La chercheuse Mansouria Mokhefi explique pourquoi le président américain pourrait enfin demander le départ de Bachar el-Assad.

Barack Obama serait sur le point de demander à Bachar el-Assad de partir. C’est en tout cas ce qu’ont affirmé, mercredi, plusieurs médias américains, citant des sources de la Maison-Blanche selon lesquelles le président américain pourrait faire cette annonce avant la fin de semaine.

Jusqu’ici, Obama s’est cantonné à évoquer la nécessité d’une « transition démocratique » en Syrie et a appelé à mettre fin à la violence, au cours d’une conversation téléphonique jeudi, avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Pendant ce temps, le président syrien continue de souffler le chaud et le froid. Reconnaissant pour la première fois mercredi que ses forces de l’ordre avaient commis « quelques erreurs », Bachar el-Assad poursuit la répression aveugle de sa population. Quatorze civils ont encore été tués jeudi à Qousseir (centre) et à Deir ez-Zor (est), alors que, dans le même temps, la ville de Hama vivait sa première journée silencieuse depuis le retrait de l’armée syrienne. Directrice du programme Maghreb et Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Mansouria Mokhefi explique au Point.fr pourquoi la possible annonce américaine n’arrive qu’après cinq mois de répression.

Le Point.fr : Que vous inspirent les rumeurs selon lesquelles Barack Obama pourrait lâcher Bachar el-Assad ?

Mansouria Mokhefi : Ces rumeurs peuvent être fondées, dans le sens où, après cinq mois de silence et d’hésitation, Barack Obama est bien obligé d’admettre que le régime syrien est condamné. Mais le président américain a avant tout déçu le monde arabe. C’est en tout cas ce que révèle une enquête réalisée dans six pays qui montre qu’Obama véhicule une image encore plus négative que celle de George W. Bush. Son discours de juin 2009, au Caire, dans lequel il avait ranimé l’espérance de millions d’Arabes, n’a jamais été suivi d’actes. Il faut distinguer la rhétorique de l’action chez Barack Obama. Depuis le début du printemps arabe cette année, sa tentative de politique de la main tendue à ses ennemis dans la région est tombée en désuétude.

Pourquoi cette fermeté n’arrive-t-elle qu’aujourd’hui ?

Il semble que la démocratie, que les Américains ont tenté en vain d’imposer par la force au Moyen-Orient, est en train d’arriver sans eux. Même s’ils essayent à tout prix de se positionner en sa faveur, les États-Unis savent pertinemment qu’il faut faire très vite et très attention. Car c’est une rupture avec le monde arabe qui est en train de se profiler, alors que la perte de crédibilité est, elle, déjà avérée. Qui va se poser en interlocuteur de demain pour la jeunesse arabe ? D’autant plus que tous ces manifestants n’oublieront pas quels pays les ont soutenus. Harry Truman a perdu la Chine en 1949. Jimmy Carter a perdu l’Iran en 1979. Obama ne veut pas, à un an de l’élection présidentielle, apparaître comme celui qui a perdu le monde arabe.

Justement, comment expliquez-vous que ce soit le camp républicain qui critique l’inaction du président sur la Syrie ?

Ce qui est perçu comme une hésitation, ainsi qu’un manque d’audace, traverse en réalité tous les courants politiques aux États-Unis. Mais, à un an des échéances présidentielles, ce ne sont pas les démocrates qui vont monter au créneau pour critiquer leur seul candidat valable. L’exemple du mandat unique de Jimmy Carter demeure dans toutes les têtes. Néanmoins, au-delà des considérations politiciennes ou humanitaires, les républicains sont conscients que le prestige et les intérêts économiques et stratégiques des États-Unis dans la région sont mis à mal.

Ce possible durcissement de position américain pourrait-il faire fléchir Bachar el-Assad ?

Pas du tout. Le président syrien est beaucoup plus sensible aux condamnations des pays arabes de la région – dont l’Arabie Saoudite – qui, après une longue hésitation, ont enfin envoyé un message fort à même d’isoler Damas. La seule réaction américaine qui puisse inquiéter le régime syrien serait en réalité de conclure un accord avec les Israéliens, appelant au changement en Syrie. Ce moment-là sonnerait alors la fin de Bachar el-Assad.

N’est-ce pas pourtant aux Nations unies que tout se joue ?

Aucune solution sur la Syrie ne sera trouvée au Conseil de sécurité, parce que ses membres permanents ne partagent pas du tout la même vision du monde arabe. Les positions russes et chinoises sont ainsi radicalement différentes des autres membres permanents. La solution se trouve ailleurs. N’oublions pas que si les Américains ont déjà réussi à abandonner leur plus vieil allié du Moyen-Orient, en d’autres termes s’ils ont pris une attitude ferme vis-à-vis de l’Égypte, c’est parce qu’ils se sont entendus avec les Israéliens.

Armin Arefi

Le Point.fr

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Armand Maruani

Je vois bien Hussein O. se faire élire dans un émirat . Aller en djallaba à la mosquée le vendredi . Egorger le mouton pour l’aïd . Le parfait petit muzz . En attendant , on va encore se le farcir jusqu’en 2012.