Le «Dôme de fer» peut-il occasionner une véritable révolution stratégique au Proche-Orient ? Le contexte très tendu actuel permet de tester ce système antimissile sur lequel les avis divergent et qui comporte de nombreuses inconnues.
Une protection à l’épreuve

Pour la première fois, Israël a déployé hier un dispositif de protection contre les roquettes autour d’une ville menacée. La batterie du système Dôme de Fer qui a été placée autour de Béer Shéva fournira pour l’heure une protection contre les tirs mais les responsables militaires soulignent : Ce système n’offre pas une protection complète.

« Le système fournira aux habitants du sud du pays une bonne protection face aux tirs de roquettes, mais pas une protection hermétique », a indiqué hier le commandant de la protection aérienne, le général Doron Gavish. Selon lui, la population doit continuer à respecter les consignes de la Défense civile. Chaque missile d’interception coûte près de 40 000 dollars.

Le Premier ministre Netanyahu a évoqué hier le déploiement de Dôme de Fer, déclarant que la véritable réponse à la menace des roquettes est de conjuguer moyens offensifs et dissuasion, d’une part, et moyens défensifs, de l’autre. Netanyahu s’est entretenu hier avec les maires du sud du pays et a demandé au ministre de l’Education, Gideon Saar, et au ministre chargé de la défense civile, Matan Vilnaï, de lui remettre d’ici cinq jours un état des lieux concernant la protection des établissements scolaires dans le sud du pays.

En attendant, quelques heures à peine après que les organisations palestiniennes aient annoncé un cessez-le-feu « tant qu’Israël le respecterait », un appareil israélien a tué deux membres du Jihad islamique qui s’apprêtaient à tirer des roquettes dans le nord de la bande de Gaza. Un troisième a été blessé.
Le Jihad islamique a admis que les deux hommes qui ont été tués étaient membres de sa branche armée mais a démenti qu’ils aient été en train d’opérer. « Leur mort prouve qu’Israël poursuit sa politique de haine et ses crimes contre notre peuple et se prépare à une nouvelle guerre contre la bande de Gaza », a fait savoir l’organisation.

Par ailleurs, l’Egypte indique au Hamas qu’elle souhaite améliorer ses relations avec la bande de Gaza et tourner la page dans ses relations avec le gouvernement de Hamas. Le Caire a en effet annoncé son intention de rouvrir prochainement à titre permanent le poste-frontière de Rafah, comme geste de bonne volonté du nouveau régime à l’égard du Hamas. Dans la bande de Gaza on affirme que le cessez-le-feu réclamé par le Hamas fait suite à la demande égyptienne d’un retour au calme.

Yossi Yehoshua, Yaron Sasson et Roni Shaked – Yediot Aharonot

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Deux batteries du système «Iron Dome» déployées au Sud d’Israël. L’Etat-Major de Tsahal partagé sur cette décision.

Il s’agit de la première mesure spectaculaire prise depuis la recrudescence des tirs de roquettes sur la région sud d’Israël. Le ministre de la défense Ehoud Barak a ordonné le déploiement, ce dimanche, d’une première batterie Iron Dome (« Coupole de fer »), un système antimissile conçu pour intercepter en vol et détruire tout projectile d’une portée de 4 à 70 kilomètres.

La batterie sera positionnée dans le secteur de Levahim, au nord-est de Beer Sheva. Iron Dome assurera la protection de cette ville de 195 000 habitants et des localités environnantes puisqu’il couvre un territoire de 100 km2. Jeudi matin, la capitale du Néguev a été touchée par deux missiles Grad tirés depuis la bande de Gaza.

Le déploiement d’une deuxième batterie du système est prévu d’ici la fin de la semaine, cette fois dans le secteur d’Ashkelon, à 20 km au nord de l’enclave palestinienne. Au sein de l’armée, on précise toutefois que le positionnement géographique de ces unités n’est que temporaire. Les batteries seront régulièrement repositionnées en fonction de la menace.

Développé par la société Rafael, fleuron de l’industrie militaire israélienne, Iron Dome se compose d’un puissant radar capable, non seulement, de détecter une roquette dès son lancement, mais également d’identifier son point de chute. Par ailleurs, le système est équipé de trois lanceurs comportant chacun vingt missiles intercepteurs Tamir.

Alors que ce déploiement en cours réjouit les populations du sud d’Israël, l’armée israélienne se montre davantage mesurée. Plusieurs hauts gradés estiment que cette décision est prématurée et qu’il faudrait des tirs de roquettes plus nourris pour juger réellement de l’efficacité du système.

