Succès des diplomaties américaine et allemande, échec des Français, mise à l’écart d’Abbas au profit du Hamas… Et si on assistait aux prémices d’un printemps palestinien?Benjamin Netanyahou n’a pas caché que le prix payé pour la libération du soldat Shalit était élevé car plusieurs dizaines de terroristes seront libérés alors qu’ils avaient été condamnés lourdement pour leur participation à des attentats sanglants contre des civils sur le sol israélien. Le Premier ministre israélien a estimé qu’il a dû prendre «une décision difficile, mais que le leadership est testé dans ces moments-là, sur sa capacité à prendre des décisions difficiles». Il a expliqué que, depuis son arrivée au pouvoir, il était hanté par la libération de Gilad Shalit, quitte à transgresser le dogme du refus de négocier avec des preneurs d’otages.

Netanyhaou a estimé que les turbulences liées aux révolutions arabes et les difficultés que rencontrait le Hamas avec la perte du soutien syrien lui offraient une opportunité. Il sait qu’après avoir supporté la présence des parents de Gilad Shalit dans une tente installée près de son bureau, il aura à présent à faire face aux parents des victimes, furieux de voir que les assassins de leurs proches sont en cours de libération. La famille Shalit vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle quittait la tente de protestation à Jérusalem pour rejoindre son domicile en Galilée.

Fort du soutien de l’armée qui tenait à respecter son dogme de porter secours à tout soldat en difficulté sur le champ de bataille, quels que soient les risques, Benjamin Netanyahou a bataillé avec les responsables de la sécurité intérieure qui craignaient les actions futures des experts terroristes libérés. Les dirigeants politiques et sécuritaires ont fini par accepter la libération de 1.027 Palestiniens en échange d’un seul soldat dans le cadre d’une première dans l’histoire d’Israël.

Pari risqué, car l’expérience passée démontre que les terroristes reprennent parfois du service. Samir Kuntar avait été libéré en 2008 par le gouvernement israélien en échange des dépouilles de deux soldats israéliens, Eldad Regev et Ehud Goldwasser. Il avait vite retrouvé l’action violente.

La diplomatie efficace des Américains

Les négociations ont été menées par deux équipes différentes pour garantir une fin rapide. Les Américains ont pris une part importante dans un dialogue secret. Le nouveau secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a cautionné les négociations entre Israël, l’Égypte et le Hamas au Caire à l’occasion de son voyage les 3 et 4 octobre. Il a exploité la situation précaire à Damas du chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, désormais au Qatar, en le persuadant d’être partie prenante dans la discussion.

La diplomatie secrète des Américains a été efficace. L’approche des élections législatives en Égypte et l’influence croissante des Frères musulmans ont poussé l’administration Obama à ouvrir le dialogue avec les leaders islamistes pour les couper de l’influence iranienne. En effet, des diplomates américains ont précédé Leon Panetta, le 2 octobre au Caire, pour prendre langue avec des représentants des Frères musulmans. Ainsi la délégation américaine conduite par Prem G. Kumar, de la Maison Blanche, directeur des affaires israéliennes et palestiniennes au Conseil national de Sécurité, anticipait le dialogue avec les Frères musulmans.

Les représentants du gouvernement américain n’en étaient pas à leur premier contact avec les membres de la branche politique égyptienne des Frères musulmans. Ils avaient assisté, avec le premier secrétaire de l’ambassade américaine au Caire, à une réunion au siège du parti Liberté et Justice. L’administration du président Barack Obama ne croit pas que les Frères musulmans soient une menace pour la région et elle fait confiance à leur désaveu du terrorisme. Elle a pris la décision de traiter le mouvement islamiste comme un parti politique et non comme une organisation qui prône la destruction d’Israël et l’établissement d’un gouvernement conforme à la charia égyptienne.

Dans une interview à la chaîne égyptienne Al-Hayat TV 3″>Article original, Hillary Clinton avait expliqué comment elle entendait traiter avec les islamistes en Égypte:

«Nous serons prêts à ouvrir le dialogue et à travailler avec un gouvernement qui a des représentants qui se sont engagés à la non-violence, qui sont attachés aux droits de l’homme et qui se sont engagés à la démocratie émergée à la place Tahrir.»

Le nouveau secrétaire à la Défense a donc reçu pour mission d’engager des négociations avec les Frères musulmans. A son arrivée au Caire le 4 octobre, Leon Panetta avait trouvé un accord pratiquement scellé ébauché par la deuxième équipe de négociateurs.

