Commentaire : le Président Duda a, sans doute, commis une erreur logique en signant d’abord le texte de sanction de l’expression « camp polonais » (ce qu’ils n’ont jamais été, donc pourquoi contester la démarche sur le fond?), puis en le renvoyant au conseil constitutionnel pour examen de conformité. C’est l’inverse qu’il aurait fallu faire, pour valider une « loi », sans quoi c’est une opinion faite loi : parce que l’expression blesse un pays qui doit son existence à ce sentiment résilient de rester lui-même, envers et contre les invasions successives. Néanmoins, les pogrom de l’après-guerre, s’ils n’ont pas existé partout, se relatent par régions d’influence, entre l’Est qui refuse le retour des Juifs et l’Ouest ou Haute-Silésie, apparemment, plus tolérante… Le divorce entre Polonais et Juifs a donc été (en plusieurs endroits) ultra-violent et c’est sous ce jour que l’ensemble de l’histoire judéo-polonaise finit par être interprétée. 

Cette loi, donnant le sentiment d’une crispation identitaire, doit induire, in fine une liberté totale de recherche sur la part de culpabilité imprescriptible de certains nationaux « Polonais » (nombreux du reste) ou certaines régions, villes, en tant que privés d’Etat et de toute autre autorité qu’eux-mêmes pour mal agir. 

Sur le fond du dossier : en 1939, la Pologne en tant que nation, a été décapitée. Son peuple est alors passé sous la tutelle (disons la botte, c’est plus simple) nazie. A quelle aune devons-nous juger les exactions, collaborations groupusculaires ou individuelles, les dénonciations, la « débrouille » par pillage des biens en déshérence et meurtres, les arrestations par des membres zélés de la police polonaise sans état, mais au service de l’occupant, les viols, l’extorsion de fonds y compris par des « Justes », dont certains ont pu l’être par intérêt, mais aussi courir des risques? Même des partisans anti-Nazis, dans les forêts, ont massacré des déportés évadés en masse de Sobibor.

Le gouvernement polonais en exil ne revenant pas, pour cause d’invasion soviétique « en douceur » (l’armée soviétique, restée l’arme au pied, a regardé les Nazis massacrer 200.000 Polonais à Varsovie, pour s’éviter d’avoir à le faire, en cas de résistance à l’imposition d’un régime communiste). -Dans Varsovie, il restait des Juifs, dont un grand-oncle, amené d’Auschwitz en sonder-commando, pour »nettoyer » les restes du ghetto-

Les pogroms se poursuivent au retour des Juifs des camps, comme à Kielce et ailleurs. La Pologne compte et c’est normal, le plus grand nombre de Justes (6700).

Proportionnellement, cela reste infime par rapport aux 200.000 Juifs assassinés directement ou indirectement par des Polonais, dont les Nationalistes de l’Est de la Pologne, luttant contre le retour des Juifs exilés en Union Soviétique. A la différence de l’ouest de la Pologne : Szeszin, Wroclaw, etc, où les Juifs vivaient en parfaite harmonie avec les Chrétiens à la fin de la guerre…

L’inventaire et la quête de connaissance, aussi éprouvante soit-elle pour les deux parties et les autres, doit se poursuivre avec les Polonais et non contre eux. Une partie importante de ce peuple a pu être compromis ; mais combien ont collaboré ouvertement en France et ailleurs? La Pologne, par destination finale, doit-elle devenir l’arbre qui masque la forêt des crimes dans tous les pays d’Europe, parfois avec bien plus de zèle encore? Il n’est pas question de pardon ou d’excuse, juste de ne pas se tromper de débat : le parlement polonais vise une chose : la préservation de son âme en tant que pays, nation ou peuple (au sens le plus large du terme), dans la condamnation de ceux, parmi ce peuple, qui sont se sont gravement impliqués.

