Faut-il y croire ? Faut-il ne pas y croire ? Toujours est-il que les révélations de la chaine de télévision quatari Al jazira et du journal britannique le Guardian ont fait l’effet d’un petit tsounami dans la région.
Selon ces “fuites”, l’Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas auraient abandonné lors des pourparlers de 2008 avec les Israéliens, leurs revendcations princeps, à savoir le retour des réfugiés et la récupération de l’ensemble de Jerusalem Est.
Ils auraient accepté que les grands blocs d’implantation en Cisjordanie restent sous l’autorité d’Israël ainsi que le majeure partie des banlieues de Jérusalem à l’exception de Har Homa .
Le négociateur palestinien Saeb Erakat aurait ainsi offert à Israel selon Al Jazira une Jérusalem plus grande que jamais dans l’Histoire
Alors que le moindre projet de construction fait scandale et se termine sur le bureau du Conseil de Sécurité, on peut difficilement croire que les Palestiniens aient fait de telles propositions.
Israël aurait demandé à annexer 5,8 pour cent de la Cisjordanie incluant les quatre gros blocs d’implantation; Goush Etsion, Maaleh Adoumim, Givat Zeev et Ariel, contre l’attribution d’une superficie équivalente en territoire israélien.
Première question :
Comment et pourquoi l’intransigeance de Mahmoud Abbas a-t-elle brusquement fait place à une telle souplesse et comment le président aurait-il pu tenter de faire accepter à son peuple un tel accord, sans passer pour un traitre et un collaborateur d’Israël ?
Est-ce par lassitude ou parce qu’il réalise que le temps travaille contre lui ?
Deuxième question :
Pourquoi un accord qui faisait malgré tout la partie belle à Israël n’a-t-il pas été accepté par Ehoud Olmert et Tsipi Livni ?
Troisième question :
Qui a fourni ces documents et dans quel but ?
-Est-ce pour ternir l’image de Mahmoud Abbas auprès de son peuple au profit du Hamas ?
-Est-ce pour faire la preuve devant l’opinion publique qu’Israël n’a jamais envisagé sérieusement de faire la paix ?
Ou les deux ?
Ces révélations, préjudiciables au Fatah comme à Israël auront au moins le mérite, de montrer aux Israéliens comme aux Palestiniens qu’ils devront faire de grands sacrifices pour arriver à la paix
Si, comme on veut nous donner à penser, Mahmoud Abbas est un interlocuteur valable et un partenaire fiable, c’est un partenaire bien fragile et c’est probablement ce qui aurait fait fléchir les Israéliens.
Dans un monde arabe de plus en plus gagné par l’intégrisme, comment ne pas craindre que peu après sa conclusion un éventuel traité ne soit déchiré par le successeur de l’actuel président ?
Il faut être naïf ou aveugle pour ne pas constater que l’ Islamisme vole de victoire en victoire.
Aujourd’hui, au Liban, le Hezbollah arrache sans coup férir le pouvoir aux Sunnites et aux Chrétiens sans que cela entraine la moindre réaction dans le monde libre.
Nasrallah a bien joué .
En pariant sur la faiblesse et la lâcheté de l’Occident soi-disant protecteur du pays du cèdre,
il a gagné et c’est une grande victoire pour ses patrons iraniens qui vont pouvoir disposer
d’ une base solide en Méditerranée.
A qui le tour maintenant de tomber dans l’escarcelle des fous d’Allah ?
L’Egypte ou de violentes manifestations se sont produites hier contre Moubarak, dont l’éventuel départ livrerait le pays aux “Frères musulmans” ? La Jordanie ?
La Tunisie elle-même, dont le peuple vient de faire la preuve de sa maturité et de son courage est-elle à l’abri de ces islamistes qui peu à peu sortent de l’ombre et se présentent masqués sous l’aspect de citoyens modernes et tolérants.
En présentant leur mouvement comme démocratique et non-sectaire, en jurant de conserver tous les acquis des régimes précédents, notamment quand aux droits des femmes, les intégristes du mouvement “Ennada”, abandonnant l’image des barbus en kamis qui leur colle à la peau, espèrent en se présentant en complet veston et rasés de frais, s’imposer ou en tous cas, peser lourdement sur le futur pouvoir.
Alors dans cette ambiance particulièrement dangereuse, on peut comprendre qu’un gouvernement israélien ne puisse pas s’engager allègrement dans un processus irréversible.
Peut-être alors serait-il judicieux en attendant d’y voir plus clair, de créer comme le suggère Avigdor Lieberman un état palestinien avec des frontières provisoires mais extensibles, pour donner du temps au temps et permettre aux Israéliens et aux Palestiniens d’apprendre à vivre en bon voisins, pas seulement au niveau de leurs gouvernants mais aussi et surtout au niveau des peuples.
André Nahum,
Mercredi 26 Janvier 2011