Quelques semaines après l’apparition du tramway à Jérusalem, les habitants ont encore du mal à croire qu’il ne s’agit pas d’un mirage.Les passants continuent à le couver des yeux, les passagers tout étonnés se bousculent pour l’étrenner. Le tramway est enfin sur les rails après des années de retard qui ont donné à la rue Jaffa, la principale artère de la ville, des allures de champ de bataille.

Depuis sa mise en service, le très populaire tramway de Jérusalem, avec ses 24 stations, ne désemplit pas. Il permet aussi au centre-ville de respirer, après des mois d’encombrements. (Photo AFP)

Erreurs de conception, disputes entre riverains et découvertes archéologiques.

L’attente a été si longue que le yéroushalmite, qui a souffert d’effroyables encombrements, n’y croyait plus. Mais le miracle s’est enfin produit après des vicissitudes sans nombre, des erreurs de conception en passant par les disputes avec les riverains, les commerçants en colère criant misère, les conflits entre les différents partenaires responsables de la construction, sans compter des découvertes archéologiques qui ont interrompu le chantier. À ces problèmes communs à presque toutes les localités qui choisissent de se convertir au tramway, Jérusalem a ajouté quelques difficultés locales.

Jérusalem n’est pas une ville tout à fait comme les autres. Impossible d’y soulever une pierre sans qu’aussitôt une polémique politique ou religieuse se déclenche. La ville est divisée entre la partie israélienne (Jérusalem-Ouest) et la partie palestinienne (Jérusalem-Est) conquise et annexée par l’État hébreu en 1967.

La communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion, ce qui n’a pas empêché la construction d’une douzaine de quartiers dans la partie arabe où vivent 200 000 Israéliens.

Or, la première ligne mise en service aboutit à un quartier de Pisgat Zeev, un de ces «quartiers de colonisation» comme les surnomment les Palestiniens. Résultat, une intense campagne a été lancée par des associations pro-palestiniennes qui ont assigné devant la justice française les deux géants Alstom et Veolia. Finalement, Veolia s’est retiré l’an dernier tout en maintenant une assistance technique.

800 millions d’euros, le double du devis initial

La mairie israélienne ne manque pas non plus de faire valoir que de nombreux Palestiniens utilisent eux aussi les 24 stations du tramway où toutes les informations pour les voyageurs sont écrites en hébreu, en arabe et en anglais. Au final, la facture s’est envolée, frôlant les 800 millions d’euros, le double du devis initial.

Malgré ces déboires, le tramway est populaire. Les rames avec leur élégante couleur argent sont pleines. Autre avantage de taille : le centre-ville est devenu silencieux et peut respirer. La rue Jaffa est devenue piétonnière sur la plus grande partie de son tracé.

Au bruit assourdissant des hordes d’autobus et aux fumées de leurs pots d’échappement a succédé une atmosphère beaucoup plus sereine pour les promeneurs que seule la discrète sonnette utilisée par les chauffeurs de tramway pour signaler leur passage vient troubler.

PASCAL SADARNAC -DNA

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