Abbas n’a pas annoncé sa démission ou le démantèlement de l’Autorité palestinienne, que beaucoup prédisaient qu’il allait faire.

Au lieu de cela, il a répété sa vieille menace d’abandonner les accords signés avec Israël « tant qu’Israël refusera de négocier avec nous. »

Son affirmation que les Palestiniens « ne peuvent pas continuer à être liés par ces accords » est peut-être la seule déclaration dramatique qu’il a faite dans son discours. Mais encore une fois, cela devrait être considéré comme rien d’autre qu’une menace, et non la bombe qu’avait promis Abbas il y a quelques semaines.

Cependant, ce n’est  pas le genre de bombe qui provoque des dommages réels. C’est encore une  menace conditionnelle d’Abbas et non l’annonce de l’abrogation effectives des Accords d’Oslo et des autres accords avec Israël.

Dans son discours, M. Abbas n’a pas abandonné le processus de paix avec Israël, comme certains l’ont prétendu à tort.

Il n’a pas dissout l’Autorité palestinienne et « remis les clés » à Israël. Il n’est même pas aller jusqu’à la suspension de la coordination de la sécurité avec Israël – sans laquelle l’Autorité palestinienne ne serait pas en mesure de survivre en Cisjordanie.

En bref, Abbas n’a pas fermé toutes les portes avec Israël. Il a mis le pistolet sur la table au lieu de tirer. Son message à Israël et le reste du monde: La prochaine fois, je ne vais pas hésiter à utiliser le pistolet si je ne reçois pas tout ce que je veux.

Pour l’instant, il est clair que le discours d’Abbas ne va rien changer sur le terrain. Abbas ne va nulle part, et  donc l’Autorité palestinienne non plus.

En dehors de la bombe inoffensive, le discours d’Abbas ne comprend rien de nouveau. En fait, ce fut la même liste de récriminations, que lui et ses principaux collaborateurs lancent contre Israël depuis des dernières années.

Sa rhétorique anti-israélienne en particulier concernant les lieux saints de Jérusalem et la violence des colons, sont principalement destinés en interne. Les accusations qu’il a faites contre Israël sont conçues pour apaiser ses détracteurs et d’autres Palestiniens qui sont sceptiques de ses intentions et sa politique.

Abu Khaled Tomaeh – Jérusalem
 

Le président de l’AP a menace d’annuler progressivement les accords avec Israël sans donner de date butoir

Le président de l’Autorité palestinienne a déposé la bombe sur le pupitre, mais n’a pas encore mis sa menace à exécution.

Mahmoud Abbas avait promis une bombe lors de son discours et il est passé partiellement à l’acte. Lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, s’il a effectivement menacé d’abroger les accords avec Israël durant son adresse particulièrement agressive, il n’a néanmoins pas fixé de date butoir.

Cependant l’avenir ne s’avère pas prometteur.

Si aucune percée ne se profile à l’horizon, le président de l’AP devrait annuler progressivement les accords avec Israël et la crainte porte sur une déclaration signifiant qu’Israël est la puissance occupante avec le retour de facto d’un gouvernement militaire sur la Cisjordanie.

L’atmosphère précédant la montée de Mahmoud Abbas à la tribune de l’ONU était tendue. A Ramallah, tout comme à New York, les hauts responsables palestiniens attendaient de voir si effectivement la bombe promise serait mise à exécution.

Pas très loin de là étaient assis l’ambassadeur sortant d’Israël, Ron Prosor et le coordinateur des activités du gouvernement dans les Territoires, le général Yoav (Poli) Mordehaï qui est actuellement à New York pour participer à la conférence des pays donateurs à l’Autorité palestinienne.

Il y avait également le député arabe israélien Ahmed Tibi venu spécialement pour le discours du raïs palestinien.

Une source palestinienne très proche du dossier a indiqué avant le discours que le seul à savoir ce qui se passerait était Mahmoud Abbas en personne et lui seul prendrait la décision de la « bombe ».

On peut maintenant affirmer que Mahmoud Abbas souhaitait fortement annoncer que les Palestiniens cesseraient d’être engagés par les accords avec Israël et, parallèlement indiquer une date butoir précise.

Sauf que la semaine dernière il a fait l’objet de pressions intenses, du représentant du Quartet, de l’Union européenne et de l’administration américaine qui ont exigé qu’il baisse le ton et qu’il se contente uniquement de menacer.

En échange ils ont promis de faire fortement pression sur Israël pour que l’Etat hébreu revienne à la table des négociations, qu’il accepte l’exigence du gel des constructions dans les implantations et qu’il fasse même un geste pour la libération d’un petit nombre de prisonniers.

Abbas sait que sa popularité dans la rue palestinienne est en hausse à chaque fois qu’il se rend à New York en septembre. Par le passé il est revenu avec une reconnaissance symbolique d’un Etat palestinien, cette fois-ci il reviendra à Ramallah avec le drapeau palestinien hissé devant le siège de l’ONU au sein des drapeaux des autres nations.

