Héritier d’une longue filiation de rabbins du Maroc, né à Meknès dans ce que la tradition désigne élogieusement comme la « Petite Jérusalem, » le Grand Rabbin de Paris David Messas (zal) a été non seulement un Grand Rabbin mais aussi un Grand homme.


Il y a plusieurs manières d’être Grand. La bonté, la chaleur humaine, la lumière de David Messas (zal) sur son visage étaient sa marque de fabrique personnelle. Depuis ses études talmudiques dans les yéchivot « Keter Torah » ou d’Aix-les-Bains en passant par ses fonctions de directeur du Centre Edmond Fleg ou de la maison des étudiants du « Toit familial » -où il me reçut tout jeune étudiant arrivé en France-, il a incarné -en plus d’une très grande érudition-, la bonté, celle qui va au-delà de nos demandes pour faire plus que requis dans le sens du bien-être de l’autre.


Rabbin communautaire pendant de longues années après avoir été ordonné à la fois par le Grand Rabbin de France et par le Grand Rabbin d’Israël, il avait su se mettre au service de chacun, simplement, en écoutant son prochain avec tolérance et c’est justement sa pratique d’un judaïsme ouvert, souriant et joyeux, mais sans concession sur l’essentiel, qui avait redonné aux juifs une nouvelle envie de judaïsme. 


Cet homme qui n’avait jamais cessé d’étudier sans devenir austère -en se référant continuellement à l’enseignement de son père, Grand Rabbin de Jérusalem et grand maître parmi les maîtres-, s’est toute sa vie investi sans compter au service du judaïsme et des juifs. Par sa connaissance pointue et intransigeante de l’esprit des lois halakhiques, il a été le garant pendant 17 ans des services religieux du Consistoire de Paris dont il a protégé -par son nom et sa conscience- l’esprit religieux au service de l’ensemble de la communauté.

C’est de lui, et je le dis en toute sincérité, que me vient pour une grande part, mon engagement au service de notre communauté et du Consistoire. David Messas (zal) avait une telle conscience de sa responsabilité de Grand Rabbin de Paris, de Grand Rabbin de la plus grande communauté juive d’Europe, et une telle exigence de l’exemplarité qui devait être la sienne et la nôtre, à tous, qu’avec son éternel beau sourire il avait su me communiquer et partager sa foi dans un judaïsme tolérant, ouvert et bienveillant comme une mission à accomplir au service de notre communauté.


Sa disparition me prive d’un tandem harmonieux et complice où année après année, sans protocole ni raideur, nous avons de concert administré et conduit le Consistoire de Paris sans perdre de temps en vains conflits, en avançant ensemble de manière complémentaire, sans brutalité, avec l’ambition -pour sa part- de rendre à la communauté ce qu’il avait eu le bonheur de vivre et de recevoir en naissant dans la « petite Jérusalem » de Meknès.


Dans cet esprit, il fut la cheville ouvrière de l’avancée de l’étude et de son approfondissement en France où il a accompagné plusieurs générations de jeunes du Talmud Torah aux cours de pensée juive et philosophique. Né de son impulsion, ce renouveau de l’étude qu’il avait su donner au sein du Consistoire de Paris s’illustre aujourd’hui de la plus belle manière, non seulement dans le Beth Hamidrach de Paris -qui portera désormais son nom-, mais dans la communauté elle-même dont il avait su provoquer et accompagner la mutation.


Malade depuis plusieurs années, ni la douleur, ni la fatigue, ni la lutte incessante pour dépasser son mal autant que lui-même ne l’avaient fait abdiquer de la responsabilité qui était la sienne. Je ne lui ai connu que courage, dignité et volonté de poursuivre coûte que coûte, du mieux possible, sa mission sans jamais se plaindre, baisser les bras ou perdre son lumineux sourire.


