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Il est consternant d’entendre cette semaine le président Hollande dire, dans une allocution à l’Institut du monde arabe, que l’islam était compatible avec la démocratie. Assertion absurde, puisque par définition, dans la démocratie, c’est le peuple qui décide alors que, dans l’islam, c’est Dieu qui décide, le peuple devant obligatoirement se soumettre (sens étymologique du mot « islam ») à la volonté de Dieu transmise par le Coran.

Il s’agit là d’une vérité irrécusable. Non, absolument non, l’islam n’est pas compatible avec la démocratie, mais des ponts peuvent être construits tout en conservant à chacune des deux civilisations son identité propre.

De l’autre côté, dire que l’islam est une civilisation barbare et l’Occident une civilisation humaniste, ce que croient un nombre considérable d’Occidentaux, c’est tomber dans un piège qui rendra impossible une solution pacifique.

Il faut dire les vérités telles qu’elles sont si l’on veut réfléchir sainement.

Tout d’abord, il est absurde de nier qu’il y ait actuellement dans l’islam un grave et large danger de violence barbare.

Mais c’est le lot transitoire de toutes les civilisations, à commencer par notre époque contemporaine : la Shoah en Allemagne, les massacres staliniens en URSS, les pogroms en Russie, les massacres commis par les Japonais et les Chinois, Hiroshima, etc. Faut-il oublier, en remontant dans le temps, les rapts, exterminations et barbaries esclavagistes (qu’on se souvienne des ports marchands de Nantes et de Bordeaux), le massacre des musulmans et, dans la foulée, celui des Juifs lors des Croisades ? La grande civilisation romaine elle-même s’est distinguée par quelques génocides de César en Gaule afin de terrifier les vaillants Gaulois, par le spectacle des gladiateurs condamnés à s’entre-tuer et la révolte de Spartacus, par l’effacement de la carte de Carthage et de ses habitants… Une encyclopédie ne suffirait pas à recenser le lot de barbarie de chaque civilisation.

Le monde arabe a eu ses périodes de barbarie, lors de son expansion et au temps des Almohades. Cependant la civilisation au temps d’Haroun al-Rachid et de Saladin surpassait de très loin la pauvre Europe arriérée.

Le problème n’est donc pas là.

Le problème est qu’il y a, depuis une cinquantaine d’années, un réveil de la barbarie dans le monde arabe alors que l’Occident au contraire aspire plus que jamais à l’humanisme.

La question est donc : pourquoi le monde d’islam s’éveille-t-il à la pire des barbaries ?

Comment peut-on y remédier ?

Que peut, doit ou ne doit pas faire l’Occident ?

Il y a dans l’islam des racines barbares et humanistes étroitement liées. Les grands principes de l’islam sont tous ambivalents, un côté négatif et un côté positif : la soumission implique qu’il y ait des soumis et des insoumis ; s’il y a des fidèles, il y a forcément des infidèles ; le djihad est une guerre ambivalente, une guerre du musulman contre ses instincts d’un côté, et une guerre contre les ennemis d’Allah, de l’autre, et, s’il y a un monde d’islam, il y a forcément un monde de non-islam. Il y a toujours à la fois un volet humaniste et un volet barbare lorsque les hommes se prennent pour les vicaires d’Allah. En ce moment, le volet barbare prend le dessus, et il faut expliquer pourquoi et comment.

Le fanatisme barbare a actuellement une double origine : la source wahhabite de l’Arabie sunnite, la source chiite de l’Iran des ayatollahs. Pour des raisons, historiques, politiques, idéologiques qui dépassent le cadre d’un court article, le monde arabo-musulman était resté pratiquement figé depuis la fin du XIe siècle et il a été confronté brutalement à la modernité de la seconde moitié du XXe siècle avec pour seule arme, les gisements pétrolifères fabuleux de l’Iran et de l’Arabie. Il ne suffit pas de pétrodollars à une civilisation pour franchir en quelques courtes années neuf siècles de léthargie. Les réponses ont été simplistes, fondées sur la littéralité de la lettre au mépris de l’esprit. Cependant aujourd’hui, et cette année particulièrement, l’Arabie commence à comprendre qu’elle doit assumer un minimum de modernité et voici qu’elle guerroie contre ses enfants spirituels de Daesh. L’Iran fait maintenant de même. En Egypte le président Sissi vient enfin de crever l’abcès :

« Je m’adresse aux oulémas et aux imams. Nous devons examiner la situation actuelle en adoptant une perspective vaste et éclairée… Il est inconcevable que cette idéologie… je ne parle pas de religion, mais d’idéologie – le corpus d’idées et de textes que nous avons sacralisés au cours des siècles – soit rendue au point où il est devenu très difficile de la remettre en question. Nous avons atteint un point où cette idéologie est hostile au monde entier. Il est inconcevable que 1,6 milliard de musulmans puissent tuer la population du monde entier, soit sept milliards de personnes, aux fins de pouvoir vivre. Je tiens ces propos ici, à Al-Azhar… Vous ne pouvez pas comprendre les choses clairement quand vous êtes enfermés dans cette idéologie… Vous devez vous opposer à l’idéologie actuelle avec fermeté. Permettez-moi de le répéter : Nous devons révolutionner notre religion. »

Même Bashar el-Assad fait campagne contre l’islamisme politique. Donc, le monde arabe commence à bouger. La Tunisie vient de revenir au Bourguibisme et à la modernité de Ben Ali, expurgée des corrompus qui ont perdu Ben Ali. Le pays qui a absolument besoin de revenir à ses sources est la Turquie, hélas toujours fortement arc-boutée sur l’islamisme contre la révolution anticipatrice d’Atatürk. Mais espérons que le temps d’Erdogan soit compté.