L’intervention allemande

L’accord a été arraché grâce à la ténacité du négociateur allemand et au soutien inconditionnel d’Angela Merkel qui a mis tout son poids dans la balance. Sous l’œil bienveillant des Allemands, le représentant du Premier ministre israélien, David Meidan, a négocié directement les noms des prisonniers libérables avec le commandant de l’aile militaire du Hamas, Ahmed Jabri qui se trouve au Caire depuis le mois d’avril pour des entretiens avec le chef des services de renseignements égyptiens.

La signature de cet accord conforte les Israéliens dans leur volonté de négociation directe qui vient de prouver son efficacité. Le Hamas et Israël se sont trouvés à la même table pour marchander, point par point, les termes de leur accord. En menant une série de discussions directes et indirectes, ils ont démontré que les intermédiaires n’avaient pas vocation à favoriser rapidement une solution.

L’échec de la voie française

Par ailleurs la libération de Shalit consacre l’échec de la diplomatie française au Proche-Orient. Nicolas Sarkozy a été disqualifié pour intervenir comme arbitre en raison de ses nombreuses prises de position pro-palestiniennes et de son attitude ambiguë. Le communiqué laconique du président de la République ne masque pas sa déception:

«Depuis le 25 juin 2006, la France n’a cessé d’agir, en coopération avec les autorités israéliennes et celles d’autres pays, pour que Gilad Shalit, ressortissant franco-israélien, soit libéré.»

Le Quai d’Orsay, suspect de sympathies pro-arabes depuis l’arrivée d’Alain Juppé à sa tête, n’a pas été mis dans la confidence, ni inséré dans le processus de libération. L’échec français a été ainsi consommé car le soldat franco-israélien a été libéré grâce à l’efficacité, à la neutralité et au silence politique d’Angela Merkel qui a démontré que la diplomatie discrète allemande savait s’élever au-dessus des intérêts personnels des États.

Le Hamas supplante Abbas

Cet accord consacre aussi l’échec politique de Mahmoud Abbas qui se voit voler la vedette par son concurrent direct, le Hamas. Ismael Haniyeh, le leader de Gaza, sort renforcé de son bras de fer avec le président puisqu’il va bénéficier de l’impact de la libération du millier de prisonniers dont la plupart vont le rejoindre. Il devient ainsi le champion de la cause palestinienne. Mahmoud Abbas paie son entêtement à vouloir défier Barack Obama et semble avoir été volontairement écarté de ces négociations car il n’avait pas tenu compte des menaces américaines qui lui conseillaient de surseoir à son projet de reconnaissance par l’ONU d’un État palestinien.

Le contact direct entre Israël et le Hamas pourrait présager d’une nouvelle ouverture politique tendant à insérer les islamistes dans le processus de paix moribond. Israël n’a par ailleurs plus de raison de maintenir le blocus de la bande de Gaza, imposé en raison de l’enlèvement de Guilad Shalit. Un printemps palestinien est peut-être en marche.

Jacques Benillouche Slate.fr

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Armand Maruani

Je suis navré de ce  » copier coller  » lu dans le  » Figaro  » . Mais cela montre à quel point l’ingratitude de la France . Israël n’hésite pas une seconde quand il s’agit de combattre le terrorisme , avec tous les risques que cela comporte . Par contre , pour défendre ses propres intérêts , la France n’hésite à assister des  » rebelles muzz  » et d’assassiner sous le couvert de l’OTAN un tyran jadis reçu en grande pompe qui devenait gênant . Un Juif ne pèse pas lourd dans tous ces calculs d’épiciers à l’odeur de pétrole

Voici ce que je souhaitais rappeler aux autorités françaises qui se gargarisent d’avoir participé à la libération de Gilat Shalit alors qu’il n’en est rien . Tandis que les israëliens aprés avoir participés à la libération d’Ingrid Bettencourt gardent le triomphe plus que modeste . J’aimerai remarquer aussi l’ingratitude d’Ingrid Bettencourt pour avoir garder le silence pendant que l’un des fils de ceux qui l’ont sauvée croupissait dans les geoles de cette pourriture du hamas . Il vaut mieux être chrétienne que juif , votre vie en dépend . Le pape ne s’est pas trompé en la recevant avec tous les honneurs d’une star .

 » Les Israéliens revendiquent leur rôle dans l’opération  »
Marc Henry
04/07/2008 | Mise à jour : 21:37 | Le Figaro

Des spécialistes israéliens auraient préparé leurs collègues colombiens pour l’opération de libération.

