La parasha de cette semaine, Hayyei Sarah, commence par cette phrase très connue : וַיִּהְיוּ חַיֵּי שָׂרָה מֵאָה שָׁנָה וְעֶשְׂרִים שָׁנָה וְשֶׁבַע שָׁנִים שְׁנֵי חַיֵּי שָׂרָה:

La vie de Sarah a été de cent ans et vingt ans et sept ans, c’étaient les années de la vie de Sarah.

De nombreux midrashim célèbres s’intéressent à la tournure très particulière de cette phrase. L’un de ces midrashim raconte que Rabbi Akiva disait à ses élèves, lorsqu’ils s’assoupissaient pendant son enseignement : « Que vienne Esther qui a régné sur cent vingt sept états, et qu’elle illustre comment Sarah a vécu cent vingt sept ans ».

J’ai longtemps été intrigué par ce Midrash. Certes la coïncidence des cent-vingt-sept est troublante.

Certes, cette coïncidence a de quoi réveiller un élève qui s’endort. Mais que signifie-t-elle vraiment ? Au-delà de l’esthétique, y a-t-il un enseignement, une leçon de vie ? Et pourquoi Rabbi Akiva disait-il cela à ses élèves, et pourquoi particulièrement au moment où ils s’assoupissaient ? Quel rapport y a-t-il entre le fait qu’ils s’assoupissaient et cette similitude entre Sarah et Esther ?

Peut-on imaginer que Rabbi Akiva, qui était entre autres le Maître de Rabbi Meïr Baal Hanness et de Rabbi Shimon Bar Yohaï, rien moins !, ait pu dire quelque chose qui ne signifie rien ? Quel est donc le sens de cette analogie entre Sarah et Esther ?

Il semble que le Texte de la Torah répète avec insistance « la vie de Sarah », telle était « la vie de Sarah » en détaillant les années, les dizaines et les centaines, pour nous dire qu’elle a pleinement vécu, parce qu’elle a vécu intensément chaque instant. Comme Esther qui a régné sur cent vingt sept contrées, Sarah a régné sur chaque instant des cent vingt sept années de sa vie : elle a régné, sans jamais céder à la résignation, sur les cent ans, sur les vingt ans, sur les sept ans, et on pourrait poursuivre et sur chaque mois, chaque semaine, chaque jour … chaque seconde.

Voilà pourquoi Rabbi Akiva disait cela à ses élèves, précisément au moment où ils s’assoupissaient. Parce qu’ils passaient à côté de leur vie. Pour leur apprendre qu’il est important de vivre intensément chaque instant. Savoir que chaque instant de vie est un trésor immense qu’il faudrait faire fructifier.

Vivre c’est assumer pleinement son temps et, comme Esther sur son royaume et Sarah sur ses années, en régnant sur chaque instant de vie qui nous est donné, être toujours, autant que possible, maître du présent et capable de l’avenir.

LeHayim !

Jacob Ouanounou

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