Dans une perspective géopolitique actualisée, Israël, la Pologne et d’autres pays du bloc de Visegrad cumulent les intérêts partagés et sont parfois très proches de se comprendre. L’inventaire historique indispensable peut se poursuivre sur le long terme, à condition de viser juste contre les vrais coupables (il y a des nationaux Polonais, comme des Ukrainiens, Lettons, Lituaniens, etc.),  d’éviter les dénonciations blessantes, globalisantes, les généralités qui conduisent à nier l’action de ceux qui ont contribué » au bien commun. 

Marc Brzustowski

Varsovie dit vouloir dialoguer avec Israël

LOI SUR L'HOLOCAUSTE: VARSOVIE DIT VOULOIR DIALOGUER AVEC ISRAËL

Dans l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz. Le gouvernement polonais s’est dit convaincu mardi matin qu’un dialogue pourrait rapidement s’engager avec Israël sur la proposition de loi contestée interdisant l’utilisation de l’expression « camps de la mort polonais ». /Photo prise le 27 janvier 2018/REUTERS/Kacper Pempel KACPER PEMPEL

VARSOVIE (Reuters) – Le gouvernement polonais s’est dit convaincu mardi matin qu’un dialogue pourrait rapidement s’engager avec Israël sur la proposition de loi contestée interdisant l’utilisation de l’expression « camps de la mort polonais ».

« Nous parlerons certainement de notre histoire commune bientôt », a déclaré la porte-parole du gouvernement conservateur, Joanna Kopcinska, dans une déclaration transmise à l’agence Reuters.

La Pologne, a-t-elle ajouté, veut pouvoir discuter de « l’immense implication de la nation polonaise dans le sauvetage des juifs durant la Deuxième Guerre mondiale » mais est prête également à parler « des cas douloureux où des individus se sont comportés odieusement« .

Cette mise au point est un nouveau développement dans la controverse qui oppose depuis plus d’une semaine la Pologne et Israël autour de la proposition de loi votée par les députés puis par les sénateurs polonais.

Lundi, le ministre israélien de l’Education, Naftali Bennett, s’est dit « honoré » de l’annulation par les autorités polonaises de la visite qu’il devait effectuer cette semaine à Varsovie. La décision a été prise par le gouvernement polonais à la suite de son refus de revenir sur sa condamnation de ce texte de loi.

Voté par les députés puis par les sénateurs, le texte prévoit jusqu’à trois ans de prison contre l’utilisation de l’expression de « camps de la mort polonais » ou le fait de suggérer « publiquement et contre les faits » que la nation ou l’Etat polonais ont été complices des crimes nazis.

La proposition de loi, qui doit encore être promulguée par le président Andrzej Duda, a été vivement dénoncée par les autorités israéliennes.

« La voix du sang des juifs de Pologne crie de la terre, et aucune loi ne la réduira au silence », a souligné Naftali Bennett. « Le gouvernement polonais a annulé ma visite parce que j’ai mentionné les crimes de son peuple. J’en suis honoré », a-t-il ajouté.

Le parti Droit et Justice (PiS), la formation de droite conservatrice au pouvoir à Varsovie, estime que cette loi est nécessaire pour protéger la mémoire des Polonais, victimes de l’agression nazie. « Elle ne limite pas les débats, mais vise à combattre les fausses accusations de complicité dans l’Holocauste portées contre la Pologne« , a réaffirmé la porte-parole, Joanna Kopcinska.

Les camps d’extermination d’Auschwitz, Treblinka, Belzec ou Sobibor, rappelle le gouvernement polonais, ont été construits et utilisés par les nazis après l’invasion de la Pologne en 1939.

Le pays abritait alors la plus grande communauté juive d’Europe, avec 3,2 millions de personnes. Plus de trois millions d’entre eux ont été exterminés par les nazis, soit la moitié des Juifs massacrés durant l’Holocauste.

Selon les chiffres du musée du mémorial américain de l’Holocauste, les Allemands ont également tué au moins 1,9 million de civils polonais non juifs durant la Deuxième Guerre mondiale.

Le centre israélien Yad Vashem estime que 30.000 à 35.000 juifs polonais ont été sauvés grâce à l’aide de Polonais. Plus de 6.700 Polonais ont été qualifiés de « Justes parmi les Nations », soit le contingent le plus important pour un pays en particulier.

(Pawel Sobczak avec Lidia Kelly et Maayan Lubell à JérusalemHenri-Pierre André pour le service français)

challenges.fr


Les pogroms après la guerre en Pologne

À partir du printemps 1946, les Juifs rentrent d’URSS.

Les victimes juives de l’antisémitisme polonais étaient déjà nombreuses depuis 1944. Des Juifs rescapés des camps ou cachés dans la forêt, qui reviennent dans leurs villages, sont accueillis aux cris de : « Quoi, ils ne sont pas tous morts ? » Des incidents antisémites sont signalés. Des Juifs retournés dans leurs villages disparaissent. D’autres sont retrouvés morts sur les routes ou dans les bois. Ces faits passent d’abord inaperçus. L’insécurité est un problème pour tous, et même les soldats russes tombent victimes des nationalistes. L’Allemand parti, le Russe est devenu l’ennemi, comme l’est également le communiste polonais. Dans une église, un curé avait prévenu : « Attention, les Russes et les Juifs reviennent. Bientôt ils seront ici. Alors vengez-vous des Russes et des Juifs avant qu’il ne soit trop tard. » Le gouvernement provisoire publie en juillet 1944, à Chelm, déjà libérée, un manifeste assurant les Juifs de droits égaux. Lublin devient la capitale provisoire du nouveau gouvernement, en juillet 1944 également. Dans tout l’Est libéré (Lublin, Chelm, Zamosc), les règlements de compte se poursuivent avec les forces nationalistes (« les gars dans la forêt », les organisations NSZ, NZW1…).

Un Comité central des Juifs de Pologne est créé à la veille de l’offensive d’hiver de l’Armée rouge. Il regroupe des sionistes, des socialistes, des communistes. Il tient sa première assemblée nationale en novembre 1944 à Lublin, et organise l’accueil des survivants. En janvier 1945, Varsovie, Lodz, Cracovie puis Katowice sont libérés.

Les attaques contre les Juifs dans les villages éloignés, dans les trains et les autobus sont souvent le fait d’unités nationalistes, qui n’ont pas capitulé après la dissolution de l’AK (Armée de l’intérieur)2 en janvier 1945, et qui combattent les « ennemis de la Pologne ». Mais les paysans tuent aussi pour ne pas avoir à rendre les maisons qu’ils avaient volées, ou par crainte d’être inquiétés pour les dénonciations qu’ils avaient commises. En mai 1945 est promulguée une loi qui abroge tous les contrats de propriété passés entre des tiers et les autorités d’occupation, et qui prévoit que toute propriété abandonnée du fait de la guerre sera rendue.

Au-delà des meurtres individuels, le premier pogrom a lieu à Cracovie en août 1945 : attaques de synagogues, de centres communautaires et d’appartements, assassinats. Dans toute la région, qui accueille des Juifs d’autres lieux, les exactions se multiplient. Elles s’étendent à toute la Pologne. C’est dans ce contexte que le bruit court au début de 1946 que des dizaines de milliers de Juifs vont rentrer d’URSS. Ces retours s’opèrent à partir du printemps 1946, sur ordre de Staline, contre l’avis de Gomulka, vice-premier ministre polonais. La décision est prise de diriger ces Juifs vers les provinces de l’Ouest, récupérées ou prises sur l’Allemagne en 1945, en particulier vers la Silésie et la Poméranie. Ces régions sont peu peuplées car désertées par les Allemands, qui ont pris la fuite ou bien en ont été chassés par les Polonais. Aux yeux du gouvernement polonais, cela a un autre avantage : les Juifs ne reviendront ainsi pas dans leurs villages d’origine. En juillet 1946, ils sont 150 000 à être revenus. La Communauté juive en Pologne a quadruplé, et atteint 200 000 à 250 000 personnes. En dehors des régions de l’Ouest, beaucoup s’installent à Lodz, moins détruite que d’autres villes comme Varsovie, et où un grand centre de rapatriement fonctionne : à Lodz se trouvent 17 000 rescapés des camps, 1 500 anciens partisans, 2 000 rescapés des forêts et du ghetto, et 10 000 réfugiés d’URSS.

Les assassinats dans les trains se répandent. En mai 1946, alors que les rapatriements s’accélèrent, le Comité central de Varsovie a établi une liste de près d’un millier de morts officiellement recensés.

Le journaliste Léon Leneman raconte :
« J’ai fait moi aussi partie des premières vagues de rapatriés d’Union soviétique. Nous étions heureux de rentrer et n’imaginions pas un seul instant que les Polonais étaient restés antisémites après tout ce qui venait de se passer sous leurs yeux. Il a vite fallu abandonner nos espoirs. J’ai vu des trains arrêtés en rase campagne puis attaqués par les bandes de la NSZ. Ils volaient les bagages, battaient et tuaient les Juifs qui étaient descendus des wagons après que les Polonais eurent crié : « Officiers soviétiques et Juifs, sortez, quittez le train ». Il faut rappeler que ces fascistes polonais résistaient contre la présence de l’armée soviétique et la prise de pouvoir par les staliniens locaux rentrés de Moscou. L’animosité envers les Russes était très forte à ce moment-là. Les Juifs étaient fusillés sur place. Les Russes on les emmenait ailleurs. Pour en faire quoi ? Nous ne l’avons jamais su, mais je ne pense pas qu’il y ait eu des représailles de la part de l’Armée rouge, du moins pas à ma connaissance.
La première réaction de ceux qui, comme moi, avaient échappé aux attaques de trains, ces massacres de la liberté, consistait à retourner dans leur ville ou dans leur village à la recherche des membres de la famille dont ils avaient été séparés. Ils ne retrouvaient personne. Tous avaient été exterminés.
Alors commençait la quête pour un détail, un renseignement, un souvenir. Un nouveau drame se greffait sur le premier : ici ou là, les gens retrouvaient leurs meubles, un objet ayant appartenu aux parents, une voiture d’enfant… chez le voisin d’à côté ou d’en face.
La tragédie prenait alors des proportions inhumaines pour ces rescapés, qui se rendaient peu à peu compte que les familles avaient été exterminées avec l’aide de ces nouveaux ‘propriétaires’ de biens juifs, les voisins polonais. »

Un autre témoignage du retour en Pologne précise :
« Quiconque a fait partie de ces convois vous dira que, même de nuit, les yeux fermés, il pouvait reconnaître, à la seconde près, l’instant où le train était entré en territoire polonais. Lorsqu’il ne s’agissait pas d’une attaque en règle, avec exécution de quelques gens pris au hasard pour nous faire passer l’envie de rester en Pologne, les pierres lancées contre nos wagons nous servaient de message d’avertissement. Le jour nous étendions des couvertures aux fenêtres afin de nous dissimuler au regard des paysans et aussi de nous protéger des jets de pierres. Nos convoyeurs, venus de Varsovie afin d’organiser les départs, pour nous mettre en garde, nous avaient parlé des assassinats et des attaques de trains. Nous ne voulions pas les croire. Des meurtres de Juifs après l’holocauste, cela nous semblait inimaginable. Au bout de quelques heures de voyage, nous étions fixés. Rien n’avait changé dans ce pays. Ce qui explique qu’un certain nombre de rapatriés ne sont descendus du train qui venait de l’Est que pour monter dans un autre, en partance pour l’Ouest celui-là.
Nous allions trouver sur place quelques milliers de survivants des camps. Ils nous racontèrent que les Polonais ne voulaient plus d’eux et qu’ils avaient déjà tué plusieurs centaines de Juifs avant notre arrivée. Leur peur aurait fini par être contagieuse si nous n’avions pas été dirigés à l’autre bout de la Pologne, là où l’antisémitisme – faute de Juif  – n’avait pas encore fait de victimes. »

