Il y a plus de 100 ans, le 7 novembre 1913, naissait Albert Camus qui a adopté vis-à-vis de Juifs et d’Israël une attitude exemplaire et courageuse qui mérite d’être soulignée.
« Contrairement à de nombreux « Pieds Noirs », Albert Camus a fait preuve d’un philosémitisme admirable tout au long de sa vie » De l’école pour enfants juifs à Oran au village des Justes au Chambon-sur-Lignon

 Il a eu de nombreux amis juifs notamment Liliane Choucroun qui lui a présenté celle qui est devenue sa femme. C’est un pneumologue juif, le docteur Henri Cohen qui l’a soigné après sa rechute de sa tuberculose (1) . Il a assuré à Oran, dès 1940 les fonctions d’enseignant au “ Cours Descartes créé par André Bénichou, père de Pierre Bénichou (2) .

Cet établissement privé accueillait des enfants juifs qui avaient été expulsés des écoles publiques françaises conformément aux dispositions abrogeant le décret Crémieux, le 7 octobre 1940. Albert Camus a du quitter en 1942 le climat humide du nord de l’Algérie pour se reposer à la « maison forte » du Panelier, à quatre kilomètres du Chambon-sur-Lignon, en Auvergne.

C’est là qu’il a rencontré un de ses vieux amis d’Algérie, André Chouraqui avec lequel il a eu de nombreuses discussions à propos de l’ouvrage qu’il écrivait: « La Peste (3) » . Est-ce un hasard si Camus a trouvé refuge au Chambon-sur-Lignon ? Ce petit village niché à 1000 mètres d’altitude, aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche a sauvé pendant la Seconde Guerre mondiale entre 3000 et 5000 Juifs, ce qui lui valut la récompense collective et exceptionnelle de “Juste”. La présence de cet homme exceptionnel dans un lieu aussi exceptionnel a une signification symbolique qui n’échappera à personne… L’exemplaire Israël qu’on veut détruire sous l’alibi de l’anticolonialisme
Mais surtout je voudrais rappeler l’exécration d’Albert Camus pour l’antisémitisme comme il l’a écrit dans Combat, 10 mai 1947, »On est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français, souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. Naturellement, ce Français a un ami juif qui, lui, du moins…

Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l’interlocuteur n’approuve pas ces façons, loin de là. Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu’ils ont tort de se soutenir les uns les autres, même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration. » Mais surtout avant que l’antisionisme ne fleurisse allègrement dans certains milieux intellectuels, Camus n’a pas hésité à évoquer « ses amis d’Israël » et surtout à rappeler « l’exemplaire Israël qu’on veut détruire sous l’alibi de l’anticolonialisme, mais dont nous devons défendre le droit de vivre, nous qui avons été les témoins du massacre de millions de juifs et qui trouvons juste et bon que les survivants créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner ou leur garder (4) ».

Dr Bruno Halioua, secrétaire général de l’AMIF (Association des Médecins Israélites de France)

1.Herbert R. Lottman, Albert Camus, Paris, Seuil, 1978, p 274

2. Jean Sénac, Ébauche du père, Gallimard, collection “ Blanche ”, Paris, 1989, p. 150
3. Raymond Terra. Le Bouclier de papier Publibook, 2008, p130

4. Albert Camus, Jacqueline Lévi-Valensi. Œuvres complètes 1957-1959. Gallimard, 2008 p

 

Additif

Arnold LagémiIl y a des amitiés sincères pour Israël qu’il importe toutefois de resituer dans leur contexte afin de prendre la mesure de tous les paramètres qui l’environnent et, qui parfois induisent des données contradictoires.
L’amitié d’Albert Camus pour l’Etat Juif, me paraît relever, par certains aspects, d’une antinomie. Aussi, à quelques jours de l’anniversaire de la mort de celui qui fut le champion de toutes les libertés et le lutteur infatigable qui voulut et sut redonner l’image de l’homme à ceux qui l’avaient perdue dans la servitude, je voudrais rappeler que ce pied noir, Prix Nobel de littérature, farouche défenseur du nationalisme algérien, et homme de gauche, fut aussi un intraitable avocat de …l’Etat d’Israël. Mais….

albert-camus


Dans une de ses interventions (lien ci après sur you tube) Albert Camus fait un diagnostic étonnamment convaincant en évoquant l’anti colonialisme, au nom duquel certains voulurent déjà anéantir le jeune Etat .Cet anti colonialisme plus commodément appelé antisionisme fera les ravages que l’on sait.

Je reviens au « mais ». Car le sionisme d’Albert Camus est entaché d’une certaine suspicion  dans la mesure où l’auteur de « La Peste » dit, à propos des survivants de la Shoah,  qu’il trouve « juste et bon que leurs fils créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner. »

 Evoquer le « don » de la terre d’Israël à ses fils, sous-tend que le sionisme s’admet, non sous le motif du droit mais du don. Il va sans dire que, vu sous cet angle l’octroi de la terre étant bien plus une aumône que la manifestation légitime de la restitution d’un territoire ravi depuis l’époque romaine, les nations y exercent implicitement un droit de contrôle. Défendre la thèse du don, c’est nier celle du droit ! Et un peuple qui occupe une terre sans droit équivaut à soutenir qu’il l’utilise, qu’il en bénéficie, sans titre !

 Aussi l’amitié réelle d’Albert Camus manifestée à la reconstruction de l’Etat d’Israël est-elle soumise à la condition suspensive qu’implique la jouissance d’un bien provenant de la charité des Nations. Cette thèse est inexacte et donc inacceptable.  Cette déclaration d’Albert Camus s’implique dans la conception générale du paternalisme occidental à l’égard du Renouveau d’Israël. Ces propos remontent à plusieurs années avant la Guerre des Six Jours.

Dans ces conditions, rien ne permet de garantir qu’après la guerre de 67 où Israël entendait démontrer qu’il était devenu un Etat libre et indépendant, qu’Albert Camus aurait privilégié le droit des Juifs, propriétaires de la terre,    qu’Albert Camus n’aurait pas partagé le point de vue généralement en cours, à savoir, qu’un peuple à qui on « donne » sa terre est un peuple qui a des devoirs, dont le premier est l’aveu d’une indépendance limitée.

http://www.terredisrael.com

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André Marand

On est pas obligé de se focaliser sur le mot « donner » pour en tirer de telles conséquences,
Camus n’est pas un politique distribuant des terres .

Jean Emsallem

Camus est grand homme.
Simple, bon, intelligent, limpide.
Il n’y a pas d’ambiguïté dans ces propos.
« La patrie que nous n’avons pas su leur donner », c’est les soins que les enfants n’ont pas su donner à leur parents, c’est le soutien que l’homme n’a pas prodigué à son frère, à son plus proche ami…
Il serait malvenu de voir de la pitié, ou de la condescendance dans la voix de cet être exceptionnel de bonté et de justesse.
Israel a été « donné » par le vote des nations unies.
En cela c’est une reconnaissance du DROIT des Juifs à recouvrer l’honneur d’une patrie qui leur a été spoliée, 2 fois, sans raison (politique) en – 587 et en 70.