Les sociologues suisses ont découvert que la propagande nazie avait été très efficace: la part des antisémites parmi les personnes âgées nées dans les années 1920-1930 est 2 à 3 fois supérieure à celle constatée chez les jeunes Allemands, selon un article de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les organes d’État et de parti allemands menaient une propagande active de haine raciale contre les Juifs, les Tziganes, les Slaves et autres nationalités « ennemies du Reich ». Le ministère de la propagande de Goebbels ne se limitait pas à la radio et à la presse, et publiait de nombreux livres et manuels scolaires pour justifier et argumenter les « raisons biologiques » de la politique d’Hitler.
Nico Voiglaender et son collègue Hans-Joachim Voth, de l’université de Zurich, ont décidé de découvrir s’il restait des traces de cette propagande nazie au sein de la société allemande contemporaine, et si oui, d’évaluer son efficacité.
Même constat parmi les citoyens ayant des sentiments anti-juifs modérés: les personnes âgées nées à l’époque du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) en nourrissent toujours plus que les enfants des années 1940 ou 1920.
Les succès de la propagande allemande, selon les sociologues, s’expliquent par le fait que l’antisémitisme ne s’est pas propagé sur du vide. Les chercheurs expliquent qu’en Allemagne, depuis l’unification du pays dans les années 1870, il existait déjà de forts sentiments antisémites et d’autres partis, hormis le NSDAP, les exploitaient. Le régime nazi n’a fait que les renforcer et leur a permis d’évoluer sans aucune restriction.
« l’antisémitisme est une menace pour la démocratie en Europe » (2013)