Dans les territoires de l’Ouest de la Pologne, où se réfugient nombre de ceux qui rentrent d’URSS, se reconstitue une activité économique et renaît une vie juive, culturelle et religieuse. Dans les écoles, on apprend le yiddish, l’hébreu et le polonais. A Szczecin, un habitant sur deux est juif en mai 1946, et le yiddish devient prédominant dans les rues et sur les enseignes des boutiques. A Wroclaw, un théâtre se crée. En Basse-Silésie, les témoignages font état d’un grand calme. Yaakov Lustig, dans un entretien avec Marc Hillel raconte : « Celui qui venait de l’extérieur était surpris. Le plus extraordinaire est que les Juifs vivaient dans la plus parfaite tranquillité, comparé à ce qui se passait dans le reste de la Pologne. Certes les journaux les tenaient au courant des meurtres perpétrés par les terroristes. Ils se sentaient concernés, mais pas directement. Quand nous leur expliquions que nous nous barricadions, la nuit, par crainte d’une attaque, c’est tout juste s’ils acceptaient de nous croire. Pour eux, l’occupation était terminée et la confiance qu’ils mettaient dans un gouvernement socialiste les poussait à envisager l’avenir des Juifs en Pologne avec sérénité. D’ailleurs ils adhéraient nombreux au parti et entretenaient avec la population locale d’excellentes relations. Le miracle tenait au fait que Juifs et Chrétiens étaient logés à la même enseigne, c’est-à-dire qu’ils se partageaient un butin pris aux Allemands. Les Polonais, transplantés eux aussi, n’avaient donc aucune raison de massacrer les Juifs. »

À la différence de la Basse-Silésie et de la Poméranie au Nord (territoires allemands auparavant), la situation de la Haute-Silésie, au Sud, est plus tendue. La réinstallation des Juifs est rendue plus délicate du fait de la présence d’une forte population autochtone polonaise : dans ce territoire devenu polonais à partir de 1922, une politique de polonisation avait été menée. En 1945, des dizaines de milliers de Polonais silésiens, transplantés vers l’Est par les Allemands en 1939, emboîtent le pas de l’Armée rouge afin de rentrer chez eux, tandis que les Volksdeutsche (population allemande) sont chassés. Des Polonais d’autres régions arrivent aussi en masse. Ainsi, moins chanceux que ceux de Basse-Silésie ou de Poméranie qui ne rencontrent que des Polonais transplantés comme ils le sont eux-mêmes, les Juifs de Haute-Silésie, redevenue polonaise, sont contraints de se greffer sur une majorité de Silésiens autochtones. Mais contrairement aux districts de Kielce, Lublin, Lodz et Cracovie, les populations environnantes donnent aux survivants juifs l’impression qu’ils sont, sinon acceptés, du moins tolérés. Les Polonais de Haute-Silésie, très marqués par des siècles d’influence germanique, n’avaient pas fait preuve d’un patriotisme marqué pendant la guerre ; la résistance fut peu active et l’aide aux Juifs encore plus faible que partout ailleurs (l’extermination des Juifs, nombreux dans cette région, fut immédiate en 1939 dès l’invasion allemande). Ils ne tenaient donc pas à aggraver leur cas face au nouveau régime, et les Juifs se sont sentis plus libres de leurs mouvements. Ces régions sont plus calmes qu’ailleurs, et servent de vitrine pour les journalistes étrangers ; les incidents restent isolés. Dans un premier temps seulement.

Le 3 juin à Katowice, un train en provenance d’URSS est attaqué à la gare. Un mort, beaucoup de blessés. Mais la police intervient rapidement.

« Après cet affreux drame de la gare, d’où je suis sortie indemne, nos gens en Silésie ont commencé à partager la peur des autres. Dans la journée, ils étaient des Polonais qui participaient à la reconstruction de leur pays, la nuit ils redevenaient des Juifs qui se barricadaient à l’intérieur des maisons à plusieurs familles dans une pièce et sous la protection de quelques hommes armés. Mais nous avions très peur malgré tout. Certaines familles pliaient bagage et s’en allaient vers la frontière.
L’hostilité n’a cessé d’augmenter, à cause de l’arrivée des rapatriés d’URSS, qui se poursuivait, et de l’oppression policière qui s’abattait sur les Polonais, la police en profitant pour poursuivre les anti-communistes. La participation de Juifs à ces actions était vécue comme insupportable par les Polonais. »

À l’Ouest, le médecin responsable de l’organisation de santé et d’entraide juive OSE est assassiné chez lui. Une jeune fille de 20 ans est tuée dans le kibboutz créé à Zabrze, à 20 kilomètres de Katowice. Dans le reste de la Pologne, les agressions se développent, y compris contre des orphelinats qui regroupent les enfants rescapés.

Les départs vers la Palestine ou vers les pays occidentaux via les camps de DP (personnes déplacées) d’Allemagne et d’Autriche s’accélèrent.

Le 4 juillet 1946 a lieu le pogrom de Kielce, une petite ville située au Sud de Varsovie. Un enfant polonais avait disparu. Les Juifs sont accusés de l’avoir enfermé dans une cave, sur fond de meurtre rituel. La maison communautaire est attaquée. 42 personnes, près du tiers de la communauté des survivants, sont tuées. 20 000 Polonais y ont participé.

D’autres assassinats ont encore lieu, après ce pogrom, dans les trains qui viennent d’URSS. Des incidents surviennent partout. « À Klodzko, en Basse-Silésie, une femme parvient à répandre rapidement une rumeur inhabituelle, donc plus efficace : « Une jeune fille polonaise a été violée par un Juif ». Heureusement, la police veille. Mais aux policiers venus l’arrêter, elle déclare : « J’espérais pouvoir, à moi seule, déclencher un autre Kielce. » »

Environ 1 500 Juifs ont été tués après la fin de la guerre. 100 000 Juifs ont quitté la Pologne dans les trois mois qui ont suivi le pogrom de Kielce. Il est resté 100 000 à 120 000 Juifs en Pologne.

Sources :
Le Massacre des survivants en Pologne, 1945-1947, Marc Hillel, Plon, 1985, dont sont extraites les citations ci-dessus.
Pour une analyse de l’antisémitisme en Pologne après la guerre, voir : Fear, Anti-semitism in Poland after Auschwitz, an Essay in historical Interpretation, Jan T. Gross, Random House, 2006. L’auteur analyse la violence anti-juive d’après-guerre dans le contexte de la crise de la société après la guerre, mais aussi et surtout dans le contexte des comportements des Polonais pendant la guerre et des relations polono-juives avant la guerre.
Voir aussi : Les Voisins. 10 juillet 1941. Un massacre de Juifs en Pologne, Jan T. Gross, Fayard, 2002. L’auteur raconte le pogrom de Jedwabne, perpétré par des Polonais en 1941. Il explique comment ce sont des Polonais ordinaires, et pas seulement une poignée de salauds, qui massacrèrent. Les Juifs conduits dans la grange qui allait être incendiée virent des visages familiers, des voisins. Jan Gross dit : « Il existait une dynamique autonome des relations entre Juifs et Polonais dans le cadre des contraintes imposées par les occupants. Il est des choses que les gens auraient pu faire à l’époque et dont ils se sont abstenus ; il en est qu’ils n’étaient pas tenus de faire et qu’ils ont néanmoins faites. » Dans ce village après la guerre, des Polonais ont été menacés et frappés pour avoir secouru des Juifs ; certains ont demandé à rester dans l’anonymat, au lieu d’être reconnus comme Justes.

1. NSZ : Narodowe Sily Zbrojne, Forces armées nationales ; NZW : Narodowe Zjednoczenie Wojskowe, Association militaire nationale. Certains groupes de combat contre les Allemands se maintiennent après la guerre et combattent les « indésirables », désormais les communistes et les Juifs.

