Des coups de feu ont éclaté mardi matin dans la matinée après que Juan Guaido a annoncé que des unités militaires l’avaient aidé à entamer la « phase finale » de l’opération Liberté pour mettre fin à « l’usurpation » du régime de Maduro.

Footage of the chaos on Altamira bridge earlier when colectivos were clashing with Pro Guaido forces#Venezuela pic.twitter.com/z89xvqKH8F

— CNW (@ConflictsW) April 30, 2019

Guaido, qui a été déclaré président en janvier et reconnu par de nombreux pays occidentaux, s’est opposé au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro, arrivé au pouvoir en 2013 après la mort de Hugo Chavez. Guaido a le soutien de l’Assemblée nationale tandis que Maduro a le soutien de sa propre structure politique, de la Russie, de la Turquie, de l’Iran et également de groupes armés appelés Colectivos. Il leur a demandé de maintenir l’ordre au cours du dernier mois et affirme maintenant que Guaido a lancé un coup d’Etat. Il y a un jour à peine, les médias pro-Maduro affirmaient que Guaido ne progressait pas. Maintenant, Guaido a franchi le rubicon.

Guaido, 35 ans, a parlé pendant qu’il faisait encore noir, avant six heures du matin. Bientôt, il est apparu avec Leopoldo Lopez, un autre jeune chef de l’opposition, qui avait été libéré de l’assignation à domicile par des soldats. Des soldats, qui appartiendraient à la Garde nationale, ont été aperçus sur un pont près de l’aéroport, leurs mitrailleuses lourdes sur un passage supérieur et des caisses de bananes où se mélangeaient des cartouchières de munitions. Des gaz lacrymogènes ont été tirés en l’air. À neuf heures du matin, la foule se rassemblait pour répondre à l’appel de Guaido de descendre dans les rues pour «recouvrer notre liberté». Lopez a appelé «tout le monde à se mobiliser» pour retrouver la liberté du peuple.

Fuerza Armada Nacional han tomado la decisión correcta, cuentan con el apoyo del pueblo de Venezuela, con el aval de nuestra constitución, con la garantía de estar del lado correcto de la historia. A desplegar las fuerzas para lograr el cese de la usurpación.

— Juan Guaidó (@jguaido) April 30, 2019

Les tirs ont commencé vers neuf heures du matin sur les ponts près de l’aéroport de Carlota. Juste au sud de la gare Metrobus La Floresta et au nord de la base de l’aéroport de Carlota. Des foules se sont mises à l’abri et des dizaines de journalistes se sont accroupis derrière des voitures. Les gardes nationaux attendaient pour riposter.

« Nous rejetons ce mouvement de coup d’Etat, qui vise à remplir le pays de violence », a déclaré le ministre de la Défense nationale Vladimir Padrino.

Il a ajouté que les forces armées restaient « fermement attachées à la défense de la constitution nationale et des autorités légitimes », et que toutes les unités militaires du Venezuela déclaraient « la normalité » dans leurs casernes et leurs bases.

Le ministre de l’Information, Jorge Rodriguez, a tweeté que le gouvernement était en train de faire face à un petit groupe de «traîtres militaires» cherchant à promouvoir un coup d’État.

Diosdado Cabello, président de l’Assemblée constituante pro-Maduro, a déclaré que l’opposition n’avait pas été en mesure de prendre le contrôle de la base aérienne et a exhorté les partisans de Maduro à manifester devant le palais présidentiel de Caracas.

Guaido, dans une vidéo publiée sur son compte Twitter, était accompagné d’hommes en uniforme militaire et de l’homme politique de l’opposition, Leopoldo Lopez, qui a été placé en résidence surveillée.

« Les forces armées nationales ont pris la bonne décision et comptent sur le soutien du peuple vénézuélien », a déclaré Guaido.

Guaido, le chef de l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition au Venezuela, a invoqué en janvier la constitution pour assumer une présidence intérimaire, affirmant que la réélection de Maduro en 2018 était illégitime.

Il a de plus en plus voyagé à l’extérieur de la capitale Caracas, ces dernières semaines pour faire pression sur Maduro afin qu’il se retire.

Le Vénézuéla est un conflit important et symbolique, non seulement parce qu’il oppose l’Occident à la Russie dans une certaine mesure, mais aussi parce qu’il est un exemple d’État autoritaire qui était autrefois une démocratie et qui souffre de divisions profondes, de pauvreté et de crimes. Quand Chavez est arrivé au pouvoir, il a promis une révolution et a acquis une influence dans la région, avec le soutien de Cuba et d’autres.

Mais son zèle révolutionnaire est devenu encore plus brutal et a abouti entre les mains de Maduro qui s’est accroché au pouvoir. Dans le même temps, l’opposition a commis des erreurs en boycottant divers sondages et en ne pouvant s’unir que plus récemment. Maintenant, les jeunes visages qui ont mené cette campagne donnent une nouvelle énergie au Venezuela. Dans le même temps, ils ont reçu le soutien des États-Unis, de la Colombie et du Brésil.

Guaido a été déclaré président en janvier et avait quitté le Venezuela pour aider à acheminer de l’aide dans le cadre d’une opération qui s’était terminée par l’incendie d’un camion à la frontière colombienne le 23 février. Depuis lors, il n’était pas clair de savoir si Guaido parviendrait à mobiliser un nouvel élan. Des coupures d’électricité ont eu lieu dans tout le pays et le régime semble s’être retranché, comptant sur le soutien de Moscou et d’ailleurs.

Alors que le régime cherchait à empêcher l’accès aux réseaux sociaux et à bloquer les transports en commun, les foules se sont rassemblées dans la matinée vers la base de Carlota et ont semblé se frayer un chemin. Si elles parvenaient à prendre la base, l’aide pourrait être acheminée par avion, en théorie. De nombreux pays ont reconnu Guaido, ce qui lui donne apparemment le droit de faire ce qu’il veut avec l’utilisation de l’aéroport.

After years of suffering freedom is waiting for people of #Venezuela. Do not let them take this opportunity from you.

Now is the moment to take to the streets in support of your legitimate constitutional government.

Do not allow this moment to slip away. It may not come again

— Marco Rubio (@marcorubio) April 30, 2019

Le sénateur américain Marco Rubio, un partisan passionné de Guaido, a déclaré qu’après des années, la souffrance et l’espoir de la liberté pouvaient mettre fin aux difficultés du peuple vénézuélien. « Ne les laissez pas vous empêcher de saisir cette opportunité », a-t-il tweeté. Cependant, le soutien américain à Guaido est teinté de politique intérieure américaine.

L’antisémite Ilhan Omar, membre du Congrès, et d’autres membres de la gauche ont critiqué le soutien à tout changement de régime à Caracas. Elliot Abrams a été nommé envoyé spécial américain pour le Venezuela en janvier. Il était censé diriger les efforts pour isoler Maduro. L’Espagne, qui vient de procéder à des élections, a appelé les parties à éviter les effusions de sang au Venezuela, appelant à une transition pacifique grâce à une élection présidentielle. La Bolivie et Cuba ont déclaré qu’un coup d’Etat était en cours.

Reuters a contribué à ce rapport.