Une célébration de la création
Un aspect du service de Roch Hachana ne cesse de m’émerveiller.
Roch Hachana est l’anniversaire de la création. Hayom harat olam , nous disons dans nos prières : « Aujourd’hui, le monde est né. » À quoi alors – si nous ne connaissions rien des prières – nous attendrions-nous à trouver comme lectures bibliques du jour ?
Mon vote serait simple. De la Torah, l’ouverture de Bereishit. « Au commencement Dieu a créé… » Et pour la haftarah ? Quoi de mieux que les deux derniers chapitres d’Isaïe : « Voici, je créerai de nouveaux cieux et une nouvelle terre » ?
En ouvrant le machzor, je trouvais que ma réponse était logique mais fausse. Que lit-on en effet le premier jour de la nouvelle année ? Extrait de la Torah, l’histoire de la naissance d’Isaac. Pour la haftarah , la naissance de Samuel. Deux histoires de grandes femmes – Sarah et Hannah – qui aspiraient à avoir des enfants, mais n’y parvenaient pas, et qui ont ensuite été bénies par Dieu.
Pourquoi ces deux histoires ? Magnifique, certainement. Mais quel est leur lien avec Roch Hachana ? La réponse nous en dit long sur la vision extraordinaire, humaine et contre-intuitive qui est au cœur de la vie juive.
La célèbre Mishna du Sanhédrin déclare (Steven Spielberg l’a utilisé dans son film La Liste de Schindler) qu’une seule vie est comme un univers. « Celui qui détruit une vie, c’est comme s’il détruisait un univers. Celui qui sauve une vie, c’est comme s’il sauvait un univers. La naissance d’une vie humaine est comme la naissance de l’univers. Roch Hachana est la fête de la création – et si vous voulez comprendre les implications éthiques de la création, n’étudiez pas l’astrophysique. Pensez à la naissance d’un enfant.
Au fil des siècles, le judaïsme a été la civilisation la plus centrée sur l’enfant de l’histoire. La Torah ne nous explique qu’une seule fois pourquoi Abraham a été choisi : « Afin qu’il instruise ses enfants et sa famille après lui de garder la voie du Seigneur. » Abraham a été choisi pour le bien de ses enfants.
Au bord de l’exode, Moïse rassemble le peuple et s’adresse à lui ( Exode 12-13 ). Il ne parle d’aucune des choses auxquelles on pourrait s’attendre : la liberté, le voyage, le pays du lait et du miel. Au lieu de cela, il parle trois fois des enfants : « Et tu le diras à ton enfant ce jour-là. »
Les enfants ont été les victimes de notre époque. En Occident, ils ont souffert de l’effondrement du mariage et de l’exploitation d’une culture de consommation. Au Moyen-Orient, ils ont été utilisés par les partisans du terrorisme comme couverture pour des tirs et, pire encore, comme kamikazes. Où sont passées les voix de la protestation ? Malheureusement, il y en a eu trop peu.
Il existe des cultures qui vivent dans le présent. Finalement, inévitablement, ils se perdent. Il existe des cultures qui vivent dans le passé. Soulignant leurs griefs, ils cherchent à se venger. Le judaïsme est le plus grand exemple dans l’histoire d’une culture qui, tout en célébrant le présent et en se souvenant du passé, vit pour l’avenir – et pour ses enfants.
Si je devais choisir un message juif pour le monde en ces temps tendus, je dirais : oubliez le pouvoir, l’orgueil, la violence, la vengeance, la richesse, le prestige, l’honneur, les acclamations – et posez plutôt une question : notre prochain acte fera-t-il le monde ? un peu mieux pour nos enfants ? Tel est le message de Roch Hachana – le jour où, pour comprendre l’univers, nous pensons à la naissance d’un enfant.
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Roch Hachana 5765/2004
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