Antigone II, roi de Macédoine, avait justement donné le ton : « Dieu me garde de mes amis; mes ennemis je m’en charge ». Cette citation pourrait être adaptée à nos amis juifs dans le monde. En effet, Israël n’a jamais tiré profit de l’indulgence des dirigeants juifs parvenus au sommet car ils n’osaient pas se singulariser en affichant ouvertement leur solidarité avec leur peuple de crainte d’être taxé de partisannerie communautaire.

Le premier qui a détenu la palme de la virulence fut le chancelier autrichien Bruno Kreisky, fils d’un fabricant juif de vêtements, qui régna en Autriche de 1970 à 1983. En se voulant l’apôtre de la « coexistence pacifique », il usa de sa double qualité de juif et de socialiste auprès des gouvernements travaillistes israéliens. Il fut le premier chef occidental à donner ouvertement une stature politique d’envergure à Yasser Arafat en le recevant avec les honneurs puis à attribuer à l’OLP un statut de représentant officiel de la Palestine. Les relations avec Israël devaient progressivement se détériorer tout au long de son mandat.

Plus près de nous, les israéliens savaient que Bernard Kouchner ne pouvait se réclamer de son identité juive car il risquait de susciter des réserves de la part de compatriotes qui vouent à l’islam une passion immodérée ou de ceux qui partagent encore les idéaux racistes d’extrême-droite. Ils étaient persuadés qu’ils ne tireraient aucun profit de la position du ministre puisque chacun de ses actes était mesuré au degré d’amitié perçu dans ses décisions vis-à-vis d’Israël. L’inertie du ministre dans le conflit israélo-arabe était donc justifiée par une volonté de ne pas être taxé de favoritisme alors que les israéliens attendaient de lui plus d’activisme à leur égard.

Voilà que WikiLeaks nous apprend à présent, grâce aux bandes sonores de ses discussions avec le président Nixon, que Henry Kissinger était à proprement parlé une « ordure ». On l’entend nettement déclarer que : « l’émigration des juifs d’Union Soviétique n’est pas un objectif de politique étrangère des États-Unis. Et s’ils mettent les juifs dans des chambres à gaz soviétiques, ce n’est pas un problème américain. » Mais le silence coupable des dirigeants juifs américains étonne puisqu’ils ne se sont pas sentis scandalisés et qu’ils n’ont soumis aucune proposition de le mettre à l’index.

Le français DSK, Dominique Strauss-Kahn, risque lui aussi d’entrer dans le Panthéon des juifs discrets alors qu’il culmine au sommet des sondages. Les israéliens seraient fiers d’avoir un homme de sa trempe aux commandes de la France mais ils ne sont pas sûrs d’en tirer un profit tangible car chacun de ses actes serait mesuré au degré d’amitié qui sera perçu dans ses décisions à l’égard d’Israël. Ils craignent une inertie justifiée par une volonté de ne pas être taxé de favoritisme vis-à-vis des juifs. Alors, ils le préfèrent au FMI où il constitue un parfait tandem avec le président de la Banque d’Israël, Stanley Fisher, homme-clé de la réussite de l’économie israélienne. « Dieu me garde de mes amis….. »

Par Jacques BENILLOUCHE

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires