Une rescapée du 11-Septembre témoigne de sa vie «volée par les terroristes»

Un quart d’heure avant que le premier avion percute la tour nord du Wolrd Trade Center, Kayla Bergeron s’installe à son poste de travail, situé à une vingtaine d’étages du point d’impact.

Le 11 septembre 2001, les États-Unis sont durement frappés par le terrorisme. En quelques heures, la première puissance mondiale met un genou à terre après le détournement et le crash de plusieurs avions de ligne à New York, Washington et Shanksville. Les images des tours jumelles disparaissant du paysage en quelques secondes et du Pentagone éventré font le tour du monde et marquent durablement les esprits.

Ces attaques, d’une violence inouïe, font près de 3.000 morts et des milliers de blessés –sans compter le nombre de malades, essentiellement du cancer, qui s’accumule depuis: plus de 41.000 dossiers ont pour l’instant été jugés légitimes à recevoir une indemnisation, dont 2.131 concernant des personnes mortes, et 900 sont déposés chaque mois. Un grand nombre de celles et ceux ayant survécu à cette tragédie ont aussi développé des séquelles psychologiques très lourdes: dépressions, stress post-traumatique, pensées suicidaires. Kayla Bergeron, rescapée de la tour nord, en fait partie. À l’occasion des vingt ans des attentats, elle a accepté de revenir sur cette journée tragique et d’évoquer son combat contre la maladie.

«Nous avions une vue exceptionnelle sur la statue de la Liberté»

En septembre 2001, Kayla Bergeron est responsable des affaires publiques pour l’Autorité portuaire de New York, dont les bureaux se trouvent au cœur de Manhattan, dans le complexe du World Trade Center. Elle se rappelle une journée ensoleillée et une ville en pleine effervescence politique: «C’était le jour des primaires pour l’élection municipale à New York. J’ai commencé ma journée en allant voter. En sortant du bureau de vote, j’ai croisé le maire de l’époque, Rudy Giuliani et le candidat (et futur maire) Mike Bloomberg.» Kayla rejoint ensuite son lieu de travail. «J’ai pris la ligne 5 du métro en direction du centre-ville et je suis descendue à la station Fulton Street en plein cœur du quartier d’affaires. Je me souviens qu’en sortant dans la rue, j’ai admiré le ciel qui était d’un bleu éclatant. J’ai acheté mon café habituel, puis j’ai traversé la place du World Trade Center en direction de la tour nord pour rejoindre les locaux de mon entreprise. Ils se situaient au soixante-huitième étage. Nous avions une vue exceptionnelle sur la statue de la Liberté.»

Il est 8h46 lorsqu’un premier avion s’écrase sur la tour nord. Kayla Bergeron vient de s’installer à son poste de travail, situé à une vingtaine d’étages en dessous du point d’impact. «J’étais assise à mon bureau et je préparais une réunion qui devait avoir lieu autour de 9h quand le bâtiment a été percuté. La tour a fait une embardée vers l’avant de 3 mètres. J’ai très vite compris qu’un avion avait heurté le bâtiment, mais je pensais alors qu’il s’agissait d’un accident et non d’un attentat.»

Kayla Bergeron lors de l’évacuation de la tour nord du World Trade Center le 11 septembre 2001. | hannon Stapleton / Reuters

À 9h03, un deuxième avion frappe la tour sud. Kayla Bergeron aperçoit la scène depuis la fenêtre et attend l’arrivée des consignes. «À 9h30, un agent de sécurité est venu dans mon bureau et nous a dit qu’il fallait partir. Avant l’évacuation, j’ai parcouru le soixante-huitième étage afin d’être sûre que personne n’ait été oublié. Par chance, l’arrivée des employés de l’Autoriré portuaire de New York était toujours échelonnée et un certain nombre de mes collègues n’étaient pas encore présents au moment de l’attentat. Lorsque nous sommes entrés dans la cage d’escalier et avons commencé notre descente, j’ai constaté que l’évacuation était ordonnée, calme et professionnelle. Après l’attaque à la bombe au World Trade Center en 1993, notre employeur organisait régulièrement des exercices d’évacuation. Le personnel de l’Autorité portuaire de New York était donc plus ou moins préparé à cela.»

