Royaume-Uni : Theresa May a perdu son pari électoral à haut risque

VIDÉO – Les conservateurs ont perdu leur majorité absolue au Parlement britannique après les législatives. Les travaillistes de Jeremy Corbin, qui a appelé la première ministre à démissionner, gagnent 37 sièges selon une projection. Un échec personnel pour May qui comptait renforcer sa majorité avant les négociations sur le Brexit.

De notre correspondant à Londres

Theresa May a perdu son pari de conforter sa majorité au Parlement britannique. Les conservateurs sont en tête du scrutin mais ont perdu une quinzaine de sièges, tandis que l’opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, selon ces résultats quasi finaux. Une projection réalisée par la BBC attribue au Parti conservateur 318 sièges à la Chambre des communes, huit de moins que la majorité absolue. Ils en avaient 330 dans l’assemblée sortante. Il resterait le premier parti mais ne détiendrait donc pas la majorité absolue placée à 326 sièges, sur un total de 650. Sa capacité à former un gouvernement stable serait mise à l’épreuve et le sort de la première ministre serait rapidement scellé après cette magistrale contre-performance. Déjà, Theresa May est pressée de démissionner.

Les travaillistes, sous la houlette de Jeremy Corbyn, décrocheraient 262 sièges soit un gain de 30 supplémentaires.

Largement réélu dans sa circonscription du nord de Londres, Jeremy Corbin a estimé que sa campagne électorale «positive» avait «changé la politique, pour le meilleur», et appelé May à la démission. «Elle a perdu des sièges conservateurs, perdu des voix, perdu le soutien et la confiance. C’est assez pour qu’elle parte et laisse la place à un gouvernement vraiment représentatif», a-t-il déclaré. May, reconduite elle aussi dans sa circonscription de l’ouest du pays, s’est contenté d’affirmer que «quels que soient les résultats», son parti «assurer(ait) la stabilité» dont «le pays a besoin».

Jeremy Corbyn a estimé que sa campagne électorale «positive» avait «changé la politique, pour le meilleur».

Pour le parti travailliste, c’est une remontée remarquable alors qu’il avait démarré la campagne, il y a seulement sept semaines, avec vingt points de retard sur les conservateurs. Le leader très à gauche du Labour aura donc accompli un retour en force spectaculaire. Il sera en mesure, non seulement de s’accrocher à son poste de chef de l’opposition – alors que de nombreux élus de son camp cherchent à lui faire la peau depuis longtemps – mais peut-être aussi à s’imposer comme faiseur de roi. Les conservateurs, qui devaient à tout prix ravir un nombre important de sièges détenus par le Labour, n’ont donc visiblement pas rempli l’objectif. C’est même l’inverse qui s’est produit.

Autres gagnants du scrutin, les centristes du Parti libéral-démocrate obtiendraient quatre sièges supplémentaires (soit un total de 13). À l’inverse, après son succès au référendum sur le Brexit, le parti europhobe Ukip (United Kingdom Independence Party) s’effondrerait, sans aucun député.

Recul des nationalistes écossais

Enfin, les estimations montraient un recul très sensible et imprévu de l’hégémonie du Parti nationaliste écossais (SNP) qui ne détiendrait plus que 35 sièges (contre 54 auparavant) sur les 59 circonscriptions écossaises. Si ce résultat se confirme, ce serait un désaveu cinglant pour la first minister Nicola Sturgeon et son projet de nouveau référendum sur l’indépendance. L’ex-leader du parti, Alex Salmond, a été battu comme le numéro deux actuel, Angus Robertson.

Même sans majorité, les conservateurs vont tenter de former un gouvernement minoritaire. «Le parti qui a le plus de sièges a le droit automatique de former un gouvernement et de le soumettre à la confiance de la Chambre des communes», explique Patrick Dunleavy, professeur de sciences politiques à la London School of Economics (LSE). Ils pourront compter sur le soutien d’une poignée de députés unionistes irlandais (les projections leur donnent 10 sièges), qui permettront de faire l’appoint. Il est peu probable de voir à ce stade émerger une coalition entre le Labour, les libéraux-démocrates et les nationalistes écossais. À plus long terme, s’il se confirme, cet échec personnel de Theresa May risque de signifier que ses jours à Downing Street sont comptés. Elle devrait expédier les affaires courantes jusqu’à ce que les conservateurs décident d’une alternative. Dans la nuit, Anna Soubry, une ex-ministre issue des rangs des Tories, a estimé que May devait «réfléchir» à son avenir après une campagne «horrible» du camp conservateur. Quant à George Osborne, ministre des Finances de David Cameron de 2010 à 2016, le «hard Brexit» est «à la poubelle» et May aura été «un des plus brefs premier ministre» de l’histoire britannique.

Les marchés financiers ont accusé le choc face à la surprise. La livre sterling a décroché de 1,7 % après la publication des estimations.

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