Le procureur dans un procès pour trafic d’organes au Kosovo a demandé vendredi aux juges de faire témoigner Dick Marty, membre du Conseil de l’Europe et auteur d’un rapport sur une autre affaire de trafic d’organes dans le pays. »J’ai toutes les raisons de penser qu’il détient des preuves importantes
dans cette affaire », a déclaré le procureur Jonathan Ratel au tribunal, qui
juge sept Kosovars dans l’affaire dite « Medicus », du nom d’une clinique de
Pristina où les prélèvements et les transplantations illégaux d’organes ont eu
lieu jusqu’en 2008.

« Il est un témoin dans cette affaire », a poursuivi le procureur lors du
procès, qui se déroule devant un tribunal européen à Pristina.

Le président du tribunal, le juge polonais Arkadiusz Sedek, a déclaré qu’il
prendrait dans les prochains jours une décision sur cette demande.

Dans un rapport adopté en 2011 par le Conseil de l’Europe, consacré à une
autre affaire de trafic d’organes présumé, perpétré par des maquisards
kosovars albanais pendant la guerre contre Belgrade en 1998-99, le
parlementaire suisse Dick Marty avait établi un parallèle avec l' »affaire
Medicus ».

Le procureur Ratel s’est appuyé sur une citation de ce rapport selon lequel
« un nombre d’indications crédibles et convergentes » suggèrent que les
détentions pour trafic d’organes depuis la fin du conflit « sont étroitement
liées à l’affaire Medicus ».

Dans son rapport, Dick Marty avait mis en cause Hashim Thaci, ex-chef de la
guérilla kosovare et actuel Premier ministre, des accusations que l’intéressé
a vivement démenti.

Les avocats de la défense ont protesté après la demande du procureur,
affirmant qu’un tel témoignage transformerait « un tribunal pénal, en un
tribunal politique ».

Selon l’acte d’accusation, plus de trente prélèvements de reins et
transplantations ont été opérés illégalement dans la clinique Medicus.

Le trafic portait sur des transplantations d’organes de donneurs recrutés
en Europe ou en Asie centrale, qui se voyaient promettre chacun quelque 15.000 euros.

Les receveurs d’organes étaient prêts à débourser jusqu’à 100.000 euros
pour une telle intervention chirurgicale.

Lors de la séance, les juges ont entendu par vidéo le témoignage à charge
d’un Canadien de 66 ans, Raul Fain, qui a affirmé avoir subi une greffe du
rein à la mi-2008 dans la clinique Medicus, faite par le médecin turc Yusuf
Ercin Sönmez et pour laquelle il avait payé 80.000 euros.

Cerveau présumé de cette affaire, Yusuf Ercin Sönmez, surnommé « Dr
Frankenstein » par la presse de son pays, est soupçonné d’avoir conduit des
interventions chirurgicales à la clinique Medicus de Pristina.

Sönmez a déjà comparu devant un tribunal turc sur la base des accusations
contenues dans le dossier Medicus. Un ressortissant israélien, Moshe Harel,
qui aurait joué le rôle d’intermédiaire, est pour sa part accusé d’avoir
recruté et organisé les voyages des victimes au Kosovo.

Une notice rouge d’Interpol a été diffusée à leur encontre.

Le procès se déroule devant un tribunal de l’Eulex, une mission lancée par
l’UE après la proclamation de l’indépendance du Kosovo en 2008, dont le mandat est de renforcer l’Etat de droit en se chargeant, entre autres, des dossiers jugés trop sensibles pour la justice locale.

PRISTINA, 23 mars 2012 (AFP )

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