Les experts israéliens en matière d’opérations spéciales auraient réussi un très beau coup, en supervisant l’entraînement des commandos colombiens qui ont libéré Ingrid Betancourt. Israël Ziv, patron d’une société de conseil en matière de sécurité, Global CST, et ancien chef des opérations à l’état-major, ainsi que Yossi Kupperwasser, ex-patron du service de recherche des renseignements militaires, ont été vus dans la base où le commando colombien s’est entraîné dans un environnement spécialement conçu pour ressembler à celui du lieu où était détenue Ingrid Betancourt.

Plusieurs dizaines de spécialistes du renseignement et autres missions spéciales ont participé à la formation de leurs collègues colombiens. Israël Ziv, cité par la presse à son retour de Bogota, a pour sa part qualifié ce fait d’armes d’ «Entebbe colombien», une allusion à l’opération menée il y a trente-deux ans, jour pour jour, à plusieurs milliers de kilomètres d’Israël, en Ouganda, pour sauver les 244 passagers d’un avion d’Air France détourné par des Palestiniens et des extrémistes allemands.

«Ingrid Betancourt était devenue au fil des ans un symbole de la lutte internationale contre le terrorisme, a affirmé Israël Ziv au quotidien Haaretz. L’opération qui a été menée pour la libérer est digne des unités spéciales de n’importe quelle armée dans le monde» , a ajouté ce général de réserve. Il a toutefois eu le triomphe modeste et n’a pas donné l’impression de tirer la couverture, en soulignant qu’il ne « faut pas exagérer notre part dans cette opération». Un responsable de Global CST, cité par les médias, a expliqué que la société a aidé les Colombiens à s’organiser « comme il faut dans la lutte antiterroriste, à exploiter correctement les renseignements et à penser de façon efficace d’un point de vue opérationnel et stratégique».

Coopération militaire
L’intervention israélienne dans le drame d’Ingrid Betancourt date d’un an et demi, lorsque les autorités colombiennes ont demandé l’aide de l’État hébreu dans leur lutte contre les Farc. Cette démarche a été facilitée par les relations très étroites entretenues par les deux pays sur le plan militaire. Israël a ainsi vendu à Bogota des avions, des drones, avions de reconnaissance sans pilotes utilisés pour des missions de surveillance, ainsi que du matériel de renseignement. À la demande du ministère de la Défense, Global CST a répondu à la demande de la Colombie.

francine

desolee pour madame nicole guedj quand elle dit que la france est pour beaucoup dans la liberation de guilad ce n est pas vrai ,un seul qu il faut saluer et qui est pour beaucoup c est monsieur goasquen excuser moi si j ai ecorche son nom. alors on veut manger une part du gateau non monsieur juppe pro palestinien vous n y etes pour rien dans cette affaire, non monsieur sarkosy vous aussi n etes pour rien comme d habitude la france esr frileuse quand il faut prendre des decisions contre la communaute musulmane mais je vous comprends ils sont majoritaires pauvre france dans une dizaine d annees qui sera completement islamisee ce sera trop tard pour les francais. j espere seulement qu a ce moment la je serais en israel pays des juifs n en deplaise a sarkosy, juppe et la tortue d aubry bonne fete de souccote a tout les juifs et surtour a guilad chalit qui nous a fait tous pleurer

Lucid111

Je me permets de rajouter un bémol, sur le fait que le blocus correspond aux conditions fixées et acceptées lors du désengagement en 2006, par un contrôle sur les mouvements d’armes et de terroristes. Même s’il a été durci pour faire pression pour la libération de Guilad, cette libération ne peut préjuger en rien de l’assouplissement du Hamas qui crie haut et fort qu’Israêl ne comprends que la résistance dure et qu’il faut la continuer ‘( cf commentaires de l’envoyé spécial télévisé à Gaza) Le Hamas ne veut que la destruction d’Israêl,c’est écrit dans sa Charte.
Je comprends et partage votre liesse pour le retour de Guilad, mais pas d’angélisme, Il n’y aura pas de printemps !, par contre il y aura des investissements français qui ont surement fait pencher le Hamas. Le couple franco-allemand est très soudé, Et je crois en la sagacité de la France à savoir planter ses jalons !

Lucid111

J’apprécie suffisamment la consistance et la pertinence de vos analyses, pour être désolée de l’emploi du mot « dogme » , qui, a mon sens recouvre une notion sacro-sainte indiscutable et imposée.
Vous vous plaisez à l’ utiliser à la place de ETHIQUE, de ligne de conduite du gouvernement, de PRINCIPE tacitement observé par le peuple…
La religion juive n’est pas dogmatique,elle respecte le lire arbitre de chacun . Israël est une démocratie.
merci .