Nous ne pouvons plus accepter l’indifférence et l’incompréhension entre le Consistoire et la base communautaire.

Notre devoir est de nous attacher à comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de cet état de fait.

Afin d’y parvenir, une réelle écoute, une capacité de remise en question et la disponibilité des instances dirigeantes sont indispensables. Bien évidemment, une volonté affirmée de briser courageusement des tabous aussi inutiles que paralysant fait partie des pré requis nécessaires au renforcement du lien. Nous devons prendre aussi en considération la conjoncture socio-économico-culturelle de notre communauté et de notre pays.

Les consultations électorales (tous les 4 ans) avec 80% d’abstentionnistes, les réunions de présidents soporifiques et peu fréquentées, les assemblées générales désertiques sont aujourd’hui les moments « privilégiés » d’écoute d’une communauté en quête de repères. Notre institution doit ouvrir le débat. L’impulsion doit être donnée par notre Rabbinat et notre conseil d’administration. Nos réunions doivent s’ouvrir à toutes les « catégories » de juif. Elles ne doivent plus se cantonner au traitement nécessaire des affaires courantes. La prospective, la vie juive dans notre monde en mutation, la relation avec Israël sont autant de thèmes fondamentaux devant être à l’ordre du jour de séances spécifiques du Consistoire.

Les sujets de sociétés doivent être discutés au sein de notre communauté. Nous devons entendre et faire entendre cette voie Juive qui fait la fierté de notre peuple depuis la nuit des temps.

Combien de grands esprits méconnus, combien d’idées formidables, combien d’inquiétudes et d’attentes ne reçoivent pas l’écho, pourtant essentiel et indispensable, du Consistoire ?

Les moyens doivent promouvoir l’écoute et la réflexion et non les hommes. Cette réflexion donnant du sens à l’action, permettra aux hommes d’agir dans l’intérêt général. La concertation, l’échange, la proximité, l’ouverture d’esprit sont les garants de l’essence de notre PACTE CONSISTORIAL.

Le type de gouvernance et de fonctionnement actuel de notre institution est obsolète.
Comment accepter l’hypercentralisation de la gestion consistoriale actuelle ?

– A l’heure où le monde se décentralise, donnons une respiration nouvelle à notre organisation. Nous devons développer les structures départementales, créer des synergies tout en respectant les domaines de définition des entités communautaires.

– Tous les postes sont à pourvoir et les cumuls ne peuvent s’imaginer qu’au dépend de la disponibilité et donc de l’efficacité. De plus, il est évident que des conflits d’intérêts sont inéluctables. La sagesse apprise de notre maitre Moïse nous incite à la délégation véritable du pouvoir. Ce partage des responsabilités, l’établissement d’une réelle relation de confiance, issue de l’humilité, entre les dirigeants communautaires constituent les fondations de notre PACTE CONSISTORIAL.

– Il faudra rendre à l’ACIP son statut de véritable « service public de la communauté ».

– La restructuration des services du Consistoire permettra de potentialiser le travail du personnel dévoué et donc mieux répondre aux attentes.

– Une communication professionnelle, informative et claire donnera aux usagers de notre institution une vision optimale du fonctionnement de nos services.

– L’amélioration de l’accueil et de l’orientation dans notre maison commune sont des éléments fondamentaux de notre PACTE CONSISTORIAL.

– La conjoncture économique nous impose de faire preuve de créativité afin d’aider nos coreligionnaires à faire face aux dépenses inhérentes à leurs obligations religieuses.
Il s’agit principalement de la cacherout. Dans ce domaine aussi, seul l’expression d’un courage politique permettra, toujours dans le cadre de la Halah’a, de faciliter la consommation de produits cachers.

– Pourquoi ne pas développer la liste des produits autorisés ?

– Pourquoi ne pas harmoniser les listes françaises, européennes et américaines ?

– Pourquoi ne pas développer une gamme de produits laitiers, certifiés par le Beth Din de Paris, à des prix abordables ?

– Il nous faudra expliquer clairement que la consommation de produits KBDP est non seulement un respect parfait des règles de cacherout mais aussi un acte militant et solidaire.

– Pourquoi ne pas imaginer qu’une partie des bénéfices générés par la certification de nouveaux produits cachers soit affectée à un fond délivrant des bourses scolaires pour l’aide à l’accession à l’école juive ?

Ces questions sont des priorités dans notre PACTE CONSISTORIAL.

– La relève communautaire et plus généralement la situation de la jeunesse juive de France doivent être une préoccupation de tous les instants.