2. AK : Armia Krajowa. Actuellement, des historiens polonais commencent à faire et à publier des travaux sur le rôle de l’AK dans les assassinats de Juifs après la guerre.

unlivredusouvenir.fr/pogroms.html

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ISRAEL

Les Juifs français et en Europe ont un Devoir Sacré à manifester la Solidarité juive pour ces restes Juifs polonais traumatisés déjà de la Shoah et ses suites pogroms…alors qu’encore ils sont menacés par cette Loi contestée et provoquant en Pologne des pogromes antisémites actuellement…
Et car déjà vu,
ces Conclusions de Leçons anciennes:
Ier*/Persécutions antisémites faites par Polonais abusés par branche Religion romaine- Nazie/coloniale criminelle avec ses services Nazis/partis politiques… Dont, il ne faudra pas oublier leur ces « Leçons cruelles » ni ces histoires véridiques de Shoah comme vu px.: à Jedwabne où des centaines victimes martyrs Juifs, familles, femmes, enfants, âgées, sont tous enfermés et assassinés vivres par les tortures en feux… Alors que, tous ces cruels exécuteurs les encerclent de l’extérieur de cet bâtiment en bois… Vu, tous ces monstres sans pitié ils sont d’une origine population déshumanisée, antisémite qui est « éduquée » et poussée par cette église romaine coloniale des prêtres démons, nazis, pervers, pédophiles, prestidigitateurs avec ses partis politiques Nazis et parmi eux cet Nazi/polonais (Nazi-onale en italien, National-ibus en latin, Nationale en français)… Vu, selon, ces rapports, juridiques, archives, les Nazis-allemands ne sont pas encore venus là-bas à Jedwabne en sa cette année-là monstrueuse …

IIe*/Allemagne d’abord a était exigée de reconnaitre ses Nazis/crimes hitlériens (ces impardonnables) Puis, la France, comme à elle, elle a assumé ces Crimes antisémites et complicités de la Shoah Nazie, faites par ses collabos de/gouvernement Nazi/français de l’État de Vichy »… Mais vu jusqu’à-là, toutes leurs ses corrections morales ses processus ne sont pas encore complétés ni achevés, et car, elles sont encore perturbés, par ces actuelles invasions faites par l’Islam-radical, terroriste, anti-français, anti-sémite, anti-européen, anti-américain etc. et de celui sont nommé ses Nazis-islamistes (après ses barbaries sur Bataclan et Paris). Car, l’Islam-radical comme toutes ses autres branches est d’origine en soi-même d’un Nazi-Islam colonisant par ses Armées terroristes et ses Barbaries vu comme px. sur les Balkans, l’Hongrie etc. faites par ces Nazis-islamistes /turques ottomans ainsi sur d’autres pays, (y compris sur les terres patrimoines Juifs ainsi à Jerusalem, Bet-EL /Bethléem, Hébron etc., et en Afrique de Nord etc. Alors que tout ceci Islam n’est pas une nation, mais une religion usurpatrice d’une Loi divine Judéo-chrétienne (vu, Réf. T-Bible) alors qu’elle-est mal interprétée, déformée et abusée avec préméditation pour coloniser et enfermer dans ses esclavages ou exterminer tous les autres… Alors vu, qu’encore, des « médias français » « défendent » celle-ci fausse (et coupable) contre des « islamophobies » alors que c’est ne pas une « race humaine », mais encore une idéologie ainsi sexiste avec ses dominations masculines et polygames… Vu, alors que, tous leurs ses crimes, sont interdits totalement par la Loi française et européenne etc. et de Code civil, Pénal, Constitutions, Conventions /C.E.D.H. etc.