C’est la raison pour laquelle il a décidé après de nombreuses évaluations de la situation de lancer la menace d’annulation des accords mais sans date butoir où, selon son interprétation, déposer la bombe sur la table sans toutefois allumer la mèche.

Avec son discours Abbas s’est acheté quelques semaines de soutien populaire, mais lorsqu’il s’achèvera et lorsque la région sera de nouveau en ébullition, il fera de nouvelles évaluations.

Si on n’aboutit pas à une percée pour le retour à la table des négociations en vertu des conditions qu’il a acceptées, il commencera à annuler progressivement les accords avec Israël.

Les options du président de l’AP sont variées:

– arrêt ou réduction significative de la coordination sécuritaire avec Israël, même s’il est conscient que cela pourrait lui nuire et amener le Hamas à relever la tête en Cisjordanie et à le menacer.

– arrêt de son engagement à l’égard des accords généraux, comme le Protocole de Paris, annulation des commissions paritaires, comme la commission sur l’Eau, l’Electricité etc…

-et finalement la plus grande menace, celle de l’abrogation des Accords d’Oslo dont la conséquence serait la dissolution de l’Autorité palestinienne.

Le responsable des préparatifs en vue de l’annulation des accords avec Israël est Saeb Erekat qui a déjà dans ses cartons un programme bien précis.

Abbas et ses proches ont compris que ce n’est que par la force que leurs exigences seront satisfaites et c’est pourquoi on ne peut exclure que la menace d’activer la bombe est très proche.

C’est la raison pour laquelle, outre le cynisme, il faut prendre le discours de Mahmoud Abbas au sérieux.

Netanyahou attaquera la « campagne d’incitation à la haine  » d’Abbas

Ce soir, un jour après le discours d’Abbas, ce sera au tour de Benyamin Netanyahou de s’adresser à l’assemblée générale depuis la tribune de l’ONU.

Selon des sources proches il prononcera un discours énergique au cours duquel il attaquera la « campagne mensongère d’incitation à la haine de Mahmoud Abbas et l’hypocrisie internationale et il indiquera la politique d’Israël après les accords avec l’Iran et la nouvelle situation en Syrie ».

Uri Savir, un des architectes des Accords d’Oslo, estime que le discours d’Abbas signifie que les clauses sécuritaires des Accords sont menacées.

« La raison est que nous n’avons pas évolué de la série d’accords globaux vers un accord permanent. Les clauses sécuritaires comprennent trois éléments importants: lutte contre le terrorisme, zonage de la Judée-Samarie (Cisjordanie) avec un mécanisme pour les points de passage, en particulier au pont Allenby (entre la Cisjordanie et la Jordanie, ndlr). Si Abbas annule l’accord, cela provoquera le chaos.. Abbas ne dissout pas l’Autorité palestinienne et ne démissionne pas. Il parle d’un pays sous occupation et c’est quelque chose de totalement différent de l’entité établie en vertu de l’accord ».

Savir, qui affirme qu’Israël a empêché de toutes ses forces la solution de deux Etats, estime qu’Abbas a passé le relais à la communauté internationale pour qu’elle mette la pression sur Israël.

« Ce n’est pas du jour au lendemain, c’est un processus de plusieurs mois.

L’objectif des Palestiniens est la détérioration juridique de la situation sur le terrain. S’ils ne sont plus liés par les accords, cela posera un problème en terme de violences. S’ils ne sont plus liés par le zonage, alors les policiers palestiniens pourront se déployer partout. En résumé, il s’agit d’une menace d’anarchie complète. La droite regrettera les accords d’Oslo. »

« Notre situation sur la scène internationale pourrait se détériorer à la vitesse grand V »

Le Dr. Dana Wolf, experte du droit international et de la négociation à Harvard voit, quant à elle, un aspect positif aux menaces de Mahmoud Abbas.

« L’annulation des Accords d’Oslo fait le jeu d’Israël pour ce qui touche à la bande de Gaza. Les Accords d’Oslo ont empêché la possibilité de modifier unilatéralement le statut juridique de la Judée-Samarie et de Gaza. Dès que les accords seront annulés et que Mahmoud Abbas affirmera qu’ils sont caduques, Israël pourra prétendre que Gaza est un territoire occupé ».

« Le danger concernant la Judée-Samarie est qu’il peut définir Israël comme puissance occupante et ainsi les 3 zones A-B-C sont nulles et non avenues; il n’y a pas eu un tel contrôle depuis ces 20 dernières années », dit elle, tout en mettant immédiatement en garde pour l’avenir: « en fait cela signifie qu’Israël sera responsable formellement de toute la population palestinienne, y compris dans les zones A-B-C.

Israël sera considéré par la communauté internationale comme étant la puissance à laquelle on confie toutes les solutions sur le terrains et alors Israël instituera un gouvernement militaire d’occupation. Notre situation se détériorera à un rythme bien plus rapide ».

Cette analyse est publiée avec l’aimable autorisation de Ynet (i24news)

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Laurence

Il y a eu le drapeau palestinien hissé à l’onu , d’un pays qui n’existe pas
un état qui n’existe pas , un chef d’état qui ne l’est plus et qui fait un discours devant tous les chefs d’états du monde , ça me choque