Car David Messas (zal) aimait sa tâche. Il aimait le Consistoire. Il aimait l’institution dont il avait conscience du rôle majeur et incontournable au sein de la communauté juive comme garant de la religion juive et du judaïsme en France. Il se plaisait à dire que né au Maroc, il avait choisi la France pour ses Lumières, pour son ouverture et sa générosité qui permettaient aux juifs de vivre ses valeurs et leur foi sans compromission.


Il vient de s’éteindre mais la flamme qui brillait en lui restera pour toujours vivace dans le souvenir de ceux qui l’ont connu ou même tout simplement croisé. Je pose depuis l’enfance, le même regard sur cet homme chaleureux et incroyablement souriant, compagnon d’étude de mon père, qui recevaient avec lui l’enseignement de son père, de mémoire bénie. Présent à toutes les étapes de ma vie, Grand Rabbin de Paris depuis 1995, sa disparition nous laisse tous orphelin d’un Grand Rabbin et d’un Grand homme.

Message de Joël Mergui, Président du Consistoire de Paris

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Une vie entièrement consacrée à la communauté juive

Le Grand Rabbin de Paris, Rav David Messas (zal), fils de Rav Shalom Messas, Ancien Grand Rabbin de Jérusalem, est né à Meknès (Maroc). Il était marié à Dolly BERDUGO et père de 3 enfants.

Après avoir étudié à la Yéchiva « Keter Torah » sous la direction du Grand Rabbin Isaac SEBBAG, il poursuit ses études talmudiques à la Yéchiva d’Aix les Bains. Diplômé d’une Maîtrise de philosophie, option psychologie de l’enfant, à l’université de Grenoble, il reçoit son diplôme de Rabbin par le Grand Rabbin Jacob KAPLAN. Il est également ordonné rabbin (Sémihat Harabanout) par le Grand Rabbin d’Israël.

Sa vie professionnelle commence au Lycée Israelite de Tanger, « OZAR HATORAH », en 1958, en tant que Directeur, où il exerce également les fonctions de Professeur de Talmud, Pensée Juive et Philosophique

Il prend la Direction en 1961 du Lycée Yéchiva de Casablanca et devient qu’interprète assermenté auprès de la cour d’Appel du Maroc.

A Paris, il devient Directeur du Centre Universitaire Edmond FLEG (1967-1973), sous la présidence de l’ACIP d’Alain de Rothschild.

Il est par ailleurs, Directeur de l’Ecole Maïmonide à BOULOGNE (1968-1984) et Directeur de la Maison des Etudiants « Le Toit Familial » (1973-1984) où il est également Rabbin de la communauté.

Puis, de 1984 à 1989, il prend la charge de Rabbin de la Communauté Berith Chalom –Rue Saint Lazare 75009 PARIS.

En 1989, il devient Grand Rabbin de la Communauté Israelite de Genève jusqu’en 1995.

Elu Grand Rabbin de Paris en 1995, il a coordonné le travail rabbinique de plus de cent Rabbins et délégués rabbiniques, tout en étant également Président du Beth Din de Paris.

Le Grand Rabbin David Messas est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’ordre national du Mérite, Officier des Palmes Académiques et a reçu le Prix de Jérusalem. Il a également été élevé au rang de Grand Officier du Ouissam Alaouite, par le roi du Maroc.

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David Messas, « l’âme de la communauté juive de Paris »

Le grand rabbin de Paris, David Messas, a été inhumé à Jérusalem, lundi 21 novembre, au lendemain de sa mort, à Paris, dimanche, à l’âge de 77 ans. Plusieurs centaines de personnes, dont deux ministres israéliens, membres du parti orthodoxe sépharade Shass et des personnalités françaises et israéliennes du judaïsme, ont assisté aux funérailles.