Marie

Toute l’Europe chrétienne a participé au massacre, pillage, délation cintre leurs citoyens juifs mais peu après la guerre et la Plogne est un de ces pays qui a massacre leurs voisins juifs et se sont emparés de leurs biens en volant ,violant. tuant sans la moindre pitié
Aucun autre pays n’a été aussi meurtrie que la Pologne apres la guerre Mais ces pays chrétiens ont tous été complices des allemands pour les aider pour cette abominable solution finale
Il y a aussi un lien entre le Vatican et ces crimes dans les pays chrétiens : l’église et le temple protes surtout pour ce dernier en Allemagne, Hollande et pays scandinaves et baltes ont tué des juifs pour la gloire des églises pour se débarrasser de ce peuple élu et c’était une occasion inespérée
J’accuse le Vatican et les églises protestantes d’avoir donné des ordres à ces pays complices pour tuer les juifs pour que le christ et la nouvelle religion triomphe
Les polonais ont succédé à l’Allemagne apres la guerre dans les meurtres des polonais juifs et même si le nombre de juste est de 6700 la terre polonaise est imprégnée du sang des juifs tués par les cathos polonais
Honte à la Pologne de devenir un pays négationniste qui tourne le dos à la vérité et au pardon d’avoir ete d’abord complice de l’Allemagne puis pays meurtrier qprés la guère
C’est un pays qui me dégoûte

yacotito

Si c’est moi que vous visez avec votre reponse, sachez:
Les victimes juives de l’antisémitisme polonais étaient déjà nombreuses depuis 1944.
Au-delà des meurtres individuels, le premier pogrom a lieu à Cracovie en août 1945 : attaques de synagogues, de centres communautaires et d’appartements, assassinats. Dans toute la région, qui accueille des Juifs d’autres lieux, les exactions se multiplient. Elles s’étendent à toute la Pologne.
La tragédie prenait alors des proportions inhumaines pour ces rescapés, qui se rendaient peu à peu compte que les familles avaient été exterminées avec l’aide de ces nouveaux ‘propriétaires’ de biens juifs, les voisins polonais.
Les assassinats dans les trains se répandent. En mai 1946, alors que les rapatriements s’accélèrent, le Comité central de Varsovie a établi une liste de près d’un millier de morts officiellement recensés.

Je sais que parmi les polonais, certains ont sauvé des juifs au peril de leur vie pendant la guerre, mais vous ne pouvez nier les faits. Le FN en France l’a dejà fait.
Je respecte plus les Allemands d’aujourd’hui qui ont reconnu avoir une dette qu’ils ne pourront jamais honorer envers mon peuple et qui aident Israel, que ceux qui se cachent derriere des chiffres et essaient de travestir la verité.

yacotito

qu’y a t-il a dialoguer. on crache sur quelqu’un puis on essaie de lui faire admettre que ce n’est rien, juste un malentendu ?

yacotito


Si c’est moi que vous visez avec votre reponse, sachez:
Les victimes juives de l’antisémitisme polonais étaient déjà nombreuses depuis 1944.
Au-delà des meurtres individuels, le premier pogrom a lieu à Cracovie en août 1945 : attaques de synagogues, de centres communautaires et d’appartements, assassinats. Dans toute la région, qui accueille des Juifs d’autres lieux, les exactions se multiplient. Elles s’étendent à toute la Pologne.
La tragédie prenait alors des proportions inhumaines pour ces rescapés, qui se rendaient peu à peu compte que les familles avaient été exterminées avec l’aide de ces nouveaux ‘propriétaires’ de biens juifs, les voisins polonais.
Les assassinats dans les trains se répandent. En mai 1946, alors que les rapatriements s’accélèrent, le Comité central de Varsovie a établi une liste de près d’un millier de morts officiellement recensés.

Je sais que parmi les polonais, certains ont sauvé des juifs au peril de leur vie pendant la guerre, mais vous ne pouvez nier les faits. Le FN en France l’a dejà fait, et si vous me permettez un doux euphémisme, c’est pas très glorieux.
Je respecte plus les Allemands d’aujourd’hui qui ont reconnu avoir une dette qu’ils ne pourront jamais completement honorer envers mon peuple et qui aident Israel, que ceux qui se cachent derriere des chiffres et essaient de travestir la verité.

Ratfucker

6.700 Justes polonais pour 3 millions de Juifs. 4.200 Justes français pour 300.000 Juifs.