Syrie : des missiles saoudiens contre les avions et tanks russes ©

 

Pour la première fois au cours de ce conflit syrien qui dure depuis cinq ans, l’Arabie Saoudite se prépare à livrer aux groupes rebelles syriens des missiles anti-aériens et anti-chars, dans le but de paralyser les efforts de l’armée russe pour prolonger les jours de Bachar El assad au pouvoir. Le Prince héritier Mohammed bin Salman, le Ministre de la Défense, orchestre l’escalade de cette intervention saoudienne dans la guerre syrienne. Il prévoit d’armer les milices rebelles syriennes de missiles capables de frapper et détruire les nouveaux tanks russes T-90, que les sources des renseignements de Debkafile dévoilent avoir été intégrés directement dans les divisions blindées de l’armée syrienne au cours des deux dernières semaines, en arrivage de la base de Novorossiysk sur la Mer Noire. 

Le gros navire de débarquement russe, le Novocherkassk, qui a déchargé une livraison supplémentaire de tanks sur le port de Tartous, jeudi 3 mars, a aussi livré une cargaison de lance-roquettes MLRS. 

Un deuxième navire russe se dirige vers la Syrie avec plus encore de matériel lourd.

Ceci est tout-à-fait conforme à la décision de Moscou d’améliorer le niveau de l’armement de l’armée syrienne et de reconstituer les unités gravement ravagées par cinq ans de combat. Pour Riyad, cela correspond à la prolongation indéfinie et inacceptable du règne d’Assad au pouvoir.

La plupart des observateurs occidentaux et moyen-orientaux pensent que les Saoudiens pourraient bluffer au sujet de ce plan de réarmement des rebelles en missiles, par un stratagème visant à forcer Washington et Moscou à les traiter avec un peu plus de sérieux en tant qu’acteurs sur la scène syrienne et de prendre leurs intérêts avec plus de sérieux. Idéalement, Riyad espérerait rompre la coopération américaine avec l’Iran en Irak et la coopération russe avec l’Iran en Syrie.

Jusqu’à présent, les Saoudiens se sont lancés  dans ce scénario complexe et sans fin par deux mesures tangibles :

1. Le déploiement, la semaine dernière, de quatre bombardiers F-15 des forces aériennes royales saoudiennes sur la base d’Incirlik en Turquie près de la frontière syrienne, qui doit être suivi par un contingent de troupes terrestres pour des opérations en Syrie.

2. Un défi direct au bras armé combattant de l’Iran en Syrie, le Hezbollah libanais et à son dirigeant suprême Hassan Nasrallah, en annulant la dotation de 4 milliards de $ que Riyad avait promis pour la réhabilitation des forces armées libanaises. Le haut commandement libanais collabore de façon de plus en plus visible avec le Hezbollah et une large part des fonds de l’assistance saoudienne aurait certainement fini dans ses poches.

Selon des sources saoudiennes de haut-rang, la décision d’armer les rebelles syriens par des missiles est aboutie. Celle-ci déclare : « L’opposition syrienne doit très bientôt acquérir des missiles sol-air, ce qui provoquera certainement la colère de la Russie et de l’Iran ». Elle ajoute : « Aucun responsable saoudien ne dispose encore de ces cargaisons, mais, tout comme il y a 30 ans,  on n’a pas dissuadé l’Arabie Saoudite d’intervenir en Afghanistan contre l’Armée russe – et nous en sommes sortis vainqueurs – nous n’hésiterons pas à faire face à l’armée russe en Syrie non plus ».

Les sources militaires de Debkafile rappellent que durant la guerre afghane, les Saoudiens agissaient grâce à l’appui total des Etats-Unis, alors qu’en Syrie, les Américains sont fermement opposés à toute intervention saoudienne. Cela fait une énorme différence entre les deux cas de figure.

L’introduction des missiles saoudiens en soutien de l’opposition contre Assad générerait une situation inédite dans le conflit syrien, dans lequel Riyad aurait aussi son mot à dire – et pas seulement Washington, Moscou et Téhéran. Et c’est exactement ce que recherche Le Ministre de la Défense Mohammed Bin Salman. La volonté saoudienne d’apporter ces missiles aux rebelles pousserait l’intervention saoudienne dans le conflit syrien beaucoup plus loin que là où Israël, les Emirats du Golfe, la Jordanie ou la Turquie ne sont prêts à s’aventurer jusqu’à présent.

DEBKAfile Reportage Exclusif 4 Mars 2016, 8:53 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski