Trente trois ans après l’attentat, l’impact des balles est toujours visible sur la devanture. Mais en 2010, Goldenberg est remplacé par un magasin de vêtements et la plaque commémorant l’attentat a disparu. Suite à une demande formulée par l’association Europe Israël, une nouvelle plaque a été posée par la mairie de Paris le 29 juin 2011.

C’est à l’heure de la pause déjeuner, le lundi 9 août 1982, qu’un groupe (de deux à quatre hommes, selon différents témoignages contradictoires, masqués et armés de pistolets mitrailleurs) d’hommes descend d’une voiture blanche et fait irruption dans le restaurant de Jo Goldenberg, en plein Marais.

À cette heure d’affluence, une cinquantaine de clients se trouvent à table. Après avoir lancé deux grenades, mitraillé clients et employés, le commando traverse le quartier, surnommé le Pletzl (où vit une forte communauté juive), en tirant dans la foule. En moins de trois minutes, l’attentat fait six morts et vingt-deux blessés.

Quand la fusillade a éclaté, Marc Goldenberg, le fils de Jo, a pris un fusil à pompe qui restait dans l’appartement du premier étage au-dessus du restaurant.

En face de lui, sur le trottoir, un homme se précipite un pistolet à la main. Le prenant pour un terroriste venu finir le travail, Marc, paniqué, tire une balle mortelle sur l’homme qui se révèle être un inspecteur en civil du commissariat du quartier qui venait s’assurer qu’il n’y avait plus de tueur dans le restaurant. Marc Goldenberg, emmené par les policiers, est relâché quelques heures plus tard sans être inquiété, le fils du restaurateur ayant tiré alors qu’il se croyait en état de légitime défense.

Aucune organisation n’a revendiqué l’attentat.

Les services de police et de renseignements chargés de l’enquête ont tout d’abord soupçonné le Fatah, Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal — un groupe palestinien dissident de l’OLP. Les douilles retrouvées sont en effet celles tirées par un PM Wz 63 de fabrication polonaise, « signature » de ce groupe. Cependant une chose demeurait surprenante : Abou Nidal revendique toujours ses actions ; or, il contesta avoir été l’instigateur de la fusillade.

En octobre 2008, l’enquête rebondit grâce à un documentaire de Thierry Vincent diffusé sur Canal+. Dans ce documentaire qui s’appuie sur la contre-enquête minutieuse et étayée d’un ancien officier des Renseignements généraux, ce dernier met en évidence la venue à Paris le en provenance d’Allemagne via Metz, de deux terroristes « néonazis », Odfried Hepp et Walter Kexel.

Le premier, ayant suivi des entraînements para-militaires dans certains camps radicaux palestiniens, travaille activement, depuis avril 1982, pour la Stasi. Les deux terroristes recherchés par la police allemande pour de multiples attentats ont été identifiés à Metz (Moselle) chez un nazi notoire le 7 août au soir. De plus les portraits robots correspondent assez à la description des témoins (type européen, âge, etc.). Odfried Hepp, toujours vivant, ancien membre du FLP (Front de libération de la Palestine), ancien agent de la Stasi, reconnaît dans le documentaire que son acolyte (suicidé depuis) peut très bien en être l’auteur.

Trois ans plus tard, en novembre 2011, l’enquête subit un revirement de situation avec l’annonce de l’identification des auteurs de la fusillade par le juge Marc Trévidic grâce à des témoignages d’anciens membres du Fatah. Il s’agit de deux hommes membres d’un commando du Fatah réfugiés depuis en Jordanie, pays d’où ils ne peuvent être extradés.

En février 2015, des mandats d’arrêt internationaux sont délivrés contre trois hommes soupçonnés d’avoir participé à l’attentat. Ces trois hommes vivent en Cisjordanie, en Jordanie et en Norvège. La prescription de trente ans courant à partir du dernier acte d’enquête, la moindre audition de témoin relance d’autant la procédure judiciaire9. Toutefois, l’obtention de l’extradition des suspects paraît difficile sauf si la Norvège enclenchait à l’encontre de son ressortissant une procédure de déchéance de nationalité.

Le 1er juin 2015, le cerveau présumé de ces attentats, Zouhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi, alias « Amjad Atta » est interpellé en Jordanie, 32 ans après les faits, il est alors âgé de 62 ans. Il est toutefois relâché sous caution avec interdiction de quitter le territoire jordanien, en attendant une décision quant à son extradition.

En marge de l’attentat

En réaction à la fusillade, le président de la république François Mitterrand annonce qu’il confie la direction de l’enquête à la cellule antiterroriste de l’Élysée. La cellule est dirigée par le patron du GIGN, Christian Prouteau, et son adjoint est le capitaine Paul Barril.

Le 28 août 1982, Barril interpelle les poseurs supposés de la bombe de la rue des Rosiers : des nationalistes irlandais. C’est le début de l’affaire des Irlandais de Vincennes, dans laquelle Paul Barril est soupçonné d’avoir apporté lui-même les pièces à conviction, armes, explosifs et documents compromettants.

Zouhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi (à droite) est soupçonné d’être le logisticien de l’attentat contre le restaurant Jo Goldenberg qui avait fait six morts et vingt-deux blessés graves en 1982, rue des Rosiers à Paris (ci-contre).

Zouhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi (à droite) est soupçonné d’être le logisticien de l’attentat  (ci-contre). (LP/Thierry Besnier.) (Document TF 1.)

Dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de la rue des Rosiers, le parquet de Paris a confirmé, mercredi 4 mars 2015, la délivrance de trois mandats d’arrêts internationaux contre trois Palestiniens résidant en Jordanie, en Norvège et à Ramallah (Cisjordanie).
Ces trois individus sont des membres présumés du Fatah-Conseil révolutionnaire, ou groupe Abou Nidal, mouvement dissident de l’Organisation de libération de la Palestine, à l’origine de plusieurs attentats aveugles dans les années 1970 et 1980.

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