Des années de suivi médical

Au cours de la descente, une collaboratrice l’informe du caractère terroriste des événements. Au même moment, la tour sud s’effondre. Arrivée au sixième étage, Kayla Bergeron constate qu’une des portes est bloquée et commence à paniquer. Les lumières ne fonctionnent quasiment plus, ce qui rend l’orientation très difficile. Elle aperçoit finalement un policier qui lui indique le chemin à suivre et parvient à quitter le bâtiment. Son visage et ses vêtements sont couverts de poussière. À 10h28, quelques minutes après sa sortie, la tour nord disparaît elle aussi du paysage new-yorkais.

«Je fais partie de ceux que l’on appelle “les chanceux”, malgré le syndrome de stress post-traumatique que j’ai développé à la suite de ces attaques.» Kayla Bergeron, rescapée du 11-Septembre

Sous le choc, mais, soulagée d’être en vie, Kayla Bergeron ne mesure pas encore à quel point sa santé mentale vient d’être affectée. «Je fais partie de ceux que l’on appelle “les chanceux”, bien que ma vie ait été volée par les terroristes. J’ai développé un trouble de stress post-traumatique à la suite de ces attaques.» Depuis le diagnostic, elle est accompagnée pour surmonter ce traumatisme. «Grâce aux thérapies individuelles et de groupes, aux traitements et à un long programme de rétablissement, ma vie reprend son cours peu à peu. La thérapie assistée par le cheval a joué un rôle important dans mon rétablissement.»

Aujourd’hui, Kayla se mobilise pour aider celles et ceux qui luttent contre les dépendances à l’alcool et à la drogue. Elle tente aussi de sauver l’association Special Equestrians of Georgia: «Je collecte des fonds pour eux. Leur programme très spécial de thérapie est menacé par la crise sanitaire Covid-19, qui a causé d’importantes pertes de revenus. J’ai donc lancé un gofundme pour essayer d’aider l’organisme à se maintenir en vie. Vos lecteurs peuvent d’ailleurs participer à cette cagnotte s’ils le souhaitent.»

Depuis 2001, le 11 septembre est un jour très particulier pour cette survivante. «À cette date, quand je ne suis pas à New York, je fais une visioconférence avec mes anciens collaborateurs et collègues pour évoquer ce moment. Nous nous retrouvons toujours à 10h30. Cela m’aide beaucoup de converser avec ceux et celles qui ont vécu cette tragédie.»

Keyla Bergeron attend désormais la déclassification de documents relatifs aux attentats annoncée par Joe Biden en début de mois: «Je suis reconnaissante envers les responsables politiques qui ont pris cette décision. Espérons que les fichiers déclassifiés soient complets.» Cela faisait plusieurs années que les familles de victimes et les survivants réclamaient cette action. Beaucoup souhaitent faire la lumière sur le rôle de certains hauts responsables saoudiens dans ces attaques. Le ministère de la Justice a désormais six mois pour les publier.

De la fumée s’échappe des tours jumelles du World Trade Center, touchées par deux avions de ligne détournés lors d’une attaque terroriste le 11 septembre 2001 à New York. | Robert Giroux / Getty Images / AFP

 

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yacotito

Le probleme est : comment ces terroristes ont pu commettre un tel acte. Ces terroristes ont été formés à pilotage aux US. De la même façon, certains spécialistes nucléaires iraniens ont été formés aux US. Les terroristes utilisent notre naïveté contre nous, voilà le problème. de même en Afghanistan: les talibans ont récupéré les armes américaines et disposent maintenant une véritable armée.