Amitié Judéo-Chrétienne de France
60, rue de Rome – 75008 Paris
Tél. : 01 45 22 12 38
ajcf.contact@gmail.com
Béatifier Pie XII : une décision inacceptable !
La décision du Pape Benoît XVI de signer le décret d’héroïcité des vertus du Pape
Pie XII, première étape en vue d’une béatification, et ce conjointement avec le décret
concernant Jean-Paul II, scandalise non seulement les autorités juives mais aussi un
grand nombre de chrétiens.
Nous pensions qu’une telle décision, souhaitée depuis longtemps par la
Congrégation pour le culte des Saints, n’interviendrait qu’après la publication des
archives du pontificat de Pie XII selon la promesse faite par Jean-Paul II qui disait en
substance que l’Eglise n’avait rien à craindre de la vérité.
La question des historiens ne concerne pas, comme on le répète sans cesse, l’aide
directe ou indirecte apportée par Pie XII pour sauver des vies humaines juives pendant
la guerre, mais l’absence de sa parole publique dénonçant le massacre des juifs. Que les
nazis aient compris la portée du radio-message de Noël 1942 (où Pie XII n’a pas
prononcé le mot « juif ») ne fait aucun doute, mais le problème est celui de la
réception de l’ensemble du peuple chrétien éduqué depuis des siècles dans une vision
morale négative des juifs. La vraie question est celle de la responsabilité du Pasteur
suprême de l’Eglise catholique d’éclairer le peuple chrétien par ses enseignements,
indépendamment des circonstances, au nom des exigences de la Parole de Dieu dont il
est le premier interprète dans la tradition catholique.
La déclaration de l’« héroïcité des vertus », employée avant tout procès en
béatification, est-elle suffisante dans le contexte du temps ? Une béatification, et a
fortiori une canonisation, propose la personne du saint à la vénération des fidèles et
ceux-ci perçoivent alors sa vie comme un modèle à suivre. N’appartenait-il pas au
Pape de dénoncer avec vigueur ce qu’il y avait de pervers et de radicalement
contraire aux prescriptions bibliques dans le massacre des juifs ?
Heureusement, de nombreux catholiques, évêques, prêtres et laïcs ont passé
outre cette carence pontificale et ont su prendre leur propre responsabilité de croyants.
En conséquence, la décision de Benoît XVI est pour nous inacceptable !
Le 21 décembre 2009
Le Comité Directeur de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France