Y a-t-il un homme de goût dans l’avion ? Connu pour ses passions horlogères, Julien Dray s’est permis de taquiner le président sur ses non-choix… horlogers.Jadis, Pierre Desproges soulignait qu’on ne pouvait pas faire confiance à une femme mettant du sucre dans un grand bordeaux. Aujourd’hui, comment faire confiance à un président qui arbore depuis des années une montre à quartz portée à l’envers ? Julien Dray pose, indirectement, la question.
Pas de passions ni de vices connus, au-delà de son sens de l’humour et de talents de séducteur récemment dévoilés. Pas de train de vie dispendieux ni de compte en Suisse, aucun goût pour la métaphysique, contrairement à un précédent François président… Qui est vraiment l’homme qui a été élu à la tête du pays ?
Au-delà des apparences et des indices, nul ne le sait vraiment. Pour cerner l’homme, l’émission «Complément d’enquête,» diffusée le 27 février sur France 2 (à revoir ici), a donc fait appel aux proches du président, ceux qui l’ont connu et fréquenté de près des années durant. Parmi eux figure Julien Dray, cofondateur de SOS Racisme, ancien député, mais aussi connu pour sa passion sincère pour les (très) belles montres.
Et c’est justement sur ses non-choix horlogers que Julien Dray se permet de taquiner François Hollande : l’ancien député de l’Essonne se penche sur le rapport à l’argent du président. Un président qui, en affirmant jadis qu’il n’aimait pas les riches, disait finalement ne pas s’aimer lui-même. « Il a aussi ce rapport détaché avec l’argent, parce qu’il n’en a jamais eu besoin », souligne-t-il.
Tant il est vrai que celui qui a joué durant sa campagne de ses attaches d’élu rural de Corrèze est en fait un fils de bonne famille, élevé à Neuilly tout comme son adversaire, qui a connu tout jeune les ors de la République, et un quotidien totalement pris en charge par l’État. Contrairement à un Julien Dray, qui sait ce qu’être pauvre, puis réussir, veut dire, tout comme Claude Bartolone.
Dit autrement, il n’y a rien de mal à être riche ni à apprécier les belles montres.
Mais arborer une montre à prix aussi sage avec un tel niveau de revenus et de responsabilités constitue à la fois un décalage exagéré et une faute de goût totale, voire une erreur de communication à trop vouloir forcer le trait sur l’affichage d’une « normalitude » de façade.
C’est peut-être aussi pour cela que Julien Dray ironise sur la Swatch portée au poignet par François Hollande : « Sa montre Swatch, pour un collectionneur de montres comme moi, est quand même un problème. »
Un véritable cri du coeur de la part de celui qui n’a jamais caché sa passion pour les complications extrêmes et les montres les plus rares. Au point d’y risquer jadis sa carrière politique.
Il faut dire que, du côté de l’absence totale de goût horloger, la France n’est pas mieux lotie à l’Élysée qu’à Matignon : l’ancien maire de Nantes reste fidèle à sa montre Festina, aussi discrète et invisible qu’il peut sembler parfois l’être lui-même.
Que ce soit jadis à la mairie de Nantes ou aujourd’hui à Matignon, le Premier ministre affiche des goûts horlogers aussi sobres et populaires que ceux du président Hollande. Il se dit pourtant que, comme l’ancien locataire de l’Élysée, l’actuel président avait lui aussi « réussi sa vie », selon la formule de Jacques Séguéla, du temps où il était premier secrétaire du PS. Mais sans jamais l’arborer en public.
Au final, depuis le départ obligé de Jérôme Cahuzac du gouvernement, il ne reste plus que Pierre Moscovici qu’on peut qualifier d’expert ès belles montres au sein de l’équipe gouvernementale. Verra-t-on bientôt Julien Dray titulaire d’un maroquin lors d’un prochain remaniement, maintenant que les principales raisons de son éviction du premier cercle se sont éloignées à jamais de l’Élysée ?
Au moins, nous aurions de nouveau un duo horloger au conseil des ministres pour compenser l’absence de goût du duo exécutif. En attendant de voir au poignet de nos dirigeants, Arnaud Montebourg compris, un Calibre Royal signé Pequignet, histoire de promouvoir la renaissance de la haute horlogerie française ?
Judikael Hirel/ L’Argus des Montres Article original
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