Suite de la Grande Histoire du Sionisme, à l’occasion de Yom Hazikaron et Yom Haatsmaout/65 ème anniversaire, qui débutera Lundi 15 Avril 2013, et se poursuivra Mardi 16 Avril.

Hag Saméah. LA GRANDE HISTOIRE DU SIONISME – 1ère Partie

Article original

La fondation de l’Organisation sioniste mondiale et la seconde aliyah – 1897-1918


Nathan Birnbaum

Au milieu des années 1890, une idéologie sioniste existe déjà. Le terme « sionisme » lui-même a été créé par Nathan Birnbaum en 1886. Il s’impose progressivement dans les années 1890.

Ce proto-sionisme a son organisation, son objectif territorial, ses premiers militants. Mais son influence reste très marginale, et son organisation est très limitée.

Le changement va venir de Theodor Herzl (1860-1904).

Theodor Herzl Article original

En 1894, ce journaliste hongrois assiste à Paris à la dégradation du Capitaine Dreyfus, sous les cris de « Mort aux Juifs ».

Il indiquera a posteriori que cette situation avait été un choc pour lui, sans que son « Journal », « pourtant riche en introspection, et fourmillant de références historiques – ne présente »>Article original un quelconque indice de la centralité de l’affaire Dreyfus dans le réveil de l’identité juive de Herzl »>Article original ».

L’Autriche était un pays où l’antisémitisme était développé. Mais la France était censée être immunisée contre l’antisémitisme. C’était le pays qui, le premier au monde, avait donné une totale égalité civique aux Juifs, en 1791. C’était aussi le pays qui avait donné la nationalité française aux Juifs indigènes d’Algérie en 1871 (décret Crémieux). Elle représentait la modernité occidentale en marche vers plus d’égalité.

Herzl avait tiré comme conclusion de sa déception qu’il était illusoire pour les Juifs de chercher leur salut dans l’assimilation, et qu’ils devaient posséder leur propre État, refuge pour tous les Juifs persécutés.

En 1895, il adhère à la thèse du sionisme et le 15 février 1896, il publie Der Judenstaat (L’État des juifs), un livre dans lequel il appelle à la création d’un État pour les Juifs. Espérant le soutien des grandes puissances, il le fait en tentant de se placer dans la continuité des idéologie coloniales de l’époque : « Pour l’Europe, nous formerons là-bas un élément du mur contre l’Asie ainsi que l’avant-poste de la civilisation contre la barbarie ».

Theodor Herzl n’est pas un grand théoricien. Son œuvre théorique est modeste. Il a par contre été un bon organisateur, fédérant et orientant un sentiment nationaliste plus ou moins diffus, qui peinait à s’organiser.

Les congrès sionistes – définition des objectifs et des moyens

Le premier congrès et la fondation de l’Organisation sioniste mondiale

En 1897, Herzl convoque à Bâle (en Suisse) le premier congrès sioniste mondial. Il aurait souhaité que toutes les communautés juives envoient des représentants. En fait, le congrès est un succès limité. Herzl est encore peu connu, et sa capacité d’attraction l’est donc aussi.

Fait révélateur des oppositions religieuses, « le premier congrès sioniste ne put être tenu à Munich à cause des protestations indignées du rabbinat allemand».

Deux cent quatre délégués se présentent cependant, surtout en provenance d’Europe centrale et orientale, et le congrès de Bâle est généralement cité comme étant le véritable début du sionisme.

Le congrès va prendre plusieurs décisions :

– Le sionisme a pour but la création d’un foyer national juif.
– L’organisation sioniste mondiale (OSM) est créée pour coordonner l’action politique sioniste au niveau mondial. Theodor Herzl en est nommé son premier président.
– L’OSM agira au niveau diplomatique pour faire reconnaître les objectifs du sionisme par les grandes puissances.
– Des congrès auront lieu régulièrement pour coordonner les actions.

Fait important, l’OSM n’est pas une organisation exclusive exigeant le monopole de la représentation politique du sionisme. Les partis politiques qui le souhaitent pourront se constituer et adhérer au mouvement sioniste mondial.

La structuration du Sionisme : institutions sionistes et travail politique

Le congrès de Bâle avait posé des principes et des projets. Restait à les mettre en œuvre. Pendant les années suivantes, Herzl et les premiers sionistes mènent une propagande importante au sein des communautés, surtout européennes.