Et qui freine cette évolution ? L’Occident ! Obama, au lieu de soutenir les Iraniens qui en ont assez des ayatollahs, fait des courbettes aux princes du régime alors que l’essentiel serait d’affaiblir le régime au lieu de le renforcer, si l’on veut que les Iraniens recouvrent la liberté.

Qui a enflammé l’islamisme avec l’aide de l’Arabie dans l’espoir de déstabiliser les Etats musulmans satellites de l’URSS et en tête l’Afghanistan ? C’était l’apprenti sorcier, Brzezinski, qui depuis trente ans est le conseiller adulé des présidents américains de Reagan à Obama (à l’exception notable de G. W. Bush) et qui, aujourd’hui encore, pousse à enflammer l’Iran aux frontières de la Chine, l’Inde et la Russie afin d’empêcher ces Etats de supplanter l’hégémonie américaine.

L’Europe et la France ménagent le Hamas, complètement acquis à l’Etat islamiste au lieu de soutenir l’Egypte, qui le combat, et, parallèlement, ils soutiennent le maximalisme d’Abbas.

L’Europe prétend qu’Israël est le problème alors que le problème est le refus de la reconnaissance d’Israël par les pays arabes qui permettrait enfin aux Palestiniens d’avoir un Etat auprès d’Israël et non contre. Netanyahou a raison de miser à fond sur une réconciliation avec l’Arabie, donc sur une reconnaissance d’Israël qui réglerait ce cancer qu’est le conflit israélo-arabe né du refus de la reconnaissance d’Israël par les Arabes.

Certes, la France, l’Angleterre, l’Allemagne ont raison de traquer les djihadistes sur leur sol. Mais ceux-ci ne sont que les effets et non les causes. La vraie cause est l’idéologie islamiste qui embrigade des illettrés et des laissés-pour-compte. On peut tuer des hommes mais on ne peut pas tuer une idée, sauf à la vaincre par une idéologie plus convaincante : c’est ce qu’a fait l’occident contre le communisme. Il faut vaincre l’idéologie islamiste avec le concours des musulmans qui veulent, à la manière d’Atatürk, de Bourguiba et de quelques autres, acclimater la laïcité au sein de l’Islam.

« Je suis Charlie » vaut un temps, et si la France a vu mourir quelques dizaines de Juifs français et de Français non juifs, en revanche, au Moyen-Orient, ce sont par centaines de mille que se comptent les victimes musulmanes de l’islamisme radical.

Et ce sera par millions si Chiites et Saoudiens se dotent de l’arme nucléaire.

Nessim Robert Cohen Tanugi, le 19 janvier 2015

(Reproduction libre, sous réserve de mentionner la source.)

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Gabriel Favre

Remarquable commentaire, clair et précis.Je ne puis que souscrire. L’Islam est demeurée une idéologie stérile qui n’a, en effet, pas changé depuis la fin du moyen-age. Mais l’auteur de ce texte là aussi a raison, il suffit de se rappeler de la barbarie aveugle de l’Eglise catholique pendant plusieurs siècles, inquisition, autodafés, pogromes et chasse aux « soit-disant » sorcières et de tous les autres « infidèles », c’est à dire non catholique – d’où l’expression classique « ce type n’est pas très catholique ». En fait l’une des proncipales erreurs des « érudits » (en tous cas certains) a été de regrouper un Qoran unique en unissant les deux existants par centre d’intérêt et non par création historique. En effet, il y a eu deux Qorans, le premier appelé « Meckoi » car à cette époque Mahommed tentait de convertir la majorité de la ville – à savoir, les Juifs – et les « payens » (l’ancienne religion polythéiste hérité du monde babylonien), dans ce Qoran-là, Mahommed se montre très conciliant et tolèrant: c’est le moment où il met en lumière les liens profonds de parenté entre l’Islam et le « Peuple du Livre » – nous autres. Mais lorsque son plan échoue lamentablement et qu’il doit s’enfuir vers la « ville » – Médina » il va produire un nouveau Qoran qui lui se caractérise par une haine virulente contre les Juifs, mais aussi, bien que moins virulente contre les Chrétiens, c’est la réaction d’un homme aigri et déçu. En conclusion, pour que l’Islam redevienne compatible avec notre société et plus humaine, il faudrait éliminer le deuxuème Qoran, mais là le problème, c’est les Sunnites qui exigent une soumission complète aux textes.
J’ai particulèrement apprécié le passage:
« Qui a enflammé l’islamisme avec l’aide de l’Arabie dans l’espoir de déstabiliser les Etats musulmans satellites de l’URSS et en tête l’Afghanistan ? C’était l’apprenti sorcier, Brzezinski, qui depuis trente ans est le conseiller adulé des présidents américains de Reagan à Obama (à l’exception notable de G. W. Bush) et qui, aujourd’hui encore, pousse à enflammer l’Iran aux frontières de la Chine, l’Inde et la Russie afin d’empêcher ces Etats de supplanter l’hégémonie américaine. »
Voilà qui est clair. La situation actuelle au Moyen-Orient comme en Ukraine, où le’s USA et l’Europe soutiennent un gouvernement ouvertement néo-nazi où les criminels de guerre sont érigés en héros national.