Ashiq Mesih (à droite) et Eisham Ashiq, le mari et la fille d’Asia Bibi lors d’une interview, octobre 2018. ©BEN STANSALL / AFP

Risque de « troubles » islamistes: le Royaume-Uni ne voudrait pas d’Asia Bibi. Honi soit qui mal y pense de l’islam ! par Anne-Sophie Chazaud

La Grande-Bretagne n’en finit décidément pas de perdre son âme face aux conséquences délétères et prévisibles du multiculturalisme dont elle a pourtant longtemps vanté les bienfaits, au besoin en faisant la leçon à la République française, laïque, jugée trop universaliste et rigide, comme ce fut souvent le cas par exemple sur la question du port du voile.

Quelques décennies plus tard, le résultat est là : un morcellement de la société qui n’est finalement pas sans évoquer le patchwork d’un Commonwealth reconstitué sur le sol anglais.

Ce qui, après tout, évite de faire de longs voyages pour être dépaysé. Mais qui sert aussi les intérêts des communautés les plus offensives, ayant pour but non dissimulé l’instauration de la charia, laquelle fait doucement mais sûrement son entrée dans le droit britannique, en grande partie jurisprudentiel et donc volontiers ouvert aux quatre vents de coutumes massivement importées.

Peut-on « blasphémer » au Royaume-Uni ?

Dans ce contexte, le sort de la chrétienne Asia Bibi, persécutée par les islamistes au Pakistan et courageusement (il faut le souligner) acquittée par la Cour suprême du Pakistan des accusations de blasphème qui pesaient sur elle, pour avoir osé commettre le crime abominable de boire de l’eau dans le même puits que des femmes musulmanes, fait figure de révélateur, s’il en était encore besoin, pour comprendre le niveau de soumission désormais atteint par certaines sociétés occidentales face à l’islam radical et politique.

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Selon le Telegraph, les autorités britanniques redouteraient les conséquences d’un éventuel accueil d’Asia Bibi sur le sol anglais lequel aurait donc été tout simplement rejeté : menaces de troubles et problèmes de sécurité dans certaines communautés, émeutes, mais aussi risques d’attaques terroristes islamistes contre des ambassades britanniques à l’étranger.

Le pays qui organisa, en 1989, la sécurité de Salman Rushdie en pleine affaire des Versets sataniques n’est donc clairement plus en capacité d’assumer ses propres valeurs, qu’il s’agisse de la liberté d’expression ou de la simple liberté de conscience.

Puisque le seul vrai crime d’Asia Bibi est d’être chrétienne dans un pays musulman où certains, nombreux, considèrent que n’être pas musulman est une souillure.

Ne pas stigmatiser

Imagine-t-on une seule seconde la situation inverse, une personne musulmane harcelée, lynchée, menacée de mort par des foules chrétiennes car elle aurait bu dans un puits et souillé l’eau de ce puits par sa simple condition de personne musulmane ?

Imagine-t-on un pays chrétien produire en 2018 pareille abomination ? Imagine-t-on qu’une grande démocratie comme l’est la démocratie anglaise n’apporterait pas son soutien immédiat et n’offrirait pas l’asile à cette personne musulmane persécutée ?

Imagine-t-on ce qu’en diraient tous les chantres du danger de l’islamophobie, si nombreux outre-Manche, si prompts à traquer la moindre trace de discrimination prétendument islamophobe dans le discours des uns, dans les propos des autres, chassant au sein du Parti travailliste comme au sein du Parti conservateur la moindre scorie de mal-pensance prétendument islamophobe, comme si la devise anglaise « Honi soit qui mal y pense » n’avait plus de signification autre que de se ranger sous le giron de la complaisance envers l’entrisme islamiste, honi soit qui mal y pense de l’Islam ?

De la même façon qu’il aura fallu 30 ans avant que le scandale des crimes, viols, tortures, traite de femmes et de jeunes filles à Telford et Rotherham ne sorte enfin au grand jour, ne soit enfin pris en compte, ne soit enfin porté en justice, parce que pendant des décennies les services sociaux comme les services d’investigation et de justice ne voulaient pas que la communauté pakistanaise soit stigmatisée par ces révoltantes affaires et par ce qu’elles ont révélé, là aussi, la crainte d’alimenter la mystérieuse et fantasmagorique islamophobie a permis de couvrir les pires abominations et de s’aplatir devant les crimes les plus abjects visant des femmes et fillettes non musulmanes, considérées ce faisant comme n’ayant pas de valeur, considérées, certains accusés l’ont dit, comme de la viande.

Il faut dire, c’est pignon sur rue à Oxford qu’enseignait Tariq Ramadan dont on a pu mesurer ce que sa foi vibrante semble lui inspirer de respect des femmes, lui dont le frère Hani déclarait qu’une femme non voilée ne valait pas plus qu’une pièce de deux euros passant de main en main.

De qui ont peur les autorités britanniques ?

On peut par ailleurs parfaitement entendre que des islamistes dangereux s’en prendraient effectivement aux ambassades britanniques à l’étranger, comme c’est le cas à chaque fois que l’islamisme tente de faire plier les sociétés libres occidentales (affaire des caricatures, Charlie, Salman Rushdie et tant d’autres), mais comment comprendre le risque évoqué de troubles émanant de la communauté pakistanaise sur le sol britannique ?

En effet, est instamment demandé aux citoyens de ne pas amalgamer l’islam et l’islamisme, ce que chacun fait bien volontiers.
Il est à chaque fois évoqué le fait que l’islam serait une religion « de paix et d’amour ». Soit.

Mais alors, est-ce à dire qu’il y aurait sur le sol britannique une communauté extrémiste terroriste vaquant tranquillement à ses occupations à l’air libre ? Ou alors, est-ce à dire que ce ne sont pas des extrémistes qui provoqueraient des troubles communautaires hostiles à cette chrétienne martyre ? L’extrémisme serait-il donc finalement assez répandu ? Il y a dans ce double postulat soit un illogisme, soit un mensonge.

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Ainsi, dans cette honteuse pusillanimité des autorités britanniques, on voit tout le renoncement mais aussi l’hypocrisie du débat actuel sur la question islamiste.

Churchill pourrait le redire, face à ce nouveau péril obscurantiste et criminel : à vouloir éviter la guerre au prix du déshonneur, on a le déshonneur et la guerre.

Anne Hidalgo plus chrétienne que le pape

Le gouvernement français planche quant à lui sur l’accueil possible de la chrétienne persécutée tandis qu’Anne Hidalgo l’a d’ores et déjà désignée citoyenne d’honneur de la Ville de Paris.

C’est tout à l’honneur, en l’occurrence, de la maire socialiste, quand bien même on n’est pas certain que ce soit l’endroit du monde où la martyre pakistanaise serait le plus en sécurité. Mais enfin, y a-t-il un endroit sur Terre actuellement à l’abri des fous de Dieu ?

La notion d’asile, tant galvaudée et utilisée pour ce qu’elle n’est pas, retrouverait là tout son sens.

Ce serait aussi pour l’exécutif le moyen de rappeler que c’est à cela que sert la laïcité : protéger toutes les personnes, de toutes les convictions, contre l’intolérance possible de toutes les autres, sans distinction.

Et il se trouve qu’à l’heure actuelle, n’en déplaise au pape François qui ne s’est curieusement pas précipité sur cette affaire pour accueillir la martyre au Vatican et lui laver théâtralement les pieds, ce sont les chrétiens en terre d’Islam qui sont persécutés.

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alexandra

La France s’honorerait à accueillir cette jeune femme et sa famille, véritablement persécutées, plutôt que d’autres réfugiés douteux.