Ils mènent aussi une action diplomatique intense auprès des grandes puissances de l’époque.

L’Organisation sioniste mondiale tente prioritairement de négocier avec le Sultan Ottoman, auquel appartient la Palestine, par le biais de l’empereur allemand Guillaume II, mais sans succès.

Le grand objectif de Herzl devient alors d’obtenir qu’une puissance coloniale accepte d’établir une colonie de peuplement juive en Palestine. À l’époque, cette idée de colonie de peuplement est un aspect parfaitement admis du discours et de la pratique coloniale (Afrique du Sud, Algérie, Nouvelle-Zélande, Canada, Australie…).

Dans le même temps, il ne faut pas provoquer de rupture entre les sionistes et l’empire ottoman, gestionnaire de la Palestine, qui pourrait se sentir menacé et interdire toute immigration. Aux Ottomans, Herzl fait donc valoir que les Juifs apporteront compétences techniques et capitaux, gages d’une modernisation du pays.

En 1898 et 1899, de nouveaux congrès sionistes ont lieu à Bâle, à chaque fois avec un peu plus de succès.

Lors du troisième congrès, en 1899, le lancement de la Banque coloniale juive est décidé. Elle est chargée du financement des activités d’achats de terres en Palestine.

En 1900, le quatrième congrès sioniste se tient à Londres.

En 1901, le cinquième congrès sioniste décide à Bâle la création :

– du Fonds national juif, chargé de l’achat des terres en Palestine. Cette politique est l’une des sources de l’hostilité arabe, car bon nombre de terres vendues sont des métairies dont les fermiers sont expulsés par les propriétaires fonciers (souvent des notables syriens).

– du Keren Kayemeth LeIsrael (K.K.L.), chargé de la gestion des terres achetées dans l’intérêt de l’ensemble des Juifs de Palestine. Le KKL est encore aujourd’hui la base du domaine foncier public israélien. Le modèle de propriété collective des terres achetées (qui ne signifie pas forcément une gestion collective) sera le modèle dominant d’appropriation de la terre par les Juifs en Palestine.

En 1902, Theodor Herzl publie un roman d’anticipation Terre ancienne, terre nouvelle, dans lequel il évoque la vie dans le futur État et décrit le sionisme comme « un poste avancé de la civilisation, un rempart de l’Europe contre l’Asie, s’opposant à la barbarie ».

L’option territorialiste – 1903-1905

Israel Zangwill, principal leader des territorialistes, en 1905.

Depuis les prémices du sioniste, la Palestine était au centre du projet d’un État juif. Mais l’hypothèse palestinienne avait une grosse faiblesse : la Palestine faisait partie de l’empire ottoman, et celui-ci n’avait aucun intérêt à « donner » la Palestine aux Juifs.

1903 est l’année des terribles pogroms de Kichinev. Ceux-ci seront suivis par une série d’autres pogroms jusqu’en 1906. L’émotion dans le monde occidental est grande, tant les pogroms ont été sanglants.

Cette émotion est une des raisons pour lesquelles le gouvernement britannique de Chamberlain propose en 1903 à Theodor Herzl de donner à l’OSM une partie de l’Ouganda de l’époque (dans l’actuel Kenya), pour y créer un « Foyer national juif ».

Hostile à l’abandon de la Palestine, le sixième congrès sioniste de 1903 se divise fortement. Une commission est cependant envoyée sur place.

En 1905, le septième congrès sioniste se tient à Bâle. Il y est décidé de repousser définitivement la proposition de l’Ouganda, ainsi que toute alternative à la Palestine.

Les «territorialistes», qui voulaient absolument « un territoire », considèrent que refuser un État, où qu’il soit, est suicidaire compte tenu de l’attitude des Ottomans. Les plus décidés des territorialistes (une petite minorité) opèrent une scission. Ils créent l’ « Organisation juive territorialiste », menée par Israël Zangwill. L’organisation n’aura guère de succès et entrera dans un rapide déclin après la Déclaration Balfour de 1917, qui la rend inutile. Elle sera dissoute en 1925.

On peut voir dans la question du territorialisme les débuts d’un débat qui va agiter de façon récurrente le mouvement sioniste jusqu’au début du xxie siècle:

l’objectif premier du sionisme est-il de créer un État pour les Juifs (dont les frontières sont somme toute d’une importance relative), ou est-il de créer un État impérativement dans les frontières bibliques d’Eretz Israël ?

La période 1903-1905 n’a pas seulement tourné autour de la question territorialiste :

L’année 1903 voit aussi la création de l’Anglo-Palestine Bank (future Banque Leumi LeIsraël).

Theodor Herzl décède en 1904. David Wolffsohn (1856-1914), prend la direction du mouvement sioniste.

Toujours en 1904, le Comité de la langue hébraïque (Va’ad Halashon) est créé pour renforcer l’œuvre de Eliézer Ben Yehoudah et faire la promotion de l’hébreu (et non du yiddish ou de l’allemand, comme l’envisageaient certains) comme langue du foyer national juif.

Les derniers congrès avant la Première Guerre mondiale

En 1907, le huitième congrès sioniste se tient à La Haye. Il voit s’opposer deux tendances, qui existaient depuis plusieurs années, mais dont les débats se durcissent lors de ce congrès. Jusqu’alors, la majorité de l’OSM s’étaient montrée réticente (comme Herzl lui-même) face à la colonisation de la Palestine (« sionisme pratique »).

Elle estimait qu’il fallait une « charte », c’est-à-dire un statut juridique officiel (ottoman ou international) avant de commencer une implantation juive de masse. D’où la priorité donnée à l’action diplomatique et le nom donné à cette approche : « sionisme politique ».

Haïm Weizmann apparait avec la gauche comme un tenant d’une action plus décidée sur le terrain. L’opposition « pratique » obtient en 1907 un renforcement des actions en Palestine ottomane, mais l’orientation « politique » fondamentale de l’OSM n’est pas remise en cause.

En 1909, le neuvième congrès sioniste se tient à Hambourg. Sionistes « pratiques » et « politiques » continuent de s’y opposer. Les seconds restent dominants.

En 1911, le dixième congrès sioniste se tient à Bâle. Ce congrès est important, en ce qu’il modifie la politique de l’organisation. Les factions « pratiques » et « politiques » arrivent en effet à un accord, et décident d’œuvrer vers un sionisme « synthétique », agissant dans les deux directions. Concrètement, plus de moyens sont dégagés pour aider les pionniers de la seconde Aliyah.

En 1913, le onzième congrès sioniste se tient à Vienne.

La Première Guerre mondiale

En 1914 commence la Première Guerre mondiale. Elle aura un impact décisif sur le succès du sionisme.

Les Ottomans entrent en guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche, et donc contre la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’empire tsariste.

Chacune des quatre puissances opposées à l’empire ottoman a des visées territoriales sur celui-ci, de façon plus ou moins officielle:
– Les Italiens visent certaines îles de la mer Égée.
– Les Russes visent le détroit des Dardanelles, le verrou de la mer Noire.
– Les Français visent le Liban et la Syrie, où ils sont reconnus depuis le xixe siècle comme puissance protectrice des chrétiens.
– Les Britanniques visent la Palestine, la mer Rouge et le golfe Persique. Il s’agit entre autres pour eux de sécuriser « la route des Indes », qui passe par le canal de Suez.

C’est dans ce cadre, que l’action sioniste en faveur de la création d’une colonie de peuplement en Palestine sous mandat d’une grande puissance intéresse le Royaume-Uni.

Dès 1915, le leader sioniste britannique, Haïm (ou Chaïm) Weizmann, entreprend de convaincre la direction britannique de l’intérêt pour elle de soutenir la cause sioniste, au départ sans grand succès.

En 1916, les accords secrets Sykes-Picot entre la France et le Royaume-Uni divisent l’empire ottoman en cas de victoire, et accordent au Royaume-Uni les zones qu’il convoite.

En 1917, Lord Balfour, représentant le gouvernement britannique, adresse à Lord Lionel Walter Rothschild une lettre, la « déclaration Balfour », par laquelle il indique que le Royaume-Uni est favorable à l’établissement d’un « Foyer national juif » en Palestine. Cette lettre n’est pas un engagement juridiquement contraignant, mais elle représente un formidable encouragement pour le sionisme. La lettre semble avoir eu deux objectifs : avancer dans la constitution d’une colonie de peuplement pro-britannique près du canal de Suez, et se rallier les Juifs américains, alors que le Royaume-Uni essayait à tout prix de convaincre les États-Unis d’entrer en guerre à ses côtés.

La déclaration Balfour est par contre mal reçue dans le monde arabe. Selon l’expression d’Arthur Koestler, « une nation promettait solennellement à une seconde nation le pays d’une troisième ». Il est aussi à noter que les Britanniques avaient déjà promis à Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque la création d’un grand royaume arabe unitaire sur le Moyen-Orient. Il s’agissait d’obtenir la contribution militaire des nationalistes arabes à l’affaiblissement de l’Empire ottoman. La « déclaration Balfour » était donc en contradiction avec cette première promesse.

Fin 1917, poursuivant les troupes ottomanes en retraite, les Britanniques prennent possession de la Palestine (prise de Jérusalem le 11 décembre 1917). Ils y resteront jusqu’en 1948.

La création des partis politiques

Après le premier congrès sioniste de Bâle, des partis politiques sionistes, ou au moins des courants de pensée, se sont rapidement organisés.

Les libéraux

Bien qu’on se trouve ici dans la partie consacrée aux partis politiques sionistes, les libéraux ne formeront un vrai parti qu’en 1922. Ils ont cependant existé bien avant et ont eu une influence déterminante sur la naissance du sionisme.

Le terme de « sionistes généraux » commence à être utilisé peu de temps après la création de l’OSM, pour désigner un courant de pensée qui reste très proche de l’Organisation sioniste mondiale qui vient de se créer, et qui refuse de se structurer dans un parti spécifique, contrairement aux courants de gauche de l’époque. Les « sionistes généraux » sont des indépendants, peu intéressés par les jeux des partis et les grands débats idéologiques. On voit cependant très tôt apparaître des associations ou « factions », à travers lesquelles ils s’expriment. Ils restent majoritaires dans l’OSM jusqu’aux années 1920. En 1922, divers groupes et factions établissent l’Organisation des sionistes généraux.

Quoique réticents devant les débats idéologiques, ils se réclament du libéralisme économique et politique. Ils attirent surtout la bourgeoisie et les classes moyennes de la diaspora juive, et plus tard du Yichouv (la communauté juive en Palestine).

Ils sont modérés, aussi bien en matière de nationalisme qu’en matière politique.

1918. L’émir Fayçal I d’Irak et Chaim Weizmann, un des principaux dirigeant libéral (à gauche, portant aussi une tenue arabe en signe d’amitié).

Par bien des aspects (notamment son pragmatisme, son assise sociale bourgeoise, ses choix économiques et son insistance sur l’action diplomatique), le « sionisme général » est le courant de pensée le plus proche de Herzl. Haïm Weizmann, qui obtiendra la déclaration Balfour, était membre de ce courant de pensée.

Sur le front du sionisme pionnier, en Palestine, le « sionisme général » manque de militants. Ceux-ci sont dominés nettement pas les représentants des partis de la gauche sioniste. Mais dans les congrès sionistes, les libéraux seront dominants jusque vers 1930.

Compte tenu de son assise sociale plutôt bourgeoise, la capacité du « sionisme général » à collecter des fonds pour l’installation des Juifs en Palestine sera précieuse pour le mouvement sioniste.

La gauche marxiste

En 1905-1906, le Poale Zion (« l’ouvrier de Sion ») est fondé sur la base d’associations Poale Zion qui existaient depuis quelque temps en Europe orientale et aux É.-U..

Ce parti marxiste attire à lui les militants de la gauche nationaliste déçus par le rejet du sionisme par le Bund (« Union générale des travailleurs juifs »), parti marxiste d’Europe orientale, fondé en 1897.

Le dirigeant du nouveau parti est un intellectuel né en Ukraine tsariste, Ber Dov Berochov (1881-1917). Celui-ci réalise la synthèse entre le marxisme et le nationalisme juif. Dans son optique, la seule oppression n’est pas l’oppression de classes, et le seul moteur de l’histoire n’est donc pas la lutte de classes. L’oppression nationale, et donc les luttes de libération nationale, peuvent être aussi de puissants moteurs de l’évolution historique.

Le Poale Zion critique deux aspects du sionisme de Herzl :
– l’insistance de ce dernier sur l’action diplomatique. Sans rejeter celle-ci, le Poale Zion considère qu’il doit y avoir un sionisme des faits, centré sur la colonisation juive de la Palestine, sans attendre le soutien ou l’accord des grandes puissances.
– l’acceptation par Herzl de l’ordre social établi. Le Poale Zion entend mener lutte de libération nationale et lutte d’émancipation sociale sur le même plan. Ce sont les travailleurs juifs qui créeront l’État juif, et non les diplomates ni les bourgeois.

En pratique, le Poale Zion est pleinement intégré à l’Organisation sioniste mondiale (OSM). Entre la lutte des classes et la lutte nationale, il fera au final toujours passer en premier la lutte nationale, recherchant pour cela l’alliance des autres factions sionistes, y compris les « bourgeois » des sionistes généraux. De fait, au-delà de son idéologie, le Poale Zion apparaît progressivement comme un parti réformiste, et une des deux principales origines de l’actuel parti travailliste israélien.

David Ben Gourion rejoint un groupe local de Poale Zion en 1904. En 1906, des branches du parti ont été formées dans plusieurs pays, dont l’Autriche et surtout la Palestine.

Dans les années suivant la fondation du parti, celui-ci connaîtra plusieurs scissions, essentiellement celle du Poale Zion Gauche, nouvelle faction basée sur les mêmes principes idéologiques, mais réclamant une pratique plus authentiquement révolutionnaire, moins réformiste.

Tant le Poale Zion que le Poale Zion Gauche participeront à la révolution de 1917. Bon nombre de membres du Poale Zion Gauche rallieront d’ailleurs le parti bolchévique après cette date. On en reverra certains en Palestine, comme agents de la IIIe internationale.

Le Poale Zion Gauche est également l’une des origines du futur grand parti de l’extrême-gauche sioniste, le Mapam, qui rejoindra plus tard l’actuel Meretz.

La gauche non marxiste

Le parti Ha’poel Hatzaïr (« jeune travailleur ») est formé en 1905 par Aharon David Gordon. L’idéologie est largement inspirée du socialisme populiste russe et de l’œuvre de Tolstoï. L’objectif est de créer un socialisme agricole, très marqué par l’anti-autoritarisme, voire l’anarchisme. La lutte des classes est considérée comme dangereuse du point de vue de la construction d’un foyer national juif.

Les points communs sont cependant nombreux avec le Poale Zion : il s’agit de créer un État des travailleurs, dans une optique progressiste, sans se couper des tendances plus conservatrices du mouvement sioniste. L’attachement au sionisme pionnier, surtout intéressé par les réalisations concrètes, est également particulièrement développé.

Le Ha’poel Hatzaïr aura lui aussi sa dissidence de gauche, le Hachomer Hatzaïr, qui jouera également un rôle important dans le développement futur du Mapam.
Il est à noter que les kibboutzim, communautés rurales collectivistes et influencées par l’anarchisme (pas ou peu d’élections, direction par l’assemblée générale) sont, à l’origine, un projet politique et social du Ha’poel Hatzaïr. Le premier pré-kibboutz sera fondé en 1909.

Le nationalisme religieux

Les rabbins orthodoxes étaient hostiles au sionisme, parce qu’ils considéraient majoritairement que Dieu avait décidé de la dispersion du peuple juif, en punition de ses péchés.

Rabbin Zvi Hirsh Kalisher

Seul Dieu, par l’intermédiaire du Messie, pouvait donc restaurer Israël. Toute tentative anticipée était non seulement vouée à l’échec, mais risquait d’attirer la colère divine.

À cette hostilité théologique s’ajoutait aussi une hostilité au laïcisme parfois agressif (surtout à gauche) des sionistes.

Pourtant, dès les années 1840, un courant minoritaire est apparu chez les religieux ashkénazes d’Europe orientale. Pour ce courant, c’est au contraire un commandement divin pour les Juifs que de s’installer en terre sainte. Le suivi de ce commandement pourrait même accélérer le retour du Messie.

En 1891, une association sioniste religieuse, le Mizrahi (oriental), est formée sur la base de ces idées. Elle donnera naissance en 1902 à un véritable parti politique portant le même nom. Ce parti est plus connu en français sous le nom de Parti national religieux, ou PNR (MAFDAL, selon son acronyme hébreu).

Le PNR est à l’origine un parti assez modéré, à la rencontre de la modernité et de la tradition. Il est clairement très minoritaire dans un mouvement sioniste qui est lui-même assez minoritaire dans le monde juif occidental, et plus encore dans le monde juif oriental.

Les non-sionistes

Lors de cette époque formative du sionisme, d’autres partis politiques attirent des militants Juifs, parfois dans le cadre de mouvements spécifiquement juifs. Ces mouvements auront des débats, des conflits et parfois même des accords partiels avec les sionistes.

Agoudat Israel : c’est un parti politique juif fondé en 1912 à Katowice (Pologne actuelle, à l’époque Empire russe) comme bras politique du judaïsme orthodoxe. Il existe aujourd’hui en tant que parti politique en Israël. Il était à l’origine très vigoureusement anti-sioniste. (Ce qui démontre de la courte vue de ses dirigeants)

Le Bund : fondé en 1897, il défend les travailleurs juifs et vise à une autonomie culturelle et politique, mais non-territoriale, des Juifs en Europe orientale, dans le cadre d’une future société socialiste. Il pratique une forme de nationalisme atténué, mais n’est pas sioniste, car il considère que les Juifs ont droit à un avenir au sein de leur pays d’origine.

On trouve enfin des militants juifs dans de nombreux partis en Europe, surtout à gauche.

Les partis politiques sionistes : synthèse

On trouve trois grandes familles :

– un sionisme de gauche, marxiste ou non-marxiste, qui sera dominant en Palestine puis en Israël du début du siècle jusqu’en 1977, et qui a profondément marqué l’histoire du sionisme et d’Israël.

– Un sionisme de droite modéré, libéral, à l’époque assez peu influent en terre sainte, mais plus important dans la diaspora, et dominant dans l’Organisation sioniste mondiale.

– Un sionisme religieux, à l’époque peu influent et assez modéré.

Ces partis sont, à l’époque, encore minoritaires au sein du judaïsme occidental, mais ils influencent grâce à leurs militants un nombre croissant de Juifs. Ce sont (surtout à gauche) les acteurs fondamentaux du sionisme sur le terrain (en Palestine et en diaspora), plus que l’Organisation sioniste mondiale qui se concentre progressivement sur l’action diplomatique et institutionnelle.

Wikipédia – JForum.

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davidnaha

L’ARTICLE LES COMMENTAIRES ET DESCRIPTIONS SONT INTERESSANTS.
CEPENDANT , JE NE PENSE PAS QUE…

D’UNE PART,
THEODORE HERTZ NE SE SOIT ENGAGE QU’EN 1894, DANS LE SIONISME ET DANS LA VOLONTE DE LA RENAISSANCE DE L’ETAT D’ISRAEL….MAIS BIEN AVANT…
D’AUTRE PART, CE N’EST PAS L’AFFAIRE DREYFUS QUI A ENGAGE HERTZ DANS LE SIONISME…L’AFFAIRE DREYFUS EST PASSEE AU COURS DE L’HISTOIRE DU SIONISME AVEC HERTZ.
ENFIN, IL M’AURAIT ETE AGREABLE DE LIRE QUE SANS THEODORE HERTZ, IL Y AURAIT EU PEU DE CHANCE QUE NOUS EN SOYIONS LA, AU 64 EIME ANNIVERSAIRE DE LA RENAISSANCE D’ERETZ ISRAEL.
HERTZ A ETE LE POUMON, LE COEUR, LE SOCLE DE LA CREATION D’ERETZ ISRAEL, ET IL A CONSACRE UNE ENORME PARTIE DE SA VIE POUR CELA…ET NON PAS DEPUIS 1894..
je voudrais conclure en precisant que si la France a « libere » les juifs du racisme vehement, la France a ete aussi, le symbole de l’antisemitisme durant tous les siecles…et aujourd’hui, au 21 ieme siecle, ca continue…le racisme consistant a ne pas interdire par la force, les actes et autres evenenements racistes, de toutes natures que ce soit.
A Paris, en ce moment, on n’interdit pas, les defiles ou l’on crie encore, mort a Israel et aux juifs.
MERCI