Le congrès Biomed-Ilsi, qui vient de se tenir à Tel-Aviv, a illustré le dynamisme de la recherche en Terre sainte.
L’imagination en biotechnologie n’a pas de limites : protéines chimériques pour détruire les cancers, stimulation extracrânienne contre Alzheimer, anticorps monoclonaux pour préserver le pancréas restant dans le diabète de type 1 débutant, imagerie neuronale pour évaluer les conséquences d’un traumatisme crânien… Le congrès Biomed-Ilsi qui vient de se tenir à Tel-Aviv, a permis à des centaines d’entreprises de biotechnologies, en majorité israéliennes, de présenter l’état d’avancement de leurs recherches, de séduire d’éventuels investisseurs ou de dénicher des partenariats pour mener à bien des essais cliniques.

Ce congrès annuel qui a rassemblé, pour sa dixième édition, plus de 6.000 personnes, est le deuxième en termes d’importance, après BIO, la grande manifestation organisée aux États-Unis. Financées par des capitaux publics-privés, les biotechs visent à mettre au point, à partir de découvertes académiques, des procédés thérapeutiques innovants. Les travaux présentés sont des pistes de recherche. Tous ne sont pas au même stade d’avancement. Certains vont révolutionner la pratique médicale et, ce faisant, offrir des royalties aux investisseurs. D’autres n’aboutiront pas. Le lancement d’une biotech est une prise de risque consenti, un gage sur l’avenir. Selon le classement de l’Institut for Management Development (IMD) qui porte sur 59 pays, Israël arrive en tête pour l’investissement en recherche et développement par tête d’habitant. Plusieurs exemples illustrent ce dynamisme.

Sanofi intéressé

La société Biocep basée à Safed, cité antique d’Israël, a mis au point une nouvelle technique de séparation immunomagnétique pour extraire à partir d’une prise de sang des cellules rares qui peuvent s’y trouver. Première application : le diagnostic prénatal aujourd’hui basé sur la ponction (non sans risque) de liquide amniotique dans l’utérus maternel. La demande est d’autant plus forte que près de 20% des bébés naissent chez des femmes de plus de 40 ans en Europe. Les premiers résultats ont démontré la faisabilité de cette nouvelle technique sur du sang maternel dès la fin du premier trimestre de grossesse. Un essai plus large est prévu fin juin. Biocep espère aussi développer ce dispositif pour identifier des cellules souches dans le sang afin de les utiliser en thérapie cellulaire. Autre application potentielle : la détection, par simple prise de sang, de cellules cancéreuses, en vue d’établir un diagnostic ou de surveiller des patients traités. Plusieurs concurrents visent ce secteur très porteur.

Autre exemple : il y a quelques mois, des chercheurs en neurosciences de l’université de Tel-Aviv ont découvert que la stimulation magnétique transcrânienne externe sur plusieurs points précis, combinée à un entraînement de la mémoire et des médicaments, était plus efficace que l’entraînement et les médicaments seuls pour faire progresser les fonctions cognitives des malades d’Alzheimer. Après un traitement cinq fois par semaine pendant six semaines, les résultats publiés dans le Journal of Neural Transmission, font état de progrès pendant quelques semaines, et ensuite d’une dégradation plus lente des capacités cognitives. Ces résultats ont incité la société Neuronix à créer et développer un «casque» capable de stimuler ces zones clés du cerveau et à mettre en œuvre d’autres essais cliniques.

La mise au point de molécules originales contre le cancer est un autre défi auquel s’attellent nombre de biotechs. La société Kahr a acheté un brevet à une université pour produire des protéines chimériques. L’une d’elles est capable de lutter contre le cancer dans un tube à essai. Elle a été produite en couplant une protéine bloquant le développement des cellules cancéreuses, avec une autre capable de les tuer. Le couple infernal ainsi formé a, semble-t-il, beaucoup intéressé des représentants de Sanofi, à la recherche de nouveaux développements thérapeutiques. «Je suis impressionné par le foisonnement biotechnologique en Israël et de leur volonté de coopérer avec des entreprises françaises» , relève Jacques Biot, patron de la société de conseil JND.

Martine Perez

Le Figaro.fr

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