Dix-neuf artistes tunisiens, agressés durant un spectacle par des salafistes, seront déférés lundi devant la justice qui les accuse d’atteinte à la pudeur, ont indiqué dimanche leur avocat et leur comité de soutien qui dénonce une nouvelle atteinte à la liberté artistique.Les artistes participaient samedi soir à un spectacle dans un petit théâtre de la ville du Kef (ouest) et dans la rue, lorsque des salafistes les ont agressés. La police est alors intervenue et a interpellé les acteurs qui seront déférés lundi matin devant le procureur, a expliqué à l’AFP l’avocat, Ghazi Mrabet.
Selon la même source, le ministère public veut engager des poursuites pour « atteinte à la pudeur », un délit passible de six mois de prison ferme. Les militants salafistes ne seraient pour leur part pas inquiétés.
La nature exacte des faits reprochés à la troupe sera connue à cette occasion, le ministère de la Justice et la magistrature refusant systématiquement de donner aux médias des informations sur les procédures judiciaires.
« Ce sont les salafistes qui agressent, qui violentent, mais ce sont les artistes qu’on arrête », a dénoncé Leila Toubel, femme de théâtre qui a organisé un comité de soutien aux 19 artistes.
Selon elle, le spectacle a été organisé pour soutenir un petit théâtre du Kef qui a été visé récemment par une tentative d’incendie criminel.
La performance rendait aussi hommage à Chokri Belaïd, un farouche opposant anti-islamiste assassiné par la mouvance salafiste, selon la police, le 6 février.
« On nous attaque car on s’oppose au projet obscurantiste (des islamistes) qui sont contre l’art et la beauté », a dénoncé Mme Toubel.
Cette affaire intervient juste après celle du rappeur tunisien Weld El 15, condamné pour une chanson insultant la police à deux ans de prison ferme, une peine réduite à six mois avec sursis en appel. Les militants des droits de l’Homme avaient dénoncé alors une atteinte à la liberté artistique et d’expression.
Les artistes tunisiens sont aussi régulièrement la cible d’attaques de la mouvance salafiste.
En juin 2012, des islamistes radicaux avaient attaqué une exposition près de Tunis, déclenchant des troubles dans plusieurs villes qui avaient fait un mort et plus d’une centaine de blessés. Ce même été, cette mouvance s’en était aussi pris à plusieurs spectacles lors de festivals culturels.
Le gouvernement, dirigé par les islamistes d’Ennahda, est régulièrement accusé par l’opposition laïque d’orchestrer une islamisation rampante de la société, notamment via le système judiciaire.

AFP(Tunis)

Copyright © 2013 AFP.

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