Issu d’une lignée de rabbins originaires du Maroc, il était né à Meknès en 1934 et avait trois enfants. Fils de l’ancien grand rabbin sépharade de Jérusalem, Shalom Messas, autorité internationale en matière juridique, David Messas, formé au séminaire rabbinique de Paris et au grand rabbinat d’Israël était également diplômé de philosophie et de psychologie. Considéré comme un pédagogue et un homme charismatique, il a longtemps dirigé l’Ecole Maïmonide de Boulogne-Billancourt (Hauts de Seine), l’un des premiers établissements scolaires juifs ouverts en France. Il fut de 1989 à 1995 grand rabbin de la communauté israélite de Genève, avant d’être élu grand rabbin de Paris en 1994 contre le rabbin Alain Goldman. Il avait été réélu à ce poste 2001, puis en 2008, malgré son état de santé. Aucun adversaire ne s’était alors présenté contre lui. Paris et l’Ile de France accueillent les deux-tiers de la communauté juive de France évaluée à quelque 600 000 personnes. Défenseur d’un judaïsme orthodoxe et conservateur, le rabbin Messas s’est efforcé de faire revenir une partie des fidèles juifs à la tradition, développant notamment les cours de Talmud Torah. En 2010, il avait créé un début de polémique dans la communauté juive en jugeant « non conforme à la loi juive » la prestation de l’artiste yiddisch Talila ; face aux protestations, la chanteuse s’était finalement produite devant une communauté juive de la région parisienne.

De nombreuses personnalités politiques et religieuses ont rendu hommage au rabbin Messas. Dans son éloge funèbre, le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, a déploré « une perte immense pour le judaïsme français ». Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, présent à Jérusalem a déclaré : « Je ressens une grande tristesse. Il offrait une image d’un judaïsme ouvert, chaleureux et souriant ». David Messas a été pendant de très nombreuses années le guide spirituel, l’âme et la colonne vertébrale de la communauté juive de Paris » et « son action et son rayonnement ont largement dépassé les frontières de Paris et de la France », a souligné le consistoire. « Par sa connaissance pointue et intransigeante de l’esprit des lois halakhiques lois juives »>Article original, il a été le garant pendant 17 ans des services religieux du Consistoire de Paris, dont il a protégé -par son nom et sa conscience- l’esprit religieux au service de l’ensemble de la communauté », écrit Joël Mergui, président du consistoire central, qui a rendu hommage à un homme « d’une grande toérance ».

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé « sa tristesse après le décès d’un grand ami des musulmans de France ». Tout comme le ministre de l’intérieur, en charge de des cultes, le premier ministre, François Fillon, a rendu hommage au « charisme et aux connaissances » du rabbin Messas, « conscience de la communauté juive de Paris, artisan du dialogue entre les religions et les communautés ». François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a salué « un homme de grande culture et de convictions, qui savait être un lien entre la République et les valeurs du judaïsme qu’il portait avec passion ».

Stéphanie Le Bars

Le Monde.fr

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ALBERT HIMY

Tout d’abord je voudrai presenter toutes mes condoleances a sa femme et ses enfants ainsi qu’a ses freres Momy Nathan et sa soeur. David Messas Z »L etait mon directeur d’ecole le Lycee Yeshiva a Casablanca il a eu un grand merite de faire de son etablissement des eleves brillants qui sont sortis de cette ecole. La derniere fois que je l’avait vu c’etait a Brooklyn ou on a dinner dans une meme table chez des amis avant le mariage d’un jeune couple americains ou Mr. Le rabbbin Messas et son epouse etaient heureux de se retrouves avec nous dont je lui ai rappelle que j’etais eleve de son etablissement et que mon epouse etait voisine avec le couple a Casablanca . Nos pensees vont a sa famille qui traverse un douloureux moment. Nos sinceres condoleances

KM

J’ai bien connu son frère le Rabbin Albert MESSAS (zal) décédé il y a 5 ans, ainsi que le GRAND RABBIN David MESSAS (zal) qui était toujours présent aux inaugurations et aux Grands Moments de la vie Juive. J’ai assisté à quelques uns de ses cours et ma pensée va à sa famille en ces moments douloureux.