Au sein de l’armée de l’air – où une unité a été spécialement formée au maniement d’Iron Dome -, le commandement évoque pour sa part un « test opérationnel », laissant entendre que des disfonctionnements étaient encore possibles à ce stade. Tsahal craint qu’une telle éventualité ne gêne la vente du système antimissile à des pays étrangers. Les Etats-Unis, la Corée du Sud et Singapour ont d’ores et déjà manifesté un vif intérêt pour Iron Dome.

En attendant, l’armée de l’air poursuit sa politique de « frappes ciblées » dans la bande de Gaza. Ce dimanche matin, un appareil israélien a visé une cellule qui s’apprêtait à tirer des roquettes sur le sud d’Israël. Deux Palestiniens ont été tués et un troisième blessé dans ce raid.

M.P

IsraelValley.com

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Israël : un «Dôme de fer» contre les tirs de roquettes  

Ce système de défense, censé rassurer les populations civiles vivant près de Gaza et soumises à une menace permanente, offrirait une efficacité limitée. 

Israël doit étrenner dimanche une nouvelle arme anti-roquette le long de la frontière avec Gaza. Ce système de défense, surnommé «Dôme de fer», est censé repérer, puis détruire en vol à l’aide de projectiles, les roquettes et obus de mortiers semblables à ceux qui sont tirés depuis dix jours vers les villes israéliennes. L’objectif est de rassurer la population civile soumise à une menace permanente. Reste à savoir si cet équipement sera à la hauteur en situation de conflit réel, et non plus seulement lors de tests.

Prudents, les militaires soulignent qu’il ne s’agit en aucun cas d’une «arme absolue» offrant une sécurité totale aux centaines de milliers d’habitants du sud d’Israël. L’armée ne dispose en effet que de deux batteries. Chacune d’entre elles couvre un territoire de 100 km² seulement. Résultat : Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, va se retrouver devant un dilemme. Toutes les villes touchées ou menacées ces derniers jours par des dizaines de roquettes comme Beersheba, Ashdod, Ashkelon ou Sderot ne pourront pas être protégées simultanément. Il va falloir en choisir deux parmi elles et laisser les autres sans défense au risque de provoquer la colère des habitants.

Des hésitations au sein de l’état-major 

De plus, les responsables de l’armée n’ont accepté de déployer ces batteries qu’à contrecœur. Une partie de l’état-major estime en effet que cette arme ne doit pas servir à protéger la population civile, mais uniquement les bases aériennes et autres installations «stratégiques». Les militaires ont donc tendance à traîner les pieds avant de sortir «Dôme de fer» des hangars. Cette attitude a provoqué une vive polémique initiée par Yossi Melman, spécialiste des questions de défense et de renseignement du quotidien Haaretz. Selon lui, l’état-major craint que le système connaisse des ratés. «Les militaires redoutent que dans ce cas les projets de ventes du système à l’étranger, notamment à Singapour, au Brésil ou en Inde soient mis en question», ajoute ce commentateur.

Le coût financier constitue un autre handicap. Selon un rapport de la commission de la défense et des affaires étrangères, Israël aurait besoin de 13 «Dômes de fer» pour contrer efficacement les menaces du Hamas, au Sud, et du Hezbollah libanais à la frontière Nord. Or le ministère de la Défense n’a toujours pas débloqué les crédits suffisants pour de telles acquisitions et le versement d’une aide promise par les Etats-Unis pour acquérir une ou deux batteries a pris du retard.

Des «raisons stratégiques» 

Sur le plan technique aussi, les inconnues ne manquent pas. Sur le papier, «Dôme de fer» peut intercepter des roquettes à une distance de 4 à 70 km. Or plusieurs localités et kibboutz pris pour cibles par des groupes palestiniens sont situés à moins de 4 km de la clôture de sécurité séparant la bande de Gaza du territoire israélien.

Bref, comme le souligne le général de réserve Tzvika Fogel, «les habitants doivent éviter de se laisser aller à des attentes exagérées». Matan Vilnaï, ministre chargé de la protection de l’arrière, invoque pour sa part des «raisons stratégiques» pour justifier le fait que «Dôme de fer» n’ait pas encore été utilisé tout en refusant d’expliquer ce retard sous prétexte que «l’ennemi nous écoute».

Marc Henry

Le Figaro.fr

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