– La création d’une coordination de la jeunesse dotée de moyens est indispensable pour la pérennité de notre communauté. Elle permettra les rencontres, la formation des leaders communautaires de demain, de lutter contre l’assimilation et les mariages mixtes, la promotion professionnelle, etc. Parallèlement à cela, la responsabilisation des jeunes passera par leur présence active dans instances dirigeantes de nos communautés. La jeunesse est au cœur de notre PACTE CONSISTORIAL.

Nous comprenons que le vrai changement passe par des ruptures avec des habitudes qui appartiennent au passé.

Le pacte que nous voulons passer avec la communauté n’a rien à voir avec les réformettes cosmétiques dont l’inefficacité aura lourdement entamé l’image de l’ACIP.
Si l’on veut un NOUVEAU CONSISTOIRE, il faudra penser autrement, communiquer autrement, diriger autrement, agir autrement.

Il faudra s’affranchir de la pensée unique, réformer courageusement les statuts de l’institution, recentrer l’action consistoriale sur ses fondamentaux.

Les femmes et les hommes qui voudront s’inscrire dans cette voie, devront être animés par la recherche obstinée du Chalom et par l’unique intérêt du bien commun.

C’est par l’envoi de ces signaux forts que le Consistoire retrouvera sa place centrale au service de la communauté.

David TIBI

Administrateur de l’ACIP

Président de la commission des communautés

Président du CCJ94

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Aouva

Merci Monsieur David Tibi pour ces propositions. La vie des communautés juives de France entièrement projetées sur la scène politique est infiniment triste pour les juifs et juives de ces communautés. Réceptions, manifestations politiques, le maire, le préfet, le ministre, etc. On n’en peut plus.
Les intellectuels et les artistes sont ignorés ou jetés dehors parce que non rentables sur la scène de la représentation.
La mentalité archaïque et bonapartiste des dirigeant des communautés de province les amène à croire que Paris serait à la fois la capitale politique et culturelle de la France.
Et la culture se déroule comme un spectacle mobilisant des ténors parisiens pour simplement des conférences. Aucune créativité, aucune recherche.
Il n’y a pas de vie intellectuelle. La vie religieuse organisée autour de rares cours est déconnectée des problèmes de société. Les grandes pensées et œuvres contemporaines sont ignorées.
Lorsque l’on écrit, lorsque l’on est artiste, on n’a pas le choix. Il faut partir.

La France est en chemin de décentralisation culturelle. Les notables des communautés juives sont les derniers bonapartistes. Mais si Paris est la capitale politique, il y a plusieurs capitales culturelles.

Mais je voudrais parler dans cette tribune de la question de la justice.

Ayant fait toute ma carrière dans des entreprises de ce pays (services de santé, éducation nationale et bibliothèque municipale), je n’ai connu que des questions de droit et de justice. En effet, lorsque qu’il y a un conflit, nous avons des recours permanents : comités d’entreprise, services du contentieux, commissions paritaires, médecine du travail, syndicats, etc. La vie publique du travail est régie et organisée de telle façon que l’on peut toujours et nécessairement se défendre devant une instance de droit.

Mais dans nos communautés juives, il n’y a pas d’instance de droit et de justice. Le Rabbin de la ville s’occupe de cacherout, de mariages, de divorces et de conversions, mais il n’a pas de voix pour ces questions juridiques qui concernent le quotidien de la vie communautaire.

Lorsque l’on veut s’adresser aux responsables communautaires qui ont commis des injustices, il n’est pas rare que l’on se fasse éconduire, et souvent avec brutalité. Ou alors on est écouté avec compassion, mais sans aucune suite positive.

Il ne reste plus souvent qu’à s’en aller, avec tristesse. À quoi bon espérer une justice immanente ou bien se laisser envahir par un désir de vengeance ?
Nous n’avons d’autre choix que d’accepter le consensus ou bien de partir.

Quelle solution positive et juridique pouvons-nous envisager ? Nous pouvons nous adresser un Beth Din sur le plan national. Mais ce n’est pas raisonnable ! Lorsque nous avons un conflit dans une entreprise, il ne viendrait à l’idée de personne d’aller s’adresser de prime abord à une cour de justice nationale. Puisque toutes les instances de justice sont sur place, au cœur même des entreprises.

Comment une collectivité peut-elle vivre sans justice en son sein ? C’est hélas le cas de nos communautés juives en France.

Il faudrait aider à la constitution d’instances de justice – indépendantes – dans les communautés juives de France.
Ces instances pourraient être composées de rabbins connaissant le droit juif et talmudique, de juristes (avocats, etc.) et de syndicalistes connaissant le droit français lorsqu’il s’agit par exemple de conflit de travail.

Voici mes propositions : laisser libre cours à la vie culturelle des artistes et intellectuels des communautés et instituer des instances de justice.

Qu’en pensez vous ?