Premier attentat mortel commis contre la communauté juive de France depuis la Libération, l’attentat de la rue Copernic avait profondément marqué les esprits.

Le vendredi 3 octobre 1980 en début de soirée, veille de Shabbat, une bombe avait explosé devant la synagogue située dans l’ouest de Paris, tuant quatre personnes – un passant, un motard, le gardien de l’immeuble d’en face et une journaliste israélienne – et faisant une quarantaine de blessés.

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La déflagration, qui s’était miraculeusement produite avant la sortie des quelque 300 fidèles, avait tué trois Français et une Israélienne.
Une plaque commémorative apposée sur la façade honore toujours « la mémoire de Jean Michel Barbé, Philippe Bouissou, Hilario Lopez Fernandez, Aliza Shagrir tués lors de l’odieux attentat perpétré contre cette synagogue le 3 octobre 1980 ».

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Arrêté le 13 novembre 2008 à la demande de la justice française, Hassan Diab, 60 ans, qui a la nationalité libanaise et canadienne a toujours nié être impliqué dans la préparation ou l’exécution de cet attentat.

Remis vendredi aux autorités françaises à Montréal, l’ancien professeur de sociologie à l’université d’Ottawa est arrivé à l’aéroport parisien de Roissy, où il a été pris en charge par les policiers à sa descente d’avion. Il devait immédiatement être transféré au palais de justice de Paris pour y être présenté à un juge antiterroriste, selon des sources proches du dossier. Celui-ci doit lui notifier les charges pesant contre lui.

Le mandat d’arrêt international rédigé par le juge antiterroriste Marc Trévidic, qui avait conduit à son interpellation au Canada, vise les chefs « d’assassinats, de tentatives d’assassinats et de destruction de biens (…) par l’effet d’une substance explosive ou incendiaire commise en bande organisée ».

Pour la justice française et les familles de victimes, le refus de la Cour suprême du Canada jeudi de se saisir du dossier permettant donc son extradition, sonne comme une victoire : Trois décennies après l’attentat, Hassan Diab va enfin être confronté aux éléments d’enquête qui pèsent contre lui.

A cette annonce, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Roger Cukierman, avait confié l’« immense soulagement » des familles de victimes et de la communauté juive.

« Il faut lutter contre l’idée que l’on arrivera à rien dans les vieux dossiers de terrorisme, c’est le contraire, avait estimé M. Trévidic lors d’une interview en 2010. On peut faire de celui-ci un emblème, montrer que la France ne lâche pas, que l’on n’oublie jamais un attentat à Paris ».

On se souvient qu’après l’attentat de la synagogue de la rue Copernic, Raymond Barre Premier ministre sous Giscard d’Estaing déplorait la mort de « Français innocents ». C’est-à-dire que pour cet homme politique, le fait que des terroristes massacrent des Juifs à l’intérieur d’une synagogue n’avait, pour lui, rien de contraire à l’ordre du monde et au train des choses. Ce qu’il reprochait implicitement aux auteurs de l’attentat, c’était de ne pas avoir assez « ciblé » l’assassinat, c’est la bavure qui a transformé l’explosion en « attentat aveugle » puisque trois « français innocents », « pas du tout liés à cette affaire » (sic) y ont laissé leur vie… Ce qui était la caractéristique de ceux qui faisaient l’attentat, c’était de châtier des juifs coupables » (sic), poursuit-il.

Coupables de quoi ? R. Barre ne le dit pas, mais on infère aisément :
Ontologiquement coupables. Tuer des femmes juives, des enfants juifs, des vieillards juifs, comme cela arrive ailleurs et encore en France ou en Israël, ce n’est pas une action aveugle, mais ciblée et méditée au contraire, puisque, coupables, les juifs attirent un juste châtiment selon le raisonnement immonde.

Le lendemain, une manifestation spontanée de plusieurs milliers de personnes se tenait devant la synagogue, puis sur les Champs-Élysées. Tandis que d’autres manifestations de protestation ont lieu dans des villes de province.

Le 7 octobre 1980, avait lieu une manifestation de 200 000 personnes entre Nation et République. Plusieurs députés s’y joignent, tous partis confondus.
Il faut dire que dès que le soupçon pèse sur un présumé coupable susceptible d’appartenir à l’extrême-droite – comme ce fut le cas lors de l’attentat de la Rue des Rosiers -, ça mobilise du monde, à l’inverse lorsqu’un attentat est le fait de terroristes arabes comme cela est le plus souvent le cas.

La police française a tout d’abord envisagé un acte commis par l’extrême droite avant de privilégier la piste moyen-orientale.

Il a fini par être attribué au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS) (1), un groupe radical fondé par Wadih Haddad, qui avait revendiqué des attentats et des détournements d’avion à cette époque.

Les enquêteurs français affirment qu’Hassan Diab a confectionné l’engin explosif avec une dizaine de kilos de penthrite, puis l’a placé dans les sacoches d’une motocyclette achetée quelques jours plus tôt par un certain Alexandre Panadriyu, de nationalité chypriote. Ils fondent leurs soupçons sur des analyses graphologiques d’une fiche d’hôtel remplie par le même Alexander Panadriyu, une fausse identité utilisée par Hassan Diab selon les policiers français.

Le portrait-robot du principal suspect à l’époque des faits

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Les charges contre lui reposent sur le portrait-robot établi grâce à une prostituée avec laquelle il a passé la nuit et une analyse graphologique soulignant que l’écriture de Hassan Diab est similaire à celle d’une fiche d’hôtel remplie au nom de Panadriyu. Des tampons sur son passeport figurent également au dossier.

Hassan Diab clame, lui, son innocence et se dit victime d’une homonymie, soutenant qu’il étudiait à Beyrouth à cette époque. Sa défense dénonce également l’origine de preuves, qui auraient été obtenues sous la torture par les services secrets syriens lors d’interrogatoires annexes.

Le président de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), Guillaume Denoix de Saint-Marc, s’est de son côté dit « satisfait mais prudent ».
Les familles veulent connaître la vérité. « On espère que c’est la bonne piste, qu’on puisse se dire que tout ce travail n’a pas été fait pour rien. Nous n’avons rien contre Diab à titre personnel. Il faut arrêter les caricatures, ce n’est pas une affaire de vengeance. Les familles veulent juste connaître la vérité », a-t-il conclu.

(1) Salah Hamouri, ce franco-palestinien qui avait été inculpé en 2005 sous la double accusation d’avoir projeté de tuer le rabbin Ovadia Yossef, appartenait aussi au Front populaire de libération de la Palestine et qui bénéficia du soutien actif du Parti communiste français qui l’éleva au rang de « citoyen d’honneur ».

Claude Salomon LAGRANGE, pour Europe-Israël.

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michel boissonneault

je suis fière de mon premier ministre Stephen Harper d’avoir réussi a l’expulser …. ce salaud avait utiliser tout les moyens juridique pour retarder les procédures d’extradition et durant plus de 20 ans le gouvernement Libéral fédéral avait même pris sa défense contre les autorités française……

bon débarras et je m’excuse auprès des familles des victimes que le Canada accepte autant de criminels