L’entrée de l’Etat palestinien à l’Unesco lui ouvre les portes des candidatures au Patrimoine mondial. La guerre des sites culturels est rallumée

Cela n’a pas traîné. Vingt-quatre heures après l’entrée de l’Etat palestinien à l’Unesco, le gouvernement israélien a riposté hier en annonçant la construction de 2000 logements à Jérusalem-Est et le gel provisoire du transfert de fonds dus à l’Autorité palestinienne.

La guerre de territoires, pierre par pierre, neuves ou millénaires, risque donc bien de s’intensifier dans les mois à venir entre les deux frères ennemis. De leur côté, forts de leur nouvel outil onusien, les Palestiniens, qui ont vu dans le vote de lundi une «reconnaissance de la Palestine comme berceau des religions et des civilisations», vont multiplier les candidatures d’inscription de sites au Patrimoine mondial de l’Unesco. Et cela, dans des territoires occupés par Israël. Une vingtaine de dossiers seraient en préparation. Et nombre d’entre eux risquent bien d’être explosifs.

Les Palestiniens ont placé en tête des priorités l’église de la Nativité de Bethléem en Cisjordanie, lieu de naissance de Jésus. De quoi doper encore un peu plus le tourisme dans la ville la plus visitée des territoires palestiniens (1,5 million de visiteurs en 2010). Le dossier de candidature est déjà déposé et la demande devrait être examinée en juillet 2012 par l’Unesco.

Ce sont sur les sites exposés à de réitérées frictions entre juifs et musulmans que risquent évidemment de se focaliser toutes les tensions. Une guerre est déjà déclarée autour du tombeau de la matriarche biblique Rachel pour les Juifs, soit la mosquée Bilal Bin Rabah pour les musulmans, à Bethléem. Ainsi qu’à Hébron, autour du Caveau des Patriarches, tombe d’Abraham pour les juifs, alias Ibrahim pour les musulmans. Depuis 2002, ce site se trouve du côté israélien de la barrière de sécurité ou mur de séparation avec la Cisjordanie.

L’an dernier, plusieurs pays arabes avaient déposé une demande de protection à l’Unesco de ces deux monuments, en évoquant le fait qu’Israël les avait ajoutés à la liste de son patrimoine national et en se plaignant du «pillage systématique du patrimoine culturel palestinien par les autorités israéliennes». Désormais, l’Autorité palestinienne n’aura même plus besoin de porte-voix à l’Unesco. Elle pourra agir de son propre chef.

Les Palestiniens pourraient bien marquer leur territoire culturel en demandant également d’inscrire au Patrimoine mondial la ville de Jéricho, fondée en 9000 avant notre ère et la ville de Naplouse. Citées également, les grottes de Qumran, où furent découverts les Manuscrits de la mer Morte, et la mer Morte elle-même. Tous ces sites sont en tout cas répertoriés par le Département palestinien des antiquités.

A l’instar de la culture via l’Unesco, la stratégie palestinienne consistant à obtenir une reconnaissance au travers des agences onusiennes pourrait se poursuivre. Hier à Genève, le représentant de l’Autorité palestinienne Ibrahim Khraishi a déclaré qu’une entrée dans seize autres agences de l’ONU était programmée dans les semaines à venir.

Cathy Macherel

Tribune de Genève.ch

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires