Rabbi Yéhouda ben Attar (1655-1733) fut l’un des grands Rabbanim du Maroc.

Il est né en 5456 (1696) dans la famille Ben Attar (originaire de l’Espagne arabe, « attar » signifiant «parfum» ou «vendeur de parfums»), et a étudié la Torah avec son grand père, dont il porte le nom, comme il le raconte dans l’introduction à son livre ‘Hefets Hachem : « J’ai étudié la Torah avec mon maître et grand-père, qui était un grand Rav, très connu, pieux et humble, Rav ‘Haïm Ben Attar de mémoire sainte et bénie, de qui en son temps j’ai bu les eaux vives. Depuis ma naissance j’ai grandi sur ses genoux, et j’ai absorbé ses paroles merveilleuses. Il était tellement pieux que je dirais presque qu’il n’a jamais dormi une moitié de nuit entière. Il passait même les nuits de Tamouz à dire des lamentations sur la destruction de la Maison de D., en pleurant abondamment comme une veuve, et il finissait la nuit en étudiant avec moi et d’autres qui, comme moi, étaient ses descendants. »( source)

A Salé, il gagnait sa vie par son travail, qui, nous dit la tradition, était le tissage de vêtements, surtout des vêtements de luxe tissés de fils d’or et d’argent.

Il étudia auprès de Rav Vidal Hatsarfati et de Rav Ména’hem Serrero. Dès l’âge de 43 ans, il siégea avec eux au Beth-Din de Fès. Orfèvre de métier, il poursuivit son activité même après avoir été nommé juge rabbinique car il refusait catégoriquement de percevoir un salaire provenant de la caisse de la communauté.

Géant en Torah, il maîtrisait de très nombreux sujets. Parallèlement, il était proche des membres de la communauté,sa maison était ouverte à tous et il était particulièrement sensible à la peine d’autrui.

De plus, il prit d’importantes décisions visant à renforcer la vie spirituelle de sa communauté mais aussi à défendre les intérêts des moins fortunés. Il institua notamment d’exiger une somme modérée pour la dot de la mariée.

Ses exposés sur la Parachat Hachavoua ont été compilés une première fois par le Rav Yaakov AbenTsour (qui lui succéda au poste de Av Beth-Din) puis, une seconde fois, par le Rav Réfaël Baroukh Tolédano.

Le 15 d’éloul de 5503 (1743), le Rav ‘Hayim arriva à Jérusalem avec son groupe. Il établit immédiatement une Yéchiva du nom de Knesset Israël et une seconde yéchiva secrète pour l’étude de la Kabbale.

Rabbi Yéhouda ben Attar décéda le 19 Sivan 1733.

Chaim ibn Attar grave.JPG

He is buried in the Jewish Cemetery on the Mount of Olives, Jerusalem, Israel.

 

Durant de nombreuses générations, les Juifs de Fès restèrent attachés à son enseignement.Un de ses nouveaux étudiants étaient le Rav ‘Hayim Yossef David Azoulai, le ‘Hida, qui à l’époque n’avait que 18 ans.

Deux récits miraculeux

Le ‘Hida rapporte qu’un jour, Rabbi Yéhouda ben Attar fut mis en prison, le temps que les responsables communautaires remettent au gouverneur le montant de la rançon exigée pour le libérer.

A cette époque, c’était une pratique courante dans les communautés orientales afin que les gouverneurs récoltent des sommes considérables de la part de la communauté juive. Néanmoins, cette fois-ci, la somme fixée par le gouverneur était trop élevée par rapport aux moyens dont disposaient les membres de la communauté.

Et, vu que l’enveloppe tardait à arriver… le gouverneur fit jeter le Rav ben Attar dans une fosse aux lions. Mais, quelle ne fut pas la stupeur des gardes face au spectacle qui s’offrait à eux !

Rabbi Yéhouda ben Attar était tranquillement assis à même le sol et était plongé dans son étude tandis que les lions restaient accroupis autour de lui. Lorsque le gouverneur en fut tenu au courant, il le libéra aussitôt et depuis ce jour-là, lui voua un profond respect jusqu’à la fin de sa vie.

 

On raconte également à propos de Rabbi Yéhouda ben Attar qu’à Tunis, un Juif et un Musulman s’étaient associés pour des affaires commerciales qui réussissaient bien au-delà de leurs espérances.

Le Juif se chargeait d’établir les comptes et le Musulman qui n’y comprenait pas grand-chose, lui faisait totalement confiance. Pendant une longue période, le non-Juif ne réclama pas sa part de bénéfices si bien que la dette du Juif ne cessait d’augmenter.

Puis, l’heure sonna où le Musulman voulut récupérer son argent mais, sachant que ce dernier n’avait aucune preuve de leur association, le Juif eut l’audace de totalement nier l’existence de leur partenariat. Le Musulman en fut terriblement affecté et ne savait pas comment récupérer son argent. Il fit alors pression sur le Juif de prêter serment au nom de Rabbi Yéhouda ben Attar que ses propos étaient véridiques.

Toutefois, sachant pertinemment que ses arguments étaient faux, le Juif refusa de jurer au nom du Tsaddik. Le Musulman se saisit de ce refus comme une stratégie unique pour récupérer son dû puisqu’il réalisa à quel point le nom de ce Tsaddik était cher aux yeux de son associé juif. Donc, il ne laissa le Juif en paix jusqu’à ce qu’il accepte de lui jurer sur la vie du Tsaddik qu’il ne lui devait pas le moindre sou.

Et, malheureusement, le Juif finit par céder aux lourdes pressions et jura au non-Juif qu’il ne lui devait rien. Le Juif rentra chez lui heureux, « libéré » des dettes qu’il avait envers son associé et organisa, à cette occasion, un grand repas de fête avec sa famille et ses amis.

Au cours du dîner, le Juif se rendit dans son cellier pour chercher du vin et en quittant son cellier, il oublia les bougies qu’il avait laissées allumées… Quelques minutes plus tard, le cellier prit feu, ses richesses partirent en fumée et sa maison fut brûlée ! Le non-Juif fut si ému du sort de son associé qu’il décida de se rendre à Fèschez Rabbi Yéhouda ben Attar pour lui offrir des cadeaux.

Après avoir raconté son histoire au Tsaddik, il lui remit des présents mais le Tsaddik refusa d’accepter quoique ce soit. Le Musulman les distribua alors aux centres d’étude juive… et, pour le restant de sa vie, ne cessa de raconter publiquement son histoire mettant en exergue la grandeur du Tsaddik et Le Nom d’Hachem se trouva ainsi sanctifié !

Yokheved Levy

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