A la croisée des chemins, Mahmoud Abbas a finalement fait son choix. Exit les négociations avec Israël, l’Autorité palestinienne mise sur l’unité palestinienne et par conséquent une alliance avec le Hamas, mais à quel prix ? Sans doute celui de l’aide américaine à laquelle Mahmoud Abbas est prêt à renoncer. La nouvelle stratégie de l’Autorité palestinienne peut-elle seulement fonctionner et lui permettre d’accéder à l’indépendance ?
470 millions de dollars par an, c’est l’aide financière américaine que l’Autorité palestinienne est prête à abandonner au profit d’un rapprochement avec le Hamas. Mahmoud Abbas espère éviter que Washington ne fasse pression sur lui, par l’intermédiaire de cette aide, pour qu’il accepte de revenir à la table des négociations avec Israël.  »Les Palestiniens ont besoin de l’argent américain, mais s’ils (les Américains) l’utilisent pour exercer une pression, nous sommes prêts à renoncer à cette aide », a ainsi déclaré Azzam Ahmad, conseiller de Mahmoud Abbas.

Les motivations du numéro un de l’Autorité palestinienne sont bien évidemment de faire progresser l’unité palestinienne avant de parvenir à l’établissement d’un Etat palestinien. En effet, les Palestiniens n’envisagent aucunement l’indépendance du futur Etat sans que celui-ci ne comprenne les deux territoires : la Judée-Samarie et la Bande de Gaza. Pour l’heure, Washington n’a pas précisé s’il souhaitait suspendre l’aide financière allouée à l’Autorité palestinienne en cas de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. L’administration Obama décidera sans doute de couper ces allocations, excepté si le Hamas accepte de renoncer à la violence et de reconnaitre l’Etat hébreu ainsi que son droit à exister.

Quoi qu’il en soit, en renonçant à l’aide américaine, l’Autorité palestinienne pourrait courir de nombreux risques. Etant dépendante de l’aide financière de Washington et de Bruxelles, l’Autorité palestinienne risquerait, en faisant une croix sur ces précieux dollars, de se plonger dans une crise importante dont elle aurait du mal à se relever. Certes, l’Iran pourrait prendre le relais de l’aide financière, étant allié au Hamas, si le Fatah et le Hamas parvenaient à l’unité, mais cette stratégie priverait l’Autorité palestinienne d’une reconnaissance d’un Etat palestinien à l’Assemblée générale des Nations-Unies.

Benyamin Netanyahou, le chef du gouvernement israélien, n’a pas tardé à réagir à l’annonce de Mahmoud Abbas. Selon le premier ministre de l’Etat hébreu, la réconciliation entre le Fatah et le Hamas conduira à la fin du processus de paix israélo-israélien.  »Vous ne pouvez pas faire la paix avec Israël et le Hamas en même temps. Choisissez la paix avec Israël », a exhorté Benyamin Netanyahou. Israël ne peut en effet pas prendre le risque de conclure un traité de paix avec un gouvernement qui comprendrait des membres du Hamas. La signature d’un accord de paix avec des partenaires qui œuvrent pour la destruction de l’Etat juif est pour le moins inenvisageable. Le mouvement terroriste qui contrôle la Bande de Gaza a lui-même inscrit dans sa charte sa renonciation à la paix avec Israël, la solution étant la lutte armée pour reconquérir les terres qu’il revendique – le territoire israélien et la Judée-Samarie.

De son côté, le Hamas a fait part d’un certain nombre de revendications dans le cadre d’une unité avec l’Autorité palestinienne. Le mouvement terroriste exige que le futur accord entre les deux factions permette un partage du pouvoir. Surtout, ce partage doit pouvoir s’effectuer au niveau des responsabilités relatives à la sécurité, constituant une menace de plus pour Israël. Aussi, avant de parvenir à tout accord de paix avec le Fatah, le Hamas exige la libération de centaines de terroristes détenus dans des prisons de Judée-Samarie, la réouverture des organisations de bienfaisances – qui alimentent le terrorisme, en enfin la suppression de l’interdiction des activités du Hamas en Judée-Samarie. Or le mouvement terroriste se renforce depuis quelques mois, notamment grâce aux révoltes qui secouent le monde arabe. Nul doute en effet que les Frères musulmans d’Egypte, dont la branche palestinienne est le Hamas, jouera un rôle clef dans l’avenir politique égyptien.

En œuvrant pour un rapprochement avec le Hamas, Mahmoud Abbas semble abandonner de manière définitive la voix des négociations. Selon l’ancien député Yossi Beilin, qui a rencontré le numéro un de l’Autorité palestinienne dimanche 27 mars à Ramallah, les Palestiniens n’engageront plus de négociations avec Israël après septembre 2011. Cependant, des responsables palestiniens ont annoncé que si des efforts étaient réalisés avant cette date, ils étaient prêts à abandonner la demande d’une reconnaissance d’un Etat palestinien à l’Assemblée générale des Nations-Unies pour se réengager dans les négociations. Une fois de plus, Mahmoud Abbas a précisé qu’il était prêt à reprendre les pourparlers pour une période de trois mois à condition qu’Israël gèle les constructions dans les localités juives pour une période identique.

Cette dernière hypothèse semblant peu probable, Mahmoud Abbas ne compte plus que sur une alliance avec le Hamas, pour unifier le peuple palestinien, avant d’engager une action aux Nations-Unies. La reconnaissance d’un Etat palestinien de la part de l’Assemblée générale de l’ONU semble s’approcher à grands pas, la majorité des pays composant la communauté internationale soutenant cette initiative. Pour la plupart des pays de l’Union européenne, cette solution apparait comme inévitable. Séduits par l’Autorité palestinienne, nombreux sont les Etats qui ne croient plus à l’efficacité des pourparlers. Or la reconnaissance par l’ONU encourage davantage les Palestiniens à abandonner la voie des négociations.

Face à cette menace, Israël envisage de mettre en œuvre des actions unilatérales si l’ONU reconnaissait un Etat palestinien. Le ministère des Affaires étrangères a ainsi informé les quinze membres du Conseil de sécurité ainsi que plusieurs autres pays européens que l’Etat hébreu pourrait prendre une série de mesures contre la reconnaissance de l’indépendance de la Palestine. Aucune proposition n’a pour le moment été précisée mais des diplomates israéliens ont affirmé que cette initiative conduirait davantage à des violences entre les populations qu’à l’établissement d’une paix durable. Surtout, ils ont rappelé qu’une reconnaissance d’un Etat palestinien par l’Assemblée générale de l’ONU est contraire aux accords d’Oslo de 1993 qui préconisent une résolution du conflit par des négociations menées ente Israël et les Palestiniens.

Astrid Ribois, Guysen.com

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