La Knesset était appelée à se prononcer, cette semaine, sur deux lois à caractère religieux, suite à un compromis trouvé par les services du premier ministre – lequel n’avait pas négligé sa peine – pour éviter sinon une crise gouvernementale, du moins de se voir empoisonné son vécu politique par le groupe parlementaire Shass, ainsi qu’il en a été menacé par le ministre de l’Intérieur Eli Yshai.Au départ, un projet de loi, déposé par le président de la commission parlementaire des lois, David Rotem, (Israël beytenou), visant à contraindre les institutions religieuses du pays (Grand-Rabbinat, tribunaux rabbiniques et conseils religieux municipaux) à reconnaître toute conversion au judaïsme effectuée à l’armée, sous contrôle du Grand Rabbinat aux Armées. (1)

C’était la semaine passée. Le ministre de l’Intérieur, Eli Yshai, est monté au créneau, au nom de tout l’establishment ultra-orthodoxe, sépharades et ashkénazes confondus, Il a donc menacé.

Binyamin Netanyahu, aidé en ce par son ministre de la Justice, Yakov Neman, s’est empressé d’écarter cette menace, en ressortant un autre projet de loi, présenté voici six mois, mais renvoyé à des temps meilleurs par le premier ministre en personne.

Pourquoi ? Parce que ce projet de loi, intitulé « Loi générale de conversion », sitôt connu, avait provoqué une tempête dans les milieux juifs libéraux et conservatifs américains, lesquels sont nettement majoritaires aux Etats-Unis, qui voyaient d’un mauvais œil l’Etat d’Israël confier à l’ultra-orthodoxie, antiétatique qui plus est, le monopole de la conversion.

Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, le premier ministre a fait marche arrière en fin de journée. Les mauvaises langues prétendent qu’il a été enseveli sous les appels téléphoniques provenant des Etats-Unis… Seul donc le projet de loi déposé par le parti d’Avigdor Lieberman sera débattu, mercredi, à la Chambre.

Mais, au delà, cet épisode est significatif d’un recul de l’idée démocratique au sein de la politique de l’Etat. D’une sorte de fuite en avant de dirigeants soucieux de préserver avant tout une quiétude dont ils savent pourtant qu’elle est fictive. Tout se passe comme si, et c’est manifeste depuis plus d’un an, l’ultra-orthodoxie religieuse juive avait pris au mot le premier ministre dans l’exigence, par celui, de la reconnaissance par les palestiniens, du caractère juif de l’Etat.

Or, s’il est vrai que la déclaration d’Indépendance du 14 mai 1948 porte que : « …, nous, membres du Conseil national représentant le peuple juif du pays d’Israël et le mouvement sioniste mondial…, proclamons la fondation de l’État juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’État d’Israël. », il est défini aussi que : » …il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture… »

C’est cette vision des pères-fondateurs de l’Etat qui est, aujourd’hui, mise en cause par l’ultra-orthodoxie religieuse israélienne. Même si les leaders spirituels demeurent prudents, d’aucuns parmi leurs rabbins n’hésitent plus à réfuter ouvertement l’Etat de droit, au nom de la suprématie de la loi divine. Il s’agit-là non de fondamentalisme, mais d’intégrisme si l’on accepte la distinction opérée par Umberto Ecco, dans son texte « Définitions de l’intolérance » publiée en mars 1998 dans un ouvrage collectif de l’Académie universelle des cultures, fondée en 1992 par Elie Wiesel.

En choisissant hier, tout comme il y a six mois, le risque d’une crise ministérielle permanente, Binyamin Netanyahou tient-il à marquer des limites aux ambitions du monde religieux ultra-orthodoxe israélien ? Ou s’agit-il d’une volte-face relevant de la pure politique politicienne ? C’est au pied du mur, dit-on, que l’on voit le maçon.

(1) Ce projet de loi est étonnant en soi car le Grand-Rabbinat aux Armées est une institution qui observe scrupuleusement toutes les prescriptions de la législation religieuse (la Halakha). Mais, c’est la seule qui soit encore gérée par le sionisme religieux…Or, il y a trois mois environ, des rabbins ultra-orthodoxes,de conseils religieux de grandes agglomérations, donc des fonctionnaires municipaux, avaient refusé d’accorder une licence de mariage à des postulants, au motif qu’ils avaient été convertis au judaïsme au sein de l’armée.

Par Mati Ben-Avraham

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Gabciel

c’est aux Rabbins de trancher ce genre de choses.
l’armee en israel n’est pas un critere de conversion dans la thora.

ce genre de chose doit etre tranchée par des personnes competentes comme le Rav ovadia Yossef Shalita
ou le grand Rabbin d’Israel le Rav Chlomo Amar. et non par des politiques, ou des commercants, ou des physiciens ect…

Eric1234

c’est vrai que c’est vrai que c’est vrai…
mais il faut quand meme faire quelque chose pour garder israel juif.
Souvent les juifs ne veulent pas renoncer aux ilusions que leur accorde le monde occidental et voudrait avoir tout tout de suite tout le tremps exemple un pays juif democratique et ou tous les non juifs seraient egaux aux juifs et de retour dans une generation ou deux et l,etat des juifs… cad israel serait au miuex poayen et probablement musulment vu le nombre de population qui l’entoure.
Reveillons nous entre l,assimaliation, la conversion, les mariages mixes et la democratie quel juif restera sur place bientot. Seulement les ultra orthodox qui si D. veut sauveron le peuple juif…
je ne suis pas orthodox ni meme tres religieux mais la realité est la.

jankel

A quand le fichage génétique style Doron Behar, pour savoir si les juifs sont vraiment juifs…sic ? Cela plairait bien au rabbins d’Irak O.Y. de ne voir accepter que les J1 +cohen modal haplotype (et autres Arabes), comme juif kocher d’Orient; et Ils se mettraient d’accord avec les Palestiniens J1 sémites purs pour renvoyer les  » Pollaks » et Américains R1b…et R1a..et autres goyim de Mongolie Q1b .en Biélorussie ou au diable?
Comme cela, plus d’Etat d’Israel emmerdant… et on attendrait le Messie en bons Dhimmis! Quel bonheur!

fatou

Dans toutes ces polémiques religieuses de droit il est temps que les services du rabbinat des Armées soit reconnu comme instance légale des droits à la conversion car donner de sa vie à l’ETAT JUIF D ISRAEL, c est aussi une conversion à ses valeurs et à sa vie.. De toute l’histoire des juifs dans le Monde et de toute l’histoire des rois juifs, nous avons pu constater le nombre de conversion de ces rois d’ISRAEL, de Judée et d’autres éminents cabalistes qui se sont convertis à la Loi Juive…Le peuple Juif est aujourd’hui l’ensemble de ces parcours atypiques…. Il faut s en souvenir et arretez d etre puriste… Nous avons besoin de repeuplement et de rejudaisation des juifs de par le monde…Alors convertissons ceux qui viennent vers ISRAEL après un parcours sinueux, ne les rejetons pas!!! nous avons besoin de faire grandir l’ame de notre peuple ensemble!! nous avons des milliars d’adversaires devant nous et dans notre peuple nous avons aussi des adversaires farouches contre la religion, alors ne dégoutons pas tous ceux qui veulent se convertir dignement!!