Veillée d’armes au Moyen Orient… où la logique brille par son absence !

En écrivant cet article je me suis souvenu de ce que disent et disaient les dirigeants israéliens à leurs homologues occidentaux : cette région est spécifique, elle est dangereuse, les règles qui ont cours dans le reste du monde (civilisé) ne marchent pas ici…

C’est difficile à comprendre ou à accepter, mais c’est ainsi. Et les dirigeants israéliens de conclure en ces termes : nous sommes bien placés pour le savoir !

Et, en effet, dans toute autre région de cette terre aucun conflit similaire n’aurait perduré aussi longtemps, tant le système de représentations, la conception des réalités et des êtres, sont propres à la région, et, partant, incomparables.

Cette entrée en matière semble un peu contournée et n’aborde pas le sujet frontalement car il faut réfléchir à la nature exacte et profonde de ce conflit qui remonte à des temps immémoriaux parce qu’il a des racines religieuses indéniables, même si l’élément nationaliste n’en est pas absent.

Les diplomates occidentaux, même étasuniens, pourtant les meilleurs alliés d’Israël, ne le comprennent pas toujours.

Et l’exemple le plus saillant, le plus fou nous a été fourni par le prédécesseur du Président Trump qui n’a pas hésité à s’abstenir lors d’une résolution anti-israélienne au Conseil de sécurité de l’ONU, provoquant ainsi une condamnation d’Israël.

Ce conflit a donc quelque chose d’incompréhensible, d’illogique, d’irrationnel, de passionnel ; bref de tout ce que vous voudrez car il défie l’entendement sain. Pourquoi ai je fait ce long détour avant d’entrer in medias res ?

Parce que, en bonne logique et sans parti pris vraiment, je ne comprends pas l’attitude proprement suicidaire du Hamas, par exemple, mais aussi de l’Iran des Mollahs qui ont tout à gagner (notamment une assurance-vie pour leur régime)… s’ils se tenaient tranquilles.

Hier, j’écoutais le discours du Premier Ministre d’Israël et pris connaissance des réactions tant d’approbation que de désapprobation. J’ai donc entendu un journaliste iranien, opposant au régime des Mollahs, dire que ce régime était au bord de l’agonie, que le peuple ne manquerait pas de redescendre dans la rue, que le système bancaire était en faillite, que l’économie allait mal, que les bazaris de Téhéran, anciens alliés des Mollahs contre Chah d’Iran, n’en peuvent plus, que les Gardiens de la révolution précipitent le pays et son économie dans un précipice, etc…

Mais je me demande si tout cela est vrai. Et même si tel était le cas, le régime vendra chèrement sa peau.

Question ; alors pourquoi s’en prendre à Israël ? Pourquoi s’armer à ce point ? Pourquoi ne pas rebâtir l’économie du pays, aller au-devant des besoins et des revendications de la population dont 80% sont jeunes et n’ont connu que ce régime belliqueux et tyrannique ?

Excellente illustration de l’irrationalisme qui prévaut dans la région, sauf en Israël, pays prospère, super puissance économique et militaire et modèle de toute start up nation ? Mais pourquoi donc certains jettent-ils exclusivement leur dévolu sur la mort, la guerre, l’agression tandis que d’autres privilégient la vie, la paix, le développement, la lutte non point contre ses voisins mais contre le fanatisme, l’ignorance, l’inculture, en un mot la haine ?

Mon billet de ce matin ne devait pas, à l’origine, traiter de ce sujet mais depuis hier soir ou avant-hier la tension a augmenté sensiblement, à la suite de bombardements anonymes de bases iraniennes en Syrie, et aussi de la savante intervention de Benjamin Netanyahou, mettant le monde entier en garde contre l’Iran des Mollahs, présenté comme l’essence même de la duplicité.

