Ce sont les innovations qui tout au long de l’histoire ont fait et défait les empires.
Le départ de Steve Jobs, quittant la direction opérationnelle d’Apple après une récidive d’un cancer surgi il y a plus de sept ans, est l’occasion de réfléchir au rôle des innovations dans l’Histoire.


De tous temps, ce sont elles qui ont fait et défait les empires, depuis la roue, le joug, la métallurgie, le gouvernail d’étambot, l’imprimerie, la machine à vapeur et tant d’autres.



Depuis que les Etats-Unis sont apparus sur la scène de l’Histoire, l’innovateur s’est très souvent confondu avec l’industriel qui met en oeuvre son innovation. Rockefeller, Edison, Ford, parmi d’autres, ont compris qu’une innovation devait d’abord servir un marché : celui des hommes d’abord avec l’automobile. Celui des femmes ensuite en envahissant la maison (réfrigérateur, machine à laver, télévision).



Steve Jobs, figure tragique, surgi de nulle part, sans soutien d’aucune sorte, a, lui, compris avant tout le monde que le marché suivant, nécessairement mondial, serait celui des jeunes : distraire, communiquer, apprendre. Et qu’on ne pourrait les toucher que par des objets beaux, simples ; et en commençant par les aider à obtenir ce qu’ils aiment le plus au monde : la musique.


D’autres ont développé pour cela des logiciels ; Jobs a, lui, compris qu’ils ne seraient rien sans les machines pour les utiliser. Il a compris aussi que l’avenir n’est pas, comme on l’a trop dit, à des sociétés post-industrielles, où domineraient les services, mais à des sociétés hyper-industrielles, où des services seraient transformés en objets industriels, créant le besoin de nouveaux services. Et il a produit ces machines nouvelles, c’est-à-dire les objets nomades dont les jeunes ont besoin. Et tous ceux qui, moins jeunes, veulent rajeunir en les utilisant.



Sa firme, devenue première mondiale, prépare les futures objets nomades : une télévision et sans doute demain des machines d’éducation et de santé.


Ce visionnaire l’a fait à l’échelle mondiale : il a d’ailleurs plus industrialisé la Chine que les Etats-Unis et il y a créé plus d’emplois. Il l’a fait aussi en mettant en place un univers fermé, protégé, pour les services associés, fermeture qui n’est possible que si les objets nomades sont assez séduisants pour justifier cette contrainte ; et si la priorité reste à l’accumulation personnelle et non au partage, ennemi du monde selon Jobs.



Le monde à venir, qui justifierait la vision de Jobs, serait donc un monde rassemblé, où la règle de droit s’appliquerait partout, et où les jeunes l’emporteraient.



Aujourd’hui, tout nous en éloigne : le monde se fractionne, la règle de droit s’effrite. Et le pouvoir appartient aux seniors, de plus en plus nombreux. Et ces seniors ne font rien pour assurer aux plus jeunes de quoi acheter les nouveaux produits nomades, qui pourraient relancer la croissance.



Ainsi, Apple ne peut pas être une source d’innovation suffisante pour relancer la croissance, aussi longtemps que n’a pas lieu une révolution institutionnelle majeure, qui assurerait aux plus jeunes un revenu stable, comme le fut la fixation des salaires pour l’automobile ou les allocations familiales pour les biens d’équipement ménager. On en est loin, très loin, dans un monde où les jeunes sont, mondialement, les premières victimes du chômage. Et personne n’assurera à tous les jeunes du monde l’argent de poche nécessaire à l’achat de ces biens.



Le monde selon Jobs n’est pas encore pour demain. Et plus loin encore est le monde du partage, qui allierait celui de Jobs et celui de la gratuité.

Jacques Attali

Slate.fr

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ABEL

Oui, absolument JANKEL, les Conseilleurs ne sont pas les payeurs ! ON a pu le voir à l’oeuvre et juger de ses capacités quand il a pris le gouvernail d’une fameuse banque, il y a peu de temps de cela, à LONDRES ! Il navigait entre zéro et epsilon, ce qu’il vaut encore aujourd’hui ! Et heureusement qu’il a été viré comme une malpropre assez vite, autrement, il aurait pu couler la banque, comme cela a été le cas de cet énarque d’HADERER, à l’époque, qui a coulé le CREDIT LYONNAIS, qui était l’une des premières banques mondiales ! Tous ces diplômés, ces élites (soi-disant) ne sont bons que dans la réthorique, à s’écouter parler, et rien d’autre !
Que notre Conseiller aille prendre quelques vacances, et surtout qu’il essaye de dormir un peu plus, cela lui fera probablement le plus grand bien, et qu’il ait l’intelligence de quitter la scène médiatique, et de nous laisser en paix ! AMEN !
ABEL

jankel

Jacques Attali nous rabat les oreilles de ses niaiseries prospectives à la gomme.
Que n’a-t-il refait le monde à l’endroit quand il était au Pouvoir Occulte-Officiel?
Baratin qui rapporte par les jobards qui achètent ses livres….
Son « nomadisme » débile dépend toujours de Serveurs absolument pas nomades et rqui relèvent davantage de Big Brother que de la liberté du Samoyède.
Attali est ce que depuis 50 ans j’appelle les Cons-Savants; diplômés géniaux hypomanes à 4 heures de sommeil/jour mais absolument incapables de gérer quoi que ce soit sérieusement et de prendre de Vraies Décisions utiles.

Chesther

Pas d’accord avec J. ATTALI sur le fait que les séniors ne participent pas à la croissance des nouvelles technologies :  » Et ces seniors ne font rien pour assurer aux plus jeunes de quoi acheter les nouveaux produits nomades, qui pourraient relancer la croissance ».

Les séniors font leur travail de transmission (histoire – éducation – évolutions) … Par contre l’état ne fait rien pour intéresser les jeunes à la recherche. Pour ce faire, il vaut mieux suivre l’exemple d’Israël !

J’ai envie de lancer une idée sur comment arrêter la prolifération d’algues vertes sur les côtes bretonnes ? Ce problème que les « écolos » occultent complètement, m’interpelle, et j’aimerais bien que les médias en parlent davantage, ne serait-ce que pour SAUVER LA MER !

Armand Maruani

J’aurai aimé que monsieur Jacques Attali se concentre un peu plus sur les problèmes que traversent le Peuple Juif et Israël . Qu’il pèse de tout son poids pour aider Gilad Shalit à sortir des geoles du hamas par exemple . On aurait été plus sensibles que cette histoire de Job . qui est belle certes , mais sur ce site nous avons d’autres soucis .