La justice française a relaxé mercredi Jawad Bendaoud, qui comparaissait pour avoir logé deux des auteurs des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris, alors que l’accusation avait requis contre lui quatre ans de prison.
“Il n’est pas prouvé que Jawad Bendaoud a fourni un hébergement à des terroristes (…) afin de les soustraire aux recherches”, a déclaré la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez. Jawad Bendaoud, qui était jugé depuis le 24 janvier pour “recel de malfaiteurs terroristes”.Lire la suite sur lemondejuif.info
Au terme de trois semaines de procès, Jawad Bendaoud a été relaxé des faits de « recel de malfaiteurs terroristes ». Mohamed Soumah a été condamné à cinq ans de prison, tout comme Youssef Aït Boulahcen.
Question cruciale tout au long de son procès, « le tribunal dans son jugement a dû établir si Mohamed Soumah et Jawad Bendaoud savaient ou pas que Chakib Akrouh et Abdelhamid Abaaoud étaient des terroristes », a indiqué la présidente au moment de son délibéré.
Epilogue inattendu de ce procès, l’ultra-médiatique Jawad Bendaoud a été relaxé des faits de recel de malfaiteurs terroristes ce mercredi par la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris au terme d’un procès long de trois semaines. Il s’est d’abord effondré dans le box, puis a levé les bras, embrassé la tête de son avocat ou encore tapé sur l’épaule des gendarmes d’escorte au moment de la décision.
La cour a considéré qu’aucun élément ne prouvait que le prévenu savait qu’il hébergeait des terroristes. « C’est l’appât du gain qui a fait taire vos doutes », a reconnu la présidente.
Le parquet a décidé de faire appel de cette relaxe de Jawad Bendaoud.
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« Je n’étais pas au courant »
Tout au long de ces audiences, Jawad Bendaoud n’a cessé de répéter qu’il ne savait pas que le soir du 17 novembre 2015 il louait son squat du 48 rue de la République, à Saint-Denis, à deux terroristes des attaques de Paris, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh. Dans des anecdotes et des explications interminables, qui lui ont valu plusieurs rappels de la cour, il a raconté cette soirée, son réveil le lendemain matin, les messages l’alertant de la présence du Raid à son appartement et son arrivée à Saint-Denis.
« Tout ce que j’ai à vous dire madame, c’est que je n’étais pas au courant que ces mecs-là étaient des terroristes. Je n’ai rien à voir avec cette histoire », répétait-il au dernier jour du procès.
« Le 18 novembre 2015, Jawad Bendaoud se présente devant les caméras et il va dire quelque chose qui ne va être entendu qu’aujourd’hui : ‘je savais pas’ », a réagi Me Xavier Nogueras, l’un des avocats du « logeur des terroristes », se déclarant « extrêmement ému ». « C’était important pour nous d’entendre le tribunal dire que Jawad Bendaoud est innocent, c’est important pour nous, Important pour ses parents, sa famille et pour les victimes car c’est aussi le procès des victimes », a poursuivi le conseil.
En détention provisoire depuis le mois de novembre 2015, et ayant purgé deux peines correspondant à une condamnation pour trafic de drogue et pour avoir incendié sa cellule, Jawad Bendaoud a quitté la prison de Fresnes ce mercredi soir.
Cinq et quatre ans à l’encontre des deux autres prévenus
Comme pour Jawad Bendaoud, quatre ans de prison avait été requis à l’encontre de Mohamed Soumah, celui qui avait mis en relation son ancien compagnon de cellule avec Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, coordinateur sur le terrain des attentats de Paris. Le jeune homme de 28 ans écope ce mercredi de cinq ans de prison pour « recel de terroristes ». « Vous aviez, Monsieur Soumah, une connaissance directe et indirecte de la qualité de terroristes du 13-Novembre des individus à qui vous avez cherché un logement », a argumenté la présidente.
Seul prévenu à comparaître pour « non-dénonciation de crime terroriste », Youssef Aït Boulahcen a été condamné à 4 ans de prison, dont un an avec sursis. La présidente de la 16e chambre correctionnelle n’a pas prononcé de mandat de dépôt à l’issue de l’audience. « Il est certain que le premier contact (avec sa soeur Hasna, NDLR) visait à vous prévenir de la présence de terroristes en France », a estimé la cour, poursuivant en indiquant : « Vous aviez échangé tous les deux auparavant sur la localisation de la planque terroristes. » La présidente a également insisté sur « la radicalisation certaine » du jeune homme de 25 ans.
En supposant qu’autrefois la justice ait pu exister en France, il faut se faire une raison aujourd’hui, ce n’est plus qu’un vœu pieu lorsqu’un musulman arabe ou africain est impliqué. Les institutions judiciaires vont s’ingénier à inventer tous les stratagèmes possibles soit pour le dédouaner, soit pour minimiser sa peine.