Jacques Attali : « Les mesures les plus difficiles n’ont pas été appliquées »Économiste et écrivain, Jacques Attali a été l’auteur, en 2008 et 2010, de deux rapports sur la croissance française.
Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
Le deuxième rapport que j’ai fait à Nicolas Sarkozy a été appliqué en partie.
Le précédent gouvernement a mis en œuvre la rupture à l’amiable du contrat de travail, la réforme de la représentation syndicale, le regroupement des universités, le grand emprunt, le statut d’auto-entrepreneur, la loi de modernisation de l’économie, et la TVA sociale, qui n’a finalement pas été appliquée.
Toutes ces décisions venaient de notre rapport, même si les ministres ne le disaient pas.
Cependant, cela ne représentait qu’un gros quart de nos préconisations.
Les mesures les plus difficiles n’ont pas été appliquées : la réforme fiscale, celle de l’école, la réduction des dépenses publiques.
Le pouvoir politique est libre, c’est lui qui porte la responsabilité, lui qui est élu ou battu.
Nous sommes en démocratie.
Les rapports sont là pour éclairer le débat politique.
Ceux qui les écrivent parlent au nom des générations suivantes, celles qui n’ont pas encore le droit de vote.
Le travail des experts sert à préparer l’opinion publique, à faire de la pédagogie politique, à expliquer les enjeux.
Le pouvoir commandait des rapports à Turgot, à Necker, à de grands économistes.
Mais il ne les appliquait pas.
Cela a débouché sur la Révolution, qui a finalement mis en œuvre ces rapports à grande vitesse.
La France est comme ça : elle accumule des projets pendant des années, pour finir par les imposer de façon brutale.
Appliquer intégralement le rapport de la commission Attali !
lpropos recueillis par Élodie Bécu/ L’Alsace.fr Article original
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