Israël : l’Air Force s’adapte à la menace croissante des drones

Les incursions de drones hostiles, fonçant à la vitesse d’un missile de croisière, sont bien plus importantes que ne nous le relatent les médias officiels…

6 Octobre 2012.. Source: IDF

L’Air Force Israélienne (IAF) doit adapter ses tactiques d’interception aérienne pour contenir l’émergence marquée d’incursions de véhicules aériens sans pilote (UAV ou drones), au cours de ces dernières années, a déclaré un responsable important en service à IHS Jane’s, le 2 avril.

F-16 « sufa »

S’exprimant sur la base aérienne de Ramon, dans le Sud d’Israël, le Major O (dont le nom reste anonyme pour des raisons de sécurité) pilote d’un F16 « Sufa », fabriqué par Lockheed Martin, explique que les caractéristiques spéciales de vol de ces intrus sans pilote posent un réel défi à ceux qui cherchent à les intercepter et que leur nombre augmente.

“Le problème principal avec les drones, c’est qu’ils sont plus petits et moins détectables, mais aussi qu’ils volent moins vite”, dit-il. « Le concept initial des interceptions aériennes était d’engager des avions volant à vive allure et qui possédaient des surfaces bien plus larges. Nous avons dû adapter notre concept d’opérations pour les vaincre « >Article original, en employant de nouvelles tactiques et missions, de nouveaux matériaux.

Aujourd‘hui, nous sommes hautement qualifiés pour réaliser ce type de missions, en utilisant des systèmes optiques développés par Elbit et Rafael, tels que le Litening pod, et grâce à des munitions comme le Python IV missile aérien »>Article original. Je ne peut pas en dire plus, sauf pour dire que le missile Python IV guidé par infra-rouge que nous employons est tellement avancé qu’il n’y a aucun problème pour engager des drones ».

Python IV

Afin de démontrer ces points, le Major O a montré à IHS Jane’s une vidéo d’une interception de drone menée par un duo de F-16I, au cours de la seconde guerre du Liban, en 2006, qui a été filmée par le système d’imagerie de bord de l’un de ces avions. Cette action impliquée l’interception d’un drone du Hezbollah près de Haïfa, dans le nord d’Israël.

types d’affichage intégré au casque

« Ces F-16I étaient équipés du Dash IV un affichage électronique monté sur casque »>Article original et de missiles Python IV – c’est le premier missile à utiliser l’imagerie thermale, et pas seulement « thermale », mais signifiant qu’il peut tracer la signature de chaleur d’un drone à hélice. Il a aussi des capacités de manœuvre incroyables », précise t-il.

F-16I

“Ce qui s’est produit dans ce cas, c’est que le pilote n’était pas en capacité de verrouiller la cible du drone, à cause de sa surface trop petite. Mais, il l’a vu, a dirigé son casque sur lui, a obtenu le ton juste pour le missile et a tiré le missile. La chose incroyable, c’est que parce qu’il a lancé le missile aussi tard, le missile est, en réalité, passé devant le drone, lui a tourné autour à 90°, est revenu sur la cible et l’a frappée de front ».

Bien que le Major O nous révèle que ces incursions de drones deviennent régulières, il refuse de quantifier le phénomène. « Nous nous occupons bien plus souvent de drones actuellement, mais je ne peux pas vous dire à quel point. Nous avions déjà des drones de reconnaissance, par le passé, provenant du Hezbollah, de Syrie et d’Egypte – ce n’est pas un secret, mais depuis 2006, nous avons bien plus à nous en préoccuper. La plupart d’entre eux ne traversent pas le territoire israélien, cependant, parce que nous menons l’interception avant qu’ils ne l’atteignent et ceux qui y sont parvenus ont tous été abattus. C’est une tendance que nous voyons se poursuivre ».

Comme le fait remarquer le Major O, non seulement l’Air Force voit cette tendance s’accentuer, mais elle s’aperçoit aussi que ces drones sont plus puissants et dotés de bien plus de capacités. Comme il l’explique : « Nous ne les appelons plus « drones » – ce sont des armes à systèmes de guidage… qui ressemblent beaucoup, même, à des missiles de croisière . Certains de ces engins à réaction sont même aussi rapides que les missiles de croisière, et guidés sur la cible par des points de repères. Nous nous entraînons contre ces types d’engins, mais je ne peux pas vous dire si nous en avons réellement interceptés ».

Comme dans sa réponse à l’augmentation d’opérations hostiles de drones, le Major O affirme que la Seconde Guerre du Liban a permis à l’Air Force de tirer d’autres leçons, qui ont été mises en pratique avec succès, au cours des opérations suivantes, « Plomb Durci » et « Nuée/pilier de Défense », en 2008-2009 et 2012, respectivement.

“ Comme l’a montré la Seconde Guerre du Liban »>Article original, la chose principale que nous avons observée, c’est le basculement de la guerre conventionnelle vers la guerre de guérilla. Nous avons dû nous adapter – c’est très facile de balancer des bombes de 2 tonnes sur ce qu’on veut, mais nous ne le faisons pas, pour ne pas faire de dommages collatéraux.

Drone Hermes 450

“Pour nous adapter, nous avons dû changer trois concepts principaux dans les opérations. Nous avons dû développer nos capacités de recueil de renseignements pour être capables d’identifier la localisation de la cible et non les civils qui peuvent se trouver tout près »>Article original, et c’est principalement fait sur le terrain par des drones tels que le Hermes 450, nous avons diminué la taille de nos munitions pour les rendre moins meurtrières, de façon à n’attaquer que la cible et de ne blesser personne d’autre, et nous avons développé nos tactiques pour être en mesure de frapper dans un laps de temps de cinq minutes pour rattraper la cible près du lanceur de roquettes qu’il mettait en action. Nous poussons ces enseignements toujours plus loin », déclare t-il.

Gareth Jennings, Base aérienne de Ramone, Israel – IHS Jane’s Defence Weekly

01 Avril 2014

janes.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.