La Parasha de cette semaine est cruciale : elle est le cadre où se joue la naissance de Jacob et sa bénédiction, point de départ ultime de l’histoire d’Israël, ce dernier nom étant lui-même dû à Jacob. Si tous les personnages bibliques qui ont été cités jusque là sont importants, ils ont tous donné lieu à des ramifications, à une descendance dont la Bible n’a pas jugé utile de suivre le parcours. Ici, Jacob est le personnage qui va servir de socle à l’histoire d’Israël, et cette dernière intrigue, cette dernière ramification cet aiguillage de l’Histoire est l’ultime étape pour le lancement de l’Histoire d’Israël. Un peu comme le lancement d’une fusée.

Aussi, rien n’y est gagné facilement : tout est obstacle. Et ceci est normal. En effet, si l’étape est décisive pour nous, elle l’est aussi pour les autres. Ainsi le combat est permanent et tout se gagne difficilement. Bien sûr, la bénédiction est gagnée de justesse, mais même l’aînesse est l’objet d’une lutte où le perdant – Jacob, au départ, puisqu’il n’est pas l’aîné « de naissance » – ne baisse pas les bras, jusqu’à racheter ce droit d’aînesse de façon acharnée.

On remarquera ici que l’aînesse se dit (békhora) בכרה, alors que la bénédiction, elle-même objet d’une lutte sans merci gagnée encore une fois de justesse par Jacob, se dit ברכה (bérakhah). Les mêmes lettres, dans un ordre différent, sont l’enjeu de toute l’intrigue en Jacob et Esaü. Des mots dont les racines trilitères sont formées par les lettres ב כ ר, dont les valeurs numériques respectives sont 2, 20 et 200. Un monde de deux.

En effet, l’aînesse donne droit à une part double, et il était naturel que le chiffre 2 y fasse une apparition insistante, donnant à la racine du mot une valeur de 222.

La bénédiction aussi évoque le chiffre 2, l’idée de combler le besoin et de permettre le superflu, qui va jusqu’au double des besoins. Au-delà de 2, il ne s’agit plus d’une bénédiction, mais d’une servitude. D’une certaine manière, au-delà de 2, l’abondance engloutit l’individu, au point de lui faire de l’ombre, de lui rendre plus difficile le fait d’exister par lui-même, indépendamment de la profusion qui l’entoure. Le portefeuille existe alors plus que l’individu, polluant sa vie privée comme sa vie sociale, comme ses enjeux personnels et la manière dont il se perçoit.

Le mot אחד, « un », a pour valeur numérique 13. Jacob fera treize enfants, comme s’il souhaitait proclamer l’Unicité de D. Dans la perspective patriarcale, où la descendance se construit en suivant les mâles, la naissance de sa fille Dina ne lui permettait pas d’installer treize tribus, mais seulement douze. Comme s’il s’agissait d’un acte manqué, il va tenter de rectifier cela dès la première occasion, pour créer une situation où il y aurait bien treize tribus : les deux fils de Joseph, Ephraïm et Manassé seront investis d’une position de tribus à part entière, comme « Ruben et Siméon ». Nous sommes donc bien un peuple de treize tribus, et non douze, proclamant ainsi l’unicité du nom de D., car, d’une certaine manière, dans les mathématiques juives, 1=13. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle la Bar Mitsva, la proclamation de l’identité juive de nos enfants, se fait à l’âge de 13 ans, un âge qui proclame aussi l’Unicité de D.

Mais le nom de D. qui exprime la Plénitude Absolue, ce Nom qui apparaît dans le Genèse juste après la création de l’Homme, ce Nom de quatre lettres que nous invoquons, sans avoir le droit de le prononcer, lorsque nous appelons la bénédiction, a pour valeur numérique 26, c’est-à-dire 2 dans les « mathématiques » particulière que j’ai citées ci-dessus.

Mais aussi, le Shabbat, qui est la première chose qui ait été bénie dans la Bible, qui est, ainsi que le mentionne le texte de Lekha Dodi la source de toute bénédiction מקור הברכה, le shabbat est formé des lettres שבת , qui sont, dans l’alphabet, les lettre qui suivent immédiatement les lettres ראש, la tête. Un peu parce que le Shabbat est quelque chose qui relève d’un autre monde, une part du monde futur, et, à ce titre, quelque chose qui est »au dessus de la tête », quelque chose qui dépasse la logique. Mais aussi, le mot ראש en hébreu évoque le chiffre 1, comme dans Rosh Hashana, Rosh Hodesh, ou tout simplement dans Bereshit, au commencement. Ainsi, comme élément consécutif à ראש, le Shabbat est d’une certaine manière le chiffre deux, le chiffre de la bénédiction, la source de la bénédiction : Berakha, c’est-à-dire 222.

Shabbat Shalom Mévorakh
Un Shabbat de Paix et de Bénédiction.

Jacob Ouanounou

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