L’Affaire Pollard

Depuis quelques jours, la Knesset s’agite à l’instigation de son président Reuven Rivline, pour tenter d’obtenir la libération de Jonathan Pollard, ce Juif américain, condamné à la prison à vie pour avoir transmis à Israël dans les années 80 des documents sensibles.

Rivline demande au gouvernement de tout faire pour obtenir des Etats-Unis sa libération après 25 ans d’incarcération et Benjamin Netanyahou s’est engagé lundi dernier à s’y employer.

“J’ai soulevé l’affaire à plusieurs reprises ces derniers mois devant le président Barack Obama et la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, a-t-il affirmé et je vous promets que je continuerai à le faire ».

Mais sa requête aurait été froidement accueillie à Washington et rien ne prouve que l’on y fasse droit.

Comment expliquer que depuis 25 ans, aucun des Présidents successifs des Etats-Unis n’ait accepté de faire preuve de clémence envers un homme condamné à vie dans des conditions discutables pour un délit relativement mineur qui n’a jamais menacé un tant soit peu la sécurité de son pays ?

Officier du renseignement dans la marine, Pollard avait découvert que certaines informations concernant Israël et vitales pour sa sécurité étaient systématiquement bloquées alors que ce pays allié des Etats-Unis, était en droit de les recevoir conformément au mémorandum des accords bilatéraux de 1983.

Il ne fut pas long à comprendre que cette rétention d’informations avait pour but de diminuer sévèrement la capacité d’Israël à se défendre de manière indépendante. Persuadé alors que la vie d’un grand nombre d’Israéliens était en jeu, animé par des raisons idéologiques et non pour un quelconque profit, il décida de les transmettre à Israël directement et secrètement.

Se sentant surveillé par le FBI, Il tenta de se réfugier avec son épouse à l’Ambassade d’Israël à Washington, mais les portes leur en furent fermées et le couple fut aussitôt arrêté pour «transfert d’informations classifiées à un pays allié, sans intention de nuire aux Etats-Unis».

Il plaida coupable et accepta une transaction à l’amiable. Or, avant la proclamation de la sentence convenue d’un commun accord avec le juge, le secrétaire d’état à la défense de l’époque, Caspar Weinberger, transmit au magistrat un dossier secret auquel ni Pollard ni ses avocats ne purent accéder en temps utile.

Et malgré sa complète coopération avec l’accusation – ainsi qu’il s’y était engagé – Pollard fut condamné, en violation flagrante de ce qui avait été conclu, à la prison à vie avec recommandation pour interdire sa libération sous quelque condition que ce soit.

Il n’existe aucun précédent dans l’histoire des Etats-Unis d’une peine d’emprisonnement aussi disproportionnée, pour ce type de délit, sanctionné en général par 2 à 4 années de prison; et pourtant pour des raisons obscures son avocat ne crut pas utile de faire appel.

Depuis son incarcération, cinq Premiers Ministres et trois Présidents d’Israël demandèrent aux Etats-Unis la libération de Jonathan Pollard.
Ce qui était la moindre des choses, cet homme ayant été abandonné pour raison d’état et sacrifié sur l’autel de l’alliance américaine.

En 1998 il reçut la citoyenneté israélienne et Benjamin Netanyahou admit (enfin), que Pollard était un espion opérant pour les services secrets israéliens.

Le Président Clinton avait promis de le libérer au temps des pourparlers israélo-palestiniens de Wye Plantation pour faciliter l’avancement des négociations.

Au dernier moment, cédant aux pressions de la CIA, il se renia et refusa de tenir sa promesse, alors que rien ni personne ne pouvait l’empêcher d’exercer son droit de grâce et malgré les énormes injustices dont Pollard avait été victime.

La sévérité de sa punition a été reconnue dernièrement par le même Caspar Weinberger qui l’avait accablé au départ. Et pourtant.
Victime de son amour d’Israël
Victime de la raison d’état
Victime de la trahison des uns et de l‘indifférence des autres.
Victime de l’acharnement de l’administration américaine.
Pollard est toujours en prison.
Y finira-t-il ses jours ?
Ce serait trop injuste.

André Nahum

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