
Les premières minutes de l’audience étaient en effet consacrées à des questions d’organisation, notamment à la liste des témoins qui seront auditionnés, certains demandant à le faire anonymement. C’est à ce moment que la présidente du tribunal a fait savoir que l’ancienne ministre de l’Intérieur, désormais députée européenne, lui a écrit pour lui dire qu’elle « n’était pas disponible » pendant toute la durée du procès.
Citée seulement comme témoin, elle a parfaitement le droit de ne pas être présente. Ce sont les avocats de la défense qui réclamaient l’audition de Michèle Alliot-Marie.
Ils sollicitaient aussi celle de Bernard Squarcini, le patron de la DCRI qui venait d’être créée au moment de cette affaire de sabotage de lignes SNCF en région parisienne. Il n’était pas plus disponible. Idem pour Jean-Claude Marin alors procureur de la République de Paris, compétent pour une affaire de terrorisme; ou Thierry Fragoli, qui était le principal juge d’instruction au début de l’affaire.
La qualification terroriste a été abandonnée
En les faisant témoigner, ils espéraient accentuer les critiques contre l’instrumentalisation politique du dossier et l’utilisation de méthodes contestables de la part de la justice. Me Jeremy Assous, l’avocat de Julien Coupat a largement dénoncé cette attitude.
Interrogée lors des questions au gouvernement juste après l’opération des forces de l’ordre menée devant les caméras de télévision à Tarnac en Corrèze, Michèle Alliot-Marie salue alors l’interpellation de membres de « l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, en lien avec les sabotages ». Jean-Luc Marin embraye en décrivant « une cellule invisible » ayant pour objet « la lutte armée ».
Faute de preuves matérielles, l’enquête s’est enlisée et les neuf mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes sont remis en liberté, le dernier étant Julien Coupat après six mois de détention. Huit d’entre eux seront finalement renvoyés au tribunal. Surtout, la qualification terroriste a été abandonnée l’an passé sur décision de la Cour de cassation.