La mariée sort du bus, dans sa robe blanche. Modeste mais impeccable. Une dizaine de proches, tous vêtus pour l’occasion, l’accompagnent. Le marié, de son côté, descend d’un autre bus, rayonnant de joie et de fierté. Le couple passe ensuite les contrôles de sécurité de rigueur pour pénétrer dans la mosquée Al-Aqsa, où la cérémonie sera célébrée.

Abdullah Abu-Awad et sa fiancée, Amira, entourés de leurs amis et familles, sont originaires de Kafr Kanna, près de Nazareth, en Galilée. Ils ont voulu célébrer leur union dans l’un des sanctuaires les plus sacrés de l’islam.
La cérémonie et les formalités ont été prises en charge par l’Association pour la préservation d’Al-Aqsa et des sites saints, organisation proche du Mouvement islamique en Israël. Le but : soutenir le projet « Mariages à Al-Aqsa » dans le secteur israélo-arabe. L’organisme prend ainsi en charge le transport des futurs mariés, les procédures administratives, le photographe et la couverture médiatique de la cérémonie.

Hekmat Naamna, président de l’association, explique : l’objectif est de renforcer les liens entre les Arabes israéliens et la mosquée. Pour au final attirer de plus en plus de fidèles et faire vivre le site au quotidien.

Car si la mosquée est pleine lors de la prière du vendredi, journée sainte pour les Musulmans, tout au long de la semaine, le Haram a-Sharif (le sanctuaire noble) est loin d’enregistrer une activité débordante.

Ainsi, depuis quelques années, le Mouvement islamique met les bouchées doubles. Des transports en bus pour les résidents du nord de Jérusalem sont organisés tous les vendredis, jour de prière, et lors des jours de fêtes. Avec la promotion des mariages à Al-Aqsa, l’association semble vouloir aller plus loin.
Lors de la cérémonie, le cheikh lit quelques versets du Coran, puis le couple signe son contrat de mariage. La famille félicite les jeunes mariés et un membre de l’association leur offre photographies de la mosquée et autres cadeaux symboliques.

Pour Amira Abd al-Hadi, « c’est une bénédiction ». Et la jeune mariée d’exprimer sa joie : « C’est le lieu le plus sacré pour nous après la Mecque et Médine ». Lorsqu’on lui demande si elle n’aurait pas préféré un mariage plus grandiose, ou un banquet à Kafr Kanna où tous ses amis auraient pu venir, elle est catégorique : « Certaines personnes organisent d’immenses mariages, et c’est un gaspillage d’argent. Elles devraient plutôt le donner à Zakat un organisme de charité islamique »>Article original ! »

Le but caché des mariages

Mais, selon le professeur Itzhak Reiter, membre du Collège académique d’Ashkelon et de l’Institut de Jérusalem pour les études en Israël, la promotion des mariages à Al-Aqsa dissimule plusieurs buts. « Le mouvement islamique s’adresse surtout aux unions modestes du secteur arabe. Il appelle à privilégier le côté religieux de la cérémonie – signer le contrat de mariage et lire le Coran – plutôt que d’organiser des fêtes exubérantes. Il s’assure ainsi que la cérémonie est conforme aux lois islamiques. Et surtout, il tente de renforcer les liens entre la mosquée et la population arabe d’Israël. »

L’association met en place de nombreuses initiatives. « Ils ont organisé un concours annuel pour les enfants, afin de les encourager à étudier et à écrire sur Al-Aqsa. Ils assurent le transport des fidèles par bus, ont fondé des camps d’été pour jeunes pour leur faire découvrir la mosquée. Ils inventent des quiz sur le Ramadan et bien d’autres actions encore », précise Reiter.
 »Depuis 1996, l’importance politique et religieuse d’Al-Aqsa n’a cessé d’augmenter aux yeux des leaders du mouvement islamique », estime l’expert. Et de poursuivre : « Ils dirigent tout ce qui touche au lieu saint et répètent sans cesse que la mosquée ‘est en danger’. »

« Derrière tout cela : le cheikh Raëd Salah, chef de la branche Nord du Mouvement islamique. Il est évident que Salah ne se conçoit pas seulement comme le chef des Arabes israéliens, mais comme un véritable leader de l’islam. Et parmi les cordes à son arc : mettre en avant les problèmes de la mosquée Al-Aqsa. De quoi toucher tous les Musulmans », précise Reiter.

La volonté de lier le mariage à une cause symbolique n’est pas propre à Al-Aqsa. « De nombreux couples chrétiens palestiniens choisissent de se marier à Biram et Ikrit, deux villages marqués par les combats de la guerre d’Indépendance de 1948. La vieille église est toujours debout, et les descendants des villageois de l’époque viennent de très loin pour s’y unir », précise-t-il.

Les activistes de l’organisation pour la préservation d’Al-Aqsa et des lieux saints travaillent dur pour sensibiliser les jeunes couples d’Oumm el-Fahm, Kafr Kanna, Taoba, Baka al-Gharbiya et autres villes et villages du secteur arabe. Ils tentent ainsi de les convaincre de venir se marier à Al-Aqsa. Nombreux sont ceux déjà inscrits sur une liste d’attente. Car la direction du projet espère que « chaque jeune couple en Palestine honorera et respectera Al-Aqsa en venant s’unir ici ».

KSENIA SVETLOVA

JPost.com

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