Au sortir de la XXIème réunion de IJCIC (International Jewish Commitee for Interreligious Consultation) qui a débuté ce dimanche 27 février au Collège des Bernardins, Richard Prasquier nous livre impressions et explications, entre dialogue judéo-chrétien et mises au point communautaires… au sujet de sa récente décision de suspendre du Crif, Sammy Ghozlan, Président du BNVCA.
JForum :

M. Prasquier, vous avez participé au colloque inter-religieux du comité juif international pour les consultations inter-religieuses au Collège des Bernardins. Le Crif incarne plutôt une neutralité émanant du laïque plutôt que du domaine religieux. Comment justifier ce mélange des genres ?

Richard Prasquier :

La réponse est simple, le dialogue inter-religieux n’a pas qu’une dimension théologique. Il a aussi une dimension sociétale. Le comité international de liaison juif catholique l’a parfaitement compris. Je n’étais pas le seul «laïque» à être convié d’ailleurs… Ce comité organise un colloque tous les deux ans pour nourrir et faire avancer le dialogue entre les chrétiens et les juifs. C’est une richesse, une chance. Et ce d’autant plus, s’il englobe les problématiques sociétales.

JForum :

Quelles sont vos impressions au sortir de ce colloque ? Quel bilan dresser de ce dialogue judéo-chrétien ?

Richard Prasquier :

J’ai le sentiment de relations bien incrustées. Cela est très sain. Le dialogue judéo-chrétien s’est développé de façon remarquable. Dans le cadre du Crif, je m’occupe depuis une douzaine d’années de la relation judéo-chrétienne. Elle a considérablement évoluée. Les gens oublient trop vite selon moi, que ça n’a pas toujours été aussi cordial…

Il y a eu une avancée extraordinaire pour des relations pacifiées et généreuses. Cela est important à titre d’exemple. D’autres dialogues inter-religieux sont au contraire très crispés et pollués…

JForum :

Ce dialogue entre les juifs et les chrétiens est-il si important face aux problèmes que rencontre la communauté juive de France aujourd’hui ?

Richard Prasquier :

Encore une fois, il a valeur d’exemple. Le tournant qu’à marqué Vatican II est une étape pour le peuple juif. Il est un signe d’espoir lorsque la vérité s’installe et que les relations s’apaisent. La communauté juive ne peut négliger aucun type de soutiens au travers de la société pour lutter efficacement contre les attaques qu’elle reçoit.

Il faut intéresser la jeunesse à ce dialogue inter-religieux. Le regard externe qu’apporte une autre religion est une richesse pour comprendre ses propres pratiques.

JForum :

L’actualité de la fin du mois de février est également marquée par votre décision de suspendre Sammy Ghozlan du Crif. Pourquoi une telle sanction vis-à-vis d’un militant si actif et efficace dans la lutte contre l’antisémitisme en France ?

Richard Prasquier :

D’abord, je conserve toute ma confiance et toute mon amitié à Sammy Ghozlan. Il a pris trop de décisions et a mené trop d’actions sans se concerter avec le Crif. Jusqu’à un certain moment, il le faisait. Depuis 6-8 mois, il ne le fait plus. Il ne me tenait pas au courant. J’apprenais les choses après coup. Ma décision a été motivée par un souci de préserver le bon fonctionnement des institutions.

Dans la mesure où il n’est pas seulement président du BNVCA mais aussi membre du comité directeur du Crif, ses prises de position n’appartiennent pas qu’à lui. Sammy Ghozlan ne pouvait pas être à la fois «à l’intérieur» et «à l’extérieur» du Crif… Je regrette qu’il n’ait pas tenu compte des nombreuses remarques que je lui avais adressées.

JForum :

Cette décision de suspension n’a visiblement pas été prise en concertation avec l’ensemble du comité directeur du Crif,

Richard Prasquier :

C’est moi qui ait coopté Sammy Ghozlan au Comité directeur du Crif. Il n’a pas été élu. Si quelqu’un souhaitait que Sammy Ghozlan soit présent dans les institutions juives, c’est bien moi. Mais son attitude de faire systématiquement cavalier seul n’est pas la bonne.

JForum :

Vous êtes sans doute conscient de l’aspect nuisible de ce grand déballage…

Richard Prasquier :

Lorsque j’ai signifié ma décision à Sammy Ghozlan, mon intention n’était pas de faire de déballage. Ma lettre était personnelle et je souhaitais que cette information reste discrète.

JForum :

Vous souhaitiez que cette information reste «discrète», mais… ne vous doutiez-vous pas qu’elle risquait forcément, à un moment ou à un autre d’être déballée sur la place publique ? … Cette suspension est aussi un affront pour Sammy Ghozlan. N’a-t-il pas le droit de se défendre ?

Richard Prasquier :

Encore une fois, ma lettre était personnelle. J’aurais voulu que l’on règle cela entre nous. J’ai été très choqué de recevoir un coup de fil de l’AFP trois jours à peine après lui avoir fait part de ma décision.

JForum :

Quelle est votre réaction lorsque EuroPalestine vous félicite d’avoir suspendu Sammy Ghozlan du Crif ?

Richard Prasquier :

Ma réaction est un haussement d’épaule.

Ceux qui en arrive à raconter que je défends Stéphane Hessel et que j’ai des acquaintances avec EuroPalestine, feraient mieux d’aller se faire soigner… Toute mon estime va à Sammy Ghozlan et pas à Stéphane Hessel ! … J’ai fait ce que j’ai fait parce que je voulais que les choses fonctionnent comme elles le devaient au plan institutionnel, et non pas pour servir l’intérêt des ennemis des juifs.

Propos recueillis pour JForum.fr

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LAVERITE

mais ce n’est pas possible.d’entendre autant de mensonges ! pour quelles raisons le crif veut parler en notre nom, pour quelle raison le directeur du crif est payé plus de neuf mille euros net ? etc etc etc