Les échanges commerciaux et les partenariats entre les entreprises vont dépasser le bras de fer auquel peuvent se livrer les politiques. Cela devrait permettre d’assurer la continuité des relations bilatérales, estiment les milieux d’affaires israéliens.
La presse turque a unanimement condamné Israël, le qualifiant d' »Etat terroriste », mais les intérêts économiques semblent plus forts que tout.

Les tensions grandissantes entre Israël et la Turquie, après l’attaque israélienne, le 31 mai, contre les bateaux d’aide humanitaire à destination de Gaza, ont d’ores et déjà des répercussions sur les relations financières et commerciales des deux pays. Le 3 juin, Ankara annonçait la suspension de tous ses projets d’infrastructure en partenariat avec Israël. Des hommes d’affaires turcs annulent des réunions avec leurs partenaires israéliens. Quant au tourisme entre les deux pays, il semble s’être arrêté net. En outre, des sociétés d’investissement turques comme Helman Aldubi ont annoncé qu’elles renonçaient à des projets en Israël, et de nombreux Israéliens appellent à un boycott de tous les produits turcs. Quand aux relations entre le shekel et la nouvelle lire turque, elles n’ont jamais été aussi brouillées.

Selon le Syndicat patronal israélien (MAI) et l’Institut d’exportation et de coopération internationale (IEI), quelque 900 grandes sociétés israéliennes sont actuellement implantées en Turquie, principalement dans la chimie, l’industrie pharmaceutique, les fournitures médicales, les logiciels et les communications, sans oublier bien sûr les divers prestataires dans le domaine de la défense. Parmi ces sociétés, on trouve certains des plus grands groupes israéliens, comme Elbit Systems, Israel Chemicals, Israel Aerospace Industries (IAI), Netafim Crop et Israel Oil Refineries (ORL). Les chiffres de l’IMA et de l’IEI indiquent qu’en 2009, quelque 1 050 petits exportateurs avaient des liens commerciaux avec la Turquie et que 557 d’entre eux y réalisaient des ventes importantes. Pourtant, le ministère de l’Industrie, du commerce et du travail refuse de divulguer les noms de toutes les sociétés israéliennes qui font du commerce avec la Turquie, confidentialité oblige. Cette décision pourrait aussi traduire la volonté de protéger les sociétés israéliennes d’un éventuel embargo — ou pire encore.

En 2009, le commerce d’Israël avec la Turquie a représenté 2,5 milliards de dollars 2,07 milliards d’euros »>Article original se répartissant entre 1,4 milliard de dollars 1,16 milliards d’euros »>Article original pour les importations et 1,1 milliard de dollars 91 millions d’euros »>Article original pour les exportations. La même année, la Turquie venait au dixième rang des marchés d’exportation d’Israël, représentant au total 1,6 % de l’ensemble des exportations israéliennes, lesquelles ont totalisé 67,5 milliards de dollars 55,97 milliards d’euros »>Article original. Toujours en 2009, la valeur des biens et services exportés par la Turquie s’élevait à 109,7 milliards de dollars 90,96 milliards d’euros »>Article original, dont 2,2 % vers Israël.

« Il serait à la fois exagéré et irréaliste de parler de boycott et de rupture totale des liens entre les deux pays », déclare Dan Catarivas, directeur des Affaires internationales au sein du MAI. « Il faut savoir raison garder. Les nombreux échanges économiques entre les deux pays vont perdurer. Les intérêts communs – de chaque côté de la frontière – sont plus forts que les déclarations d’hostilité ». La décision de la Turquie de suspendre tout projet de coentreprise « est une décision politique, qui n’est même pas sûre de pouvoir être appliquée car elle contredit plusieurs traités internationaux – comme ceux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – que la Turquie a approuvés et qui interdisent de telles mesures ».

D’après Catarivas, même si la Turquie déclarait un embargo contre Israël, cette décision n’affecterait que le secteur public du pays, « lequel ne représente qu’une petite partie des activités israéliennes en Turquie ». Jérusalem et Ankara pratiquent le libre échange et sont dotées de milieux économiques puissants et indépendants des gouvernements, ajoute-t-il. « L’essentiel de ces activités étant de nature commerciale, les forces financières l’emporteront sur toute forme de pression politique ». D’après lui, « le mouvement de panique générale – comme si Israël et la Turquie étaient sur le point de rompre toute relation – » est presque entièrement fabriqué par les médias. « Je ne connais aucune entreprise turque ayant rompu ses relations avec des partenaires israéliens et aucun importateur ou exportateur israélien désireux de le faire ». Quant aux craintes concernant la vente d’armes par des entreprises israéliennes à Ankara, ces allégations pourraient un jour se retourner contre Israël. Catarivas déclare faire confiance aux garde-fous mis en place par le secteur militaire pour « éviter que des exportations israéliennes n’atterrissent entre de mauvaises mains ».

Catarivas a ensuite balayé les déclarations selon lesquelles la poursuite des échanges commerciaux avec Turquie s’apparenterait à un acte de trahison et d’égoïsme. « Il est dans l’intérêt d’Israël de maintenir des liens commerciaux avec le maximum de partenaires possible, y compris la Turquie. L’existence d’Israël repose sur le maintien de ses exportations et de ses activités commerciales. Nous employons des milliers de personnes, ce qui profite à Israël autant que la fierté nationale. A mon avis, faire des affaires – même avec la Turquie – relève du véritable patriotisme ».

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