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Depuis plusieurs mois, j’écris sur les signes de coopération – généralement à un premier niveau local – entre les groupes appartenant à Al Qaïda et d’autres qui ont prêté allégeance à l’Etat Islamique (Daesh). Cela peut paraître contre-intuitif que ces deux entités, qui  se sont mutuellement accusées d’avoir assassiné leurs leaders respectifs, s’engagent dans un reniement mutuel et tout-à-fait connu du public, et alors qu’ils se combattent l’un l’autre ouvertement, dans certains secteurs, puissent travailler ensemble. Mais on relève des preuves croissantes de ces convergences localisées entre les deux organisations, particulièrement au Liban, en Syrie et en Tunisie. Savoir si cela peut se transformer en quelque chose de plus complet (alliance globale ou fusion) reste peu évident à discerner. 

La coopération entre l’Etat Islamique (Daesh) et le Front al Nusra (la branche syrienne d’al Qaïda) a, d’abord, été mentionné au cours des combats au Liban, l’été dernier, et au début de l’automne 2014. Les observateurs ont commenté la nature inhabituelle de cette collaboration, étant donnée l’hostilité notoire entre les deux groupes, mais ils restaient dans l’incertitude, quant à savoir s’il s’agissait d’une alliance temporaire ou d’un réel changement de cap, de la part de ces organisations. 

En début novembre 2014, des sources multiples ont fait état d’une rencontre à haut-niveau entre le Front Al Nusra et Daesh. Il y a eu aussi de nombreux rapports attestant que les deux groupes ont travaillé ensemble pour attaquer les forces modérées de la résistance syrienne ( bien que d’autres rapports démentaient ces assertions). A la suite de heurts entre les deux groupes au Liban, un nouvel accord aurait été signé entre les commandants d’un groupe local de Daesh et du Front al Nusra, de façon à diviser le territoire disputé en deux zones d’influence. 

La coopération la plus significative, à ce jour, a concerné les combats autour de Damas. Dans le Qalamoun, au nord de la capitale, on a relevé de nombreux rapports de relations occasionnelles entre les deux groupes, au cours de ces 7 derniers mois. Le dernier reportage suggère que les deux entités ont, à nouveau, décidé d’une trève et de collaborer lorsqu’ils combattent « l’agresseur ennemi », c’est-à-dire le Hezbollah ou le régime syrien. Ce qui est intéressant, c’est que cela se produise, malgré les efforts de certains délégués, envoyés par l’Etat Islamique (Daesh), afin de consolider le pouvoir du groupe dans la région, au détriment des concurrents et rivaux. 

Le chef du groupe local d’Al Qaïda a refusé de rejoindre Daesh et il a été désavoué comme appartenant à « une secte d’infidèles et d’apostats », par l’un des représentants de Daesh. Cela aurait dû empêcher tout compromis ou toute coopération entre les groupes et, pourtant, cela a continué. 

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 Les combattants de Daesh dans le camp de Yarmouk à Damas : c’est encore une autre zone apparente de coopération, et même plus proche de Damas. Après des rapports initiaux disant que le camp de réfugiés palestiniens avait été attaqué et pris par Daesh, les reportages suivants ont prétendu qu’il avait été pris grâce à  un assaut conjoint du Front al Nusra et de Daesh. Lorsqu’un chef du Front al Nusra impliqué dans l’offensive a été accusé d’avoir rejoint Daesh, il a démenti cette rumeur et renouvelé son allégeance au chef du groupe, Abu Muhammad al-Jawlani (en le nommant, de façon significative, “Emir d’al-Qa’ida sur la Terre de Sham [Syrie]”). Comme il l’a expliqué, le Front al Nusra conçoit que son devoir lui interdit d’être impliqué dans aucun combat interne et, l’oblige, plutôt, à travailler pour « aider » les civils opprimés. 

Cet aperçu sur la coopération entre Al Qaïda et Daesh s’avère, peut-être, bien plus révélateur en Tunisie. Il y a quelques semaines, j’ai réalisé une analyse plus approfondie de l’attentat contre le Musée du Bardo et de ce qu’il nous dit de la relation entre les deux groupes, mais il suffit de dire, ici, qu’il existe des preuves grandissantes que l’attaque semble bien avoir été, tout comme l’assaut contre Charlie-Hebdo, une opération conjointe des deux groupes de Daesh et d’Al Qaïda. Aussi terrible que cette attaque a pu être, cependant, cela peut n’être qu’un échantillon de quelque chose de bien plus sinistre : une zone complète du Grand Moyen-Orient, où Al Qaïda et Daesh sont en train de converger, plutôt qu’ils ne rivalisent. 

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Ifriqiyya Media

Ifriqiyya Media, qui a  juré fidélité à Daesh en novembre, continue, pourtant, de publier du matériel d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI),  en distribuant un communiqué, récemment, où il explique ce qu’est la relation entre les divers groupes djihadistes tunisiens. Selon ses termes, les Brigades ‘Uqba bin Nafi’ font partie d’AQMI ; Jund al-Khilafah et l’Avant-Garde du Jund al-Khilafah ont prêté allégeance à Daesh ; et Tawhid wa-l-Jihad est complètement indépendant. En dépit de ces différences d’affiliation, ces groupes ne connaissent aucune controverse ni d’autres problèmes, entre eux et « coopèrent pour mener certaines actions« . Il est aussi significatif que « L’Avant-Garde de Jund al-Khilafah » soit décrit par Ifriqiyya Media comme le groupe spécifiquement mis sur pied par Daesh, afin de créer une « province » de l’Etat Islamique en Tunisie. 

Analytiquement, il est clair que cette coopération entre Daesh et Al Qaïda possède trois caractéristiques : d’abord, c’est un phénomène local qui ne signale pas nécessairement un changement dans la relation entre les organisations globales. Ce serait une bonne nouvelle, bien qu’il soit important de stipuler que l’état actuel de la coopération n’empêche pas un élargissement de la collaboration jusqu’à ce qu’elle intègre une portion substantielle – voire la globalité – des réseaux d’Al Qaïda et de Daesh. Si cela devait arriver, il est difficile de comprendre comment ce stade final pourrait être différant, en substance, de la réalisation d’une trève et d’un accord de coopération entre les cercles dirigeants des deux groupes. 

Il est aussi évident que même l’actuelle coopération locale ne reflète pas la volonté qui se manifeste à la tête de Daesh. Abu Bakr al-Baghdadi a annoncé, en Novembre 2014, « l’annulation » de tous les groupes djihadistes locaux, sur les terres où les hommes lui avaient juré fidélité, la création de provinces sur ces territoires, afin de remplacer les anciens groupes et la nomination de nouveaux commandants (walis) pour les diriger.

Il a, aussi, exhorté tous les djihadistes à rejoindre les groupes qui lui avaient juré fidélité. La discussion ci-dessus démontre que, durant le même laps de temps, des représentants ont été chargés – au moins en Syrie et en Tunisie et peut-être ailleurs – de rendre cet ordre effectif. Pourtant, des groupes locaux de Daesh ont choisi de poursuivre leur coopération avec les groupes locaux d’Al Qaïda.

D’un autre côté, Zawahiri et le cercle dirigeant des branches d’Al Qaïda (c’est-à-dire AQPA et AQMI) n’ont, apparemment, pas émis de telles exigences et n’ont pas hésité à travailler étroitement avec des groupes qui avaient juré fidélité à Daesh. 

Finalement, cette coopération s’est scellée sur des zones où les deux groupes peuvent s’entendre, par exemple, contre des ennemis communs (comme le régime syrien). Malheureusement, le point sur lequel il peuvent s’entendre, c’est, par définition, des situations où il s’agit d’attaquer des ennemis extérieurs (comme la France, des touristes étrangers et les Etats-Unis, et sans aucun doute Israël).

C’est ce qui m’amène au troisième point. Dans un texte précédent, j’ai spéculé sur le fait qu’il est possible que l’intervention américaine en Irak et en Syrie puisse avoir pour résultat de provoquer le fait qu’Al Qaïda et Daesh externalise leur rivalité. Ce qui correspondrait, plutôt que se combattre l’un l’autre, qu’ils puissent être en mesure de se mettre d’accord pour combattre les Etats-Unis et leurs alliés et, par conséquent, de coopérer dans le seul but de nous tuer, plutôt que de s’entretuer. Les exemples mis en lumière dans cet article suggèrent que c’est bien, en fait, ce qui pourrait survenir. 

parade

siteintelgroup.com

Par : Mary Habeck vendredi  Jihad 

Adaptation : Marc Brzustowski.

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marman68

Quand est-ce qu’ils se mettront dans la tête qu’on ne veux pas d’eux chez nous, et malheureusement le pays des droits de l’homme leur accorde trop de choses, ce qui fait qu’ils viennent jusqu’ici pour nous égorger,
Trop de tolerence à leurs égards, si bien qu’aujourd’hui ils ont quartier libre pour venir nous assassiner chez nous. D’abord ce sont les juifs, ensuite les chrétiens, mais ne vous impatientez pas, car vous êtes juste derrière, j’invite tous les gens du gouvernement à visiter les caves et les greniers, regardez Merah eux et bien d’autres au départ ils étaient pourtant inofensif, et voyez le résultat
Comprenez moi bien, je ne dit pas tous les musulmans dehors, mais ne pas faire revenir ceux qui partent en Syrie, ou en Irak faire la guerre sainte comme ils l’appellent, et il faut recontrôler les frontières pour que ces choses ne ce produisent plus, et je rajoute pour les biens pensants que protéger sa vie, ce n’est pas être raciste, protéger la France de cette guerre islamique ce n’est pas être raciste, les journaleux raconte assez de conneries sans que j’en rajoute

marman68

de toutes façon al quaïda et daech c’est la même maison, ils sont de la même trempe, c’est des assassins des meurtriers, et des salopards qui s’unissent pour assassiner tous ceux qui ne font pas partit de leurs religion et tout ceux qui ne pensent pas comme eux,
je vous le dit : Ce sont les mêmes salopard QUI VIENNENT JUSQUE DANS VOS BRAS EGORGÉ, VOS FILS, VOS FILLES ET VOS COMPAGNES