Si cette présentation est véridique et je le crois sans être en mesure de le jurer par manque de compétence, la palme revient aux services secrets israéliens qui ont pu violer le secret le mieux gardé de ce régime, lequel ne va pas tarder à diligenter une enquête pour déceler d’éventuelles complicités intérieures…

Et ce n’est pas fini : un élément nouveau mais de nature décisive et déterminante vient s’ajouter à ce bruit de bottes : le parlement israélien vient d’autoriser le Premier Ministre et son ministre de la défense à faire la guerre si cela s’impose, sans en passer par les étapes normales dans ce type de situation.

C’est donc sans le dire clairement, l’état d’urgence. Quand nous parlons du régime des Mollahs, nous ne sommes pas loin de commettre une généralisation abusive.

Nous devrions parler spécifiquement du Guide suprême de la révolution et de ses Gardiens. Ce sont ces derniers qui profitent largement de ce régime, en constituent la garde prétorienne et le fer de lance, notamment en Syrie.

Et ce sont eux qui forcent la main du président iraniens actuel qui, tout en n’ayant pas les mains très blanches, souhaite tout de même axer son action autour de l’économie, sachant que c’est là-dessus qu’il sera jugé. Et que la survie du régime en dépend.

Allons nous vers une déflagration, vers une guerre régionale ? Tout dépend de l’autorité de Rouhani à imposer sa volonté aux bellicistes Gardiens de la Révolution lesquels aspirent à un conflit de toutes les fibres de leur être. Mais leurs rodomontades et leurs fanfaronnades ne vont pas très loin.

S’il y avait une confrontation militaire, je doute que le bellicisme iranien puisse avoir raison des USA et d’Israël sur le champ de bataille. L’armement des militaires iraniens est vétuste, même les missiles anti missiles que les Russes promettent de leur fournir ne constituent pas l’arme absolue. On constate une énorme disproportion entre les deux parties en conflit.

Et il y a la décision du président Trump : tous les experts sont unanimes, il ne reconduira pas tel quel nec varietur le traité actuel. Il l’a dit lors de la campagne, il l’a redit hier. Et rien ni personne ne lui fera changer d’avis.
Je reviens à la question initiale : mais pourquoi s’écarter de la voie du bien, de la paix et de l’entente ? Comment les Mollahs en sont-ils arrivés à cette haine d’Israël ? N’ont ils pas d’autre chat à fouetter, si on me permet cette image triviale ?

Quand on regarde l’Histoire de l’humanité, on relève des cas où des régimes totalitaires comme ceux de Hitler ou de Staline, et surtout le premier, ont délibérément foncé tête baissée dans des aventures qui leur ont coûté la vie ou, dans une moindre mesure, coûté cher (à la mort du soi disant petit père des peuples, Kroutchov a conduit la déstalinisation…).

Hitler a envahi l’URSS contre l’avis motivé de ses meilleurs généraux. Ce fut le tombeau qu’il avait lui-même creusé…Alors que dès le milieu de l’année 1942, les experts militaires savaient la guerre perdue, les Nazis ont continué à exterminer le peuple juif, au lieu de concentrer leurs efforts sur la défense des frontières de leur pays… Rien n’est pire que la cécité, l’aveuglement volontaire, le leurre de soi-même…

Il me coûte de le dire mais cette grande civilisation que fut la Perse antique mérite mieux que le sombre avenir que lui réservent les Mollahs, leur guide suprême et ses gardiens du régime. Il fut un temps où la Perse antique avait joué un rôle bénéfique pour le royaume d’Israël et sa reconstruction. Mais alors, la Perse avait une autre religion.

Le précipice est devant eux : s’y jetteront-ils ou, au contraire, reculeront ils ? Nous ne tarderons pas le savoir.

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage:

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Méïr

M. Hayoun, vous posez une question à laquelle vous avez la réponse sans oser la prononcer. Vous l’esquissez en toute fin d’article. Je vous cite : « Mais alors, la Perse avait une autre religion. ».
Voilà la raison de cette folie. Elle tient en un mot : islam. Le reste n’est que commentaire, pour paraphraser Rabbi Hillel, si je ne me trompe.

Marc A

Tres bon article. A la question de la fin, un indice. A quoi reconnait-on Amalek?
Réponse: Il est capable de se suicider si cela peut faire mal aux Juifs.