Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a affirmé mercredi que le Premier ministre israélien n’avait « pas proposé quoi que ce soit permettant de bâtir la paix » lors de son discours de la veille devant le Congrès américain.
Lors d’une réunion de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Ramallah, le chef de l’Autorité palestinienne a confirmé qu’il solliciterait en septembre des Nations unies la reconnaissance d’une Palestine indépendante si aucun progrès vers la paix n’était enregistré d’ici là.

Benjamin Netanyahu a assuré mardi que les efforts d’Abbas pour obtenir l’admission de la Palestine à l’Onu ne conduirait nullement à la paix. La démarche palestinienne à l’Onu serait soutenue par la Russie mais les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils opposeraient leur veto à une telle initiative au Conseil de sécurité.

Devant le Congrès qui l’a acclamé, Benjamin Netanyahu a réaffirmé pour l’essentiel la position traditionnelle d’Israël, tout en se disant prêt, pour obtenir une paix « véritable » et « historique » avec les Palestiniens, à « abandonner des parties de la terre juive ancestrale ».

Il a toutefois réaffirmé que le problème des réfugiés palestiniens de la guerre de 1948 devait être résolu hors des frontières d’Israël, que Jérusalem resterait pour toujours « la capitale unifiée » de l’Etat juif et que celui-ci n’en reviendrait pas aux « frontières indéfendables » d’avant la guerre de 1967.

Mahmoud Abbas a déclaré à l’OLP que le discours de Benjamin Netanyahu, une fin de non-recevoir à l’appel du président Barack Obama à un dialogue de paix fondé sur les frontières qui ont précédé la guerre des Six-Jours, « éloignait la paix » en cherchant à dicter des solutions avant même que ne s’engagent des négociations.

Le président de l’OLP a déclaré qu’il consulterait les Etats arabes ce week-end au sujet des dernières propositions du chef de la Maison blanche pour relancer le processus de paix et du refus qu’il a essuyé de la part du chef de la Maison blanche.

« Nous avons déclaré dans le passé et nous disons toujours que la négociation est notre choix, la négociation et rien d’autre. Mais si rien ne se produit d’ici septembre, nous irons devant l’Onu », a poursuivi le successeur du défunt Yasser Arafat.

« Notre objectif n’est pas d’isoler Israël ou de le délégitimer. Ce n’est ni un acte de terreur ni un acte unilatéral », a poursuivi Abbas, qui a qualifié de point de départ acceptable l’offre d’Obama de négocier sur la base des frontières de 1967, avec option d’échanges de territoires.

En visite à Londres, le président américain, dont la démarche est soutenue par les autres pays occidentaux, a réaffirmé mercredi sa confiance en une solution à deux Etats, Israël et la Palestine, coexistant dans la paix et la sécurité.

Mais les commentateurs et observateurs palestiniens comme israéliens ne considèrent pas le discours de Netanyahu devant le Congrès comme susceptible de relancer le processus de paix qui a capoté fin septembre après avoir été relancé quelques semaines plus tôt sous l’égide de Barack Obama.

Benjamin Netanyahu a rassuré le coeur de son électorat de droite en n’offrant rien de neuf, selon la majorité des commentateurs israéliens, tout en s’offrant une ovation des parlementaires américains en vantant la démocratie et l’autonomie militaire israéliennes.

Il a incité Mahmoud Abbas à « déchirer » l’accord de réconciliation conclu quelques semaines plus tôt au Caire avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza et qui est boycotté par Israël comme par les Etats-Unis pour son refus de renoncer à la violence et de reconnaître l’Etat juif d’avant 1967.

Saëb Erekat, ancien chef des négociateurs palestiniens, a déclaré que le discours du Premier ministre israélien montrait que les Palestiniens n' »avaient plus de partenaires en Israël pour faire la paix ». Autre responsable palestinien, Nabil Chaath a estimé que la paix de Netanyahu revenait à une « capitulation ».

Ismaïl Haniyeh, leader du Hamas à Gaza, a jugé pour sa part que les propos de Netanyahu, qui exige un Etat palestinien démilitarisé et une présence militaire dans la vallée du Jourdain, dévoilaient « le vrai visage de l’occupant, le vrai visage de l’arrogance soutenu par les Américains ».
Un sondage publié par le quotidien israélien Maariv montre que 57% des électeurs israéliens pensent que Netanyahu aurait dû soutenir l’initiative d’Obama plutôt que de lui opposer une fin de non-recevoir. Mais, selon Haniyeh, « il faut abandonner cette illusion qu’on appelle négociation », a-t-il ajouté. »

« Netanyahu sait parfaitement que les conditions qu’il a fixées hier pour un processus de paix sont vouées au rejet. Pas un Palestinien dans le monde, pas un Etat arabe ne les acceptera, pas une seule personne en Europe ne les prendra au sérieux. Elles ne feront qu’irriter Obama », écrit le commentateur Ben Caspit dans Maariv.

Mais, paradoxalement, selon le sondage du journal, « Bibi » reste l’homme politique israélien le plus populaire.

Par Reuters